URBAN LEGEND (1998)

Dans la foulée de Scream et Souviens-toi l'été dernier, ce slasher tente maladroitement d'exploiter un concept tiré par les cheveux

URBAN LEGEND

1998 – USA

Réalisé par Jamie Blanks

Avec Alicia Witt, Tara Reid, Rebecca Gayheart, Jared Leto, Joshua Jackson, Brad Dourif, Loretta Devins, Robert Englund

THEMA TUEURS

Scream et Souviens-toi l’été dernier ayant redoré le blason du psycho-killer avec succès, tout Hollywood fut tenté d’apporter sa pierre à l’édifice, dans l’espoir d’en tirer de coquets bénéfices. Etant donné que les deux films pré-cités marchaient sur les traces de La Nuit des Masques et Le Bal de l’Horreur, il fallait trouver une manière de surprendre le public en élargissant le champ des sources d’inspiration. Le scénariste Silvio Horta et le réalisateur Jamie Blanks, s’attaquant chacun pour la première fois à un long-métrage, s’efforcèrent donc d’y intégrer l’idée d’une vengeance méthodique obéissant à un schéma prédéfini. En la matière, les exemples les plus prestigieux sont probablement L’Abominable Docteur Phibes et Théâtre de Sang, dont les meurtres spectaculaires reproduisaient respectivement les dix plaies d’Egypte et les assassinats imaginés par Shakespeare. Visiblement incapable de trouver une idée aussi limpide que ces deux shockers mettant en vedette Vincent Price, Horta et Blanks se sont orientés vers les légendes urbaines, ces petites histoires terrifiantes qui se répandent comme la rumeur sans que personne n’ait jamais pu les prouver.

Le scénario d’Urban Legend prend ainsi place en Nouvelle-Angleterre, dans l’Université de Pendleton, dont le cours préféré des étudiants concerne justement ces mythes contemporains. Le professeur Wexler, qui enseigne cette matière hors norme, est interprété par Robert Englund en personne, plus connu sous le feutre usé et le maquillage boursouflé de Freddy Krueger. L’une des légendes les plus en vogue concerne l’université elle-même, dans laquelle un professeur fou aurait assassiné six étudiants 25 ans plus tôt. Les élèves les plus assidus de ce cours atypique sont la belle Natalie (Alicia Witt), sa meilleure amie Brenda (Rebecca Gayheart), le fêtard Parker (Michael Rosenbaum), l’apprenti-journaliste Paul (Jared Leto) et la DJ branchée Sasha (Tara Reid). L’ambiance sitcom étant établie et les principaux protagonistes étant présentés au public, le drame peut s’amorcer. Il prend la forme d’un tueur encapuchonné qui décime le campus à coup de hache, s’inspirant des fameuses légendes urbaines.

Clichés en série

Le concept s’avère plutôt bancal, à tel point que les protagonistes se voient obligés de le réexpliquer régulièrement, pour que le spectateur puisse en saisir la mécanique. Pour le reste, tout n’est que routine, les mignons étudiants servant de chair à pâté au serial killer tandis que le mystère s’épaissit et que les suspects se multiplient. Les protagonistes entrent dans des pièces sombres sans prendre la peine d’allumer la lumière, les voitures refusent désespérément de démarrer au moment où on en a le plus besoin, les chats entrent dans le champ en miaulant pour faire sursauter le spectateur, les téléphones sonnent avec stridence… Bref, rien de bien neuf à l’horizon, hélas. Le meilleur moment d’Urban Legend est probablement son prologue, qui fonctionne presque comme un court-métrage autonome. La mise en scène y est habile, les comédiens convaincants (l’excellent et trop rare Brad Dourif en tête), et la chute redoutablement efficace. Dommage que le reste du film ne soit pas à l’avenant.

 

© Gilles Penso

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