MEGA SHARK VERSUS CROCOSAURUS (2010)

Le Mégalodon qui affrontait jadis une pieuvre géante combat désormais un gigantesque crocodile aussi vorace que lui

MEGA SHARK VERSUS CROCOSAURUS

 

2010 – USA

 

Réalisé par Christopher Ray

 

Avec Jaleel White, Gary Stretch, Sarah Lievieng, Robert Picardo, Gerald Webb, Dylan Vox, Hannah Cowley, Michael Gaglio

 

THEMA MONSTRES MARINS I REPTILES ET VOLATILES I SAGA MEGA SHARK

Mega Shark Versus Giant Octopus n’était pas un film très folichon, mais il parvint à satisfaire les ambitions somme toute très modestes de la compagnie The Asylum. Suffisamment en tout cas pour générer une séquelle qui n’entretient que très peu de rapport avec le premier film et dont l’ensemble de l’équipe a d’ailleurs été remplacé des deux côtés de la caméra. Succédant à Jack Perez, Christopher Ray assure la mise en scène de ce second opus. Déjà signataire de quelques productions du même acabit (Reptisaurus et Megaconda), il est aussi connu pour être le fils de Fred Olen Ray, lui-même réalisateur d’une multitude de films de genre à tout petit budget. Ainsi, à part une poignée de clins d’œil destinés aux initiés les plus attentifs (une affiche dédicacée de la chanteuse Deborah Gibson qui jouait dans le film précédent, un poster asiatique de Mega Shark Versus Giant Octopus sur la façade d’un cinéma), seul le requin géant assure un mince lien entre les deux longs-métrages.

Envoyé par le fond par son adversaire tentaculaire, le Mégalodon est donc toujours vivant et plus vaillant que jamais. Repéré par un bateau de guerre, il effectue de gracieux sauts périlleux au-dessus du navire et détruit tout à coup de queue. Seul survivant du naufrage, le lieutenant McCormick (Jaleel White), qui est justement un spécialiste des requins, veut prendre sa revanche sur le squale qui a provoqué la mort de sa fiancée. C’est donc une variante bon marché du capitaine Achab de « Moby Dick ». Un malheur n’arrivant jamais seul, un crocodile aussi gros qu’un diplodocus surgit d’une caverne au Congo, semant la panique parmi les employés d’une mine de diamants (cinq ou six figurants armés de pioches) et dévorant tous ceux qui passent à portée de croc. Mix low-cost entre Indiana Jones et Crocodile Dundee, le chasseur de fauves Nigel Putnam (Gary Stretch, ex boxeur et mannequin vaguement reconverti au métier d’acteur) est alors sollicité pour capturer et tuer le méga-croco.  Il y parvient momentanément grâce à une arme tranquillisante et le fait transporter sur un bateau avec ses œufs. Mais le giga-requin passe soudain à l’attaque et permet au uber-croco de s’échapper. Les deux monstres étant dans la nature, le spécialiste des squales et l’expert en sauriens se retrouvent embarqués dans la même mission, le scénario tentant maladroitement de jouer la carte de la rivalité virile entre les deux hommes, sous les yeux exaspérés d’une militaire dure à cuire incarnée par Sarah Lieving.

Crocodile pondeur et requin atomique

Toutes les composantes du film précédent sont de la partie : images de synthèse catastrophiques, réutilisation inlassable des mêmes boucles d’animation, stock-shots de bateaux militaires, personnages carnavalesques et séquences d’action impensables (le requin n’en finissant plus de s’envoler pour éviter les torpilles, gober les sous-marin ou faire exploser les avions de chasse). Mais il faut reconnaître que ce second opus est plus distrayant, mieux rythmé et moins répétitif que son prédécesseur, multipliant les rebondissements délirants et ne reculant devant aucune démesure. Témoin cette scène épique involontairement comique dans laquelle les deux héros courent au ralenti sur la plage, arme au poing, au son d’un Carmina Burana du pauvre, tandis que les vagues éclaboussent l’arrière-plan et que le croco numérique géant s’agite devant eux. Le combat entre les deux titans finit par provoquer des raz de marée à Panama, et la situation se corse lorsque des milliers d’œufs du croco éclosent et qu’une horde de sauriens menace d’attaquer Santa Monica. Comme si ça ne suffisait pas, le Mégalodon avale un sous-marin équipé d’une bombe atomique et se transforme dès lors en monstre nucléaire ! Seul visage familier du casting, Robert Picardo (acteur fétiche de Joe Dante) joue ici un amiral autoritaire, un rôle caricatural indigne du talent de celui qui nous terrifia en loup-garou dans Hurlements et nous fit hurler de rire en cowboy dans L’Aventure intérieure.

 

© Gilles Penso

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