L’HOMME INVISIBLE CONTRE LA GESTAPO (1942)

Dans cette aventure rocambolesque, l'homme invisible se transforme en agent secret et lutte contre les nazis !

INVISIBLE AGENT

1942 – USA

Réalisé par Edwin L. Marin

Avec Jon Hall, Ilona Massey, Peter Lorre, cedric Hardwicke, J. Edward Bromberg, Albert Bassermann, John Litel

THEMA HOMMES INVISIBLES I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Si l’on accepte d’oublier le roman d’H.G. Wells et L’Homme Invisible de James Whale, auprès duquel cette séquelle feuilletonesque fait forcément pâle figure, L’Homme Invisible contre la Gestapo offre l’intérêt d’être extrêmement divertissant. Après Claude Rains, Vincent Price et Virginia Bruce, c’est au comédien Jon Hall que revient l’honneur d’être le nouvel homme invisible. Cette fois-ci, le scénario de Curt Siodmak s’efforce de retracer le lien avec Jack Griffin, puisque notre héros se nomme Frank Griffin et n’est autre que le petit-fils du célèbre savant. Ayant précieusement conservé le sérum de son ancêtre, il décide de le mettre à profit après l’attaque de Pearl Harbor et se mue en agent secret aux pouvoirs de dissimulation uniques au monde. 

Cette quatrième variante des studios Universal sur la thématique de l’invisibilité s’inscrit ainsi dans la vogue des comic books des années 40 où les super-héros comme Captain America, Wonder Woman ou Superman cassaient volontiers du nazi pour remonter le moral des troupes. Notre agent invisible est parachuté en Allemagne, fait équipe avec la belle espionne Maria Sorenson (Ilona Massey) qui œuvre dans le dos de son petit ami, et se heurte à un espion japonais qui répond au nom de Baron Ikito. Incarné par Peter Lorre, dont le visage inquiétant et les lunettes rondes inspireront l’un des méchants des Aventuriers de l’Arche Perdue, cet archétype du péril jaune nous offre quelques improbables répliques comme : « le déclin de l’Occident n’est jamais plus apparent que dans ce sentimentalisme puéril qu’éprouvent les hommes blancs pour leurs femmes » ! 

Un émule de Captain America, Wonder Woman et Superman

L’aventure mouvementée, sur fond de guerre et d’espionnage alors en pleine actualité, a complètement supplanté le drame humain du premier film et de sa séquelle, le scénario n’hésitant jamais à saupoudrer les péripéties d’humour et à cultiver le comique de situation. D’ailleurs, sans doute en référence au final du Retour de l’Homme Invisible, tous les fâcheux effets secondaires de la formule d’invisibilité de Jack Griffin se sont ici évaporés. La monocaïne n’engendre plus aucun trouble psychologique, et l’invisibilité n’est plus irréversible. Nous sommes finalement plus proches, dans le ton, de La Femme Invisible qu’Edward Sutherland réalisa l’année précédente. Avec L’Homme Invisible contre la Gestapo, la porte s’ouvrait donc aux séries télévisées qui allaient à leur tour exploiter le filon sous le mode de l’aventure teintée de comédie. Les effets spéciaux de John P. Fulton n’offrent plus l’effet de surprise (d’autant que quelques fils sont visibles à l’écran, notamment celui qui soulève le téléphone), mais nous avons tout de même droit à quelques scènes étonnantes, comme le déshabillage en plein saut à parachute, le bain moussant ou la scène de maquillage à base de crème pour le visage. A l’avenant de la prestation caricaturale de Peter Lorre, Sir Cedric Hardwicke est savoureux sous l’uniforme du chef de la gestapo, le réalisateur Edward L. Marin s’amusant de surcroît à parodier le salut nazi tout au long du métrage.
 
© Gilles Penso

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