Des créatures tentaculaires à la Lovecraft et toutes sortes de mutants hybrides s'agitent dans ce premier long-métrage décomplexé
DEAD SHADOWS
2012 – FRANCE
Réalisé par David Cholewa
Avec Fabian Wolfrom, Blandine Marmigère, Gilles Barret, Rurik Sallé, John Fallon, Baya Rehaz
THEMA MUTATIONS
Le cinéma de genre en France n’a jamais connu son heure de gloire. Notre pays étant bien trop cartésien pour laisser aller son imagination, la majorité des réalisateurs préférent mettre en scène des comédies lourdingues ou des faits divers qu’on voit sans cesse au journal télévisé. Une poignée d’irréductibles tente toutefois de ne pas se laisser brider et oeuvre pour un cinéma différent, marginal. Principal problème rencontré par ces talentueux réalisateurs : le financement de leur projet. Peu de producteurs mettent la main au panier, surtout quand le projet est un “film de genre”, et encore plus quand il s’agit du genre horreur/fantastique/science-fiction, le succès en salles n’étant quasiment jamais assuré sur notre territoire. Heureusement, il reste les ventes à l’étranger où le cinéma de genre hexagonal cartonne bien plus que chez nous et rencontre un réel succès. C’est d’ailleurs grâce aux préventes à l’étranger que David Cholewa a pu assurer le tournage de Dead Shadows. Prévu au départ comme un court-métrage, ce jeune metteur en scène passionné de cinéma de genre a vendu son projet à l’export via une belle affiche, un scénario et un teaser avant même que le film soit tourné ! Avec un budget microscopique avoisinant les 150 000 euros, Dead Shadows a donc pu voir le jour, avec 20 jours de tournage et plus d’un an de post-production.
Si le manque d’argent se fait ressentir, si le film n’est pas exempt de nombreux défauts (passée l’excellente scène d’introduction, les quarante minutes suivantes m’ont parues interminables), on sent un réel investissement de la part du réalisateur et de son équipe. La première séquence mettant en scène les fameux tentacules lovecraftiens est juste énorme et verse dans une ambiance érotico-horrifique et un mauvais goût assumé qui risque de marquer les esprits. Une fois les quarante premières minutes laborieuses derrière nous, Dead Shadows prend ses marques et gagne en rythme, en intensité, en intérêt. L’action se fait plus énergique, les bastons à grand coup de batte de baseball ou de fusil à pompe sont légion, le côté fun et décomplexé de l’entreprise fonctionne à plein régime.
Femme-arachnide et tentacules envahissants
Les effets de maquillage sont superbes, dus à David Scherer, et les mutants sanguinolents, purulents et liquéfiants assurent le spectacle. Les effets numériques ne sont pas en reste et s’associent parfaitement bien avec les acteurs de chair et d’os : une main tentaculaire se forme sur le bras de Rurik Sallé (excellent dans son rôle de truand de quartier ringard), le héros se retrouve enlacé par une femme arachnide de toute beauté qui nous évoque l’univers des jeux vidéo Silent Hill ou Evil Within, des tentacules sortent des bouches d’égout. On s’amuse enfin autant que les acteurs et on se dit qu’au final, Dead Shadows aurait certainement bien mieux fonctionné en tant que court ou moyen-métrage et que ce format long métrage de 74 minutes ne lui convient pas vraiment. L’impression de visionner un film fait entre potes se faisant bien trop ressentir. Dommage.
© Stéphane Erbisti
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