Des tiques ayant muté suite à l'absorption de stéroïdes anabolisants s'en vont agresser des adolescents en pleine campagne…
TICKS
1993 – USA
Réalisé par Tony Randel
Avec Rosalind Allen, Ami Dolenz, Seth Green, Virginya Keehne, Ray Oriel, Alfonso Ribeiro, Peter Scolari, Dina Dayrit, Barry Lynch
THEMA INSECTES ET INVERTEBRES
« J’ai écrit le scénario original de Ticks au début des années 70 », nous raconte l’as des effets spéciaux Doug Beswick. « Il aura donc fallu vingt ans avant que le film ne se fasse. » (1) Un groupe d’adolescents parti à la campagne découvre un laboratoire de stéroïdes anabolisants installé dans une vieille cabane. Lorsqu’ils renversent par accident un des récipients, son contenu se déverse sur un nid de tiques. Celles-ci voient dès lors leur taille et leur force augmenter… A priori, le sujet ne déborde pas de nouveauté. Le choix des tiques témoigne certes d’une certaine originalité, mais leur rôle reste strictement identique à celui des habituels insectes mutants. A la place de l’atome ou des manipulations génétiques, les scénaristes ont opté pour des mutations dues à l’usage de stéroïdes dans des champs de marijuana. Pourquoi pas ? Mais, une fois de plus, ce n’est pas de ce côté qu’il faut chercher la nouveauté. L’intérêt que suscite spontanément Ticks provient principalement de ses personnages. Contrairement aux victimes anonymes des Vendredi 13, ces adolescents à problème ont de la consistance, de la teneur, des personnalités relativement fortes et des réactions assez logiques.
A ce titre, Tony Randel nous éclaire un peu sur ses intentions : « J’ai voulu donner aux acteurs une chance d’être eux-mêmes dans le film. C’est la raison pour laquelle beaucoup de choses ont été improvisées pendant le tournage. » (2) Les singularités de ces six filles et garçons, menés par un couple de sociologues, dotent le film d’une crédibilité fort appréciable. Peu attiré par l’humour référentiel, Tony Randel lui préfère une approche sérieuse, semblable en esprit à celle des années 50, où SF et épouvante prêtaient rarement à rire. A ce sérieux s’ajoute une horreur toute moderne, due aux ravages provoqués par les abominables tiques géantes. Ticks se rattache également au « survival », par le décor naturel et sauvage – habité par de peu recommandables individus – où il se déroule, et en particulier à Délivrance, auquel il fait une furtive allusion.
L'assaut final des bêtes rampantes
Mais le film n’aurait certainement pas eu le même impact sans le travail de Doug Beswick, qui réalisa à l’occasion toute une série de tiques très convaincantes. Simples marionnettes, créatures mécaniques ou figurines animées image par image, les tiques de Beswick provoquent une répulsion systématique. On peut émettre plus de réserves sur la tique gigantesque qui apparaît à la fin du film. Si son animation mécanique réussit à convaincre – on pense en particulier à La Mouche – sa présence ne se justifie pas vraiment. Elle obéit apparemment à un concept devenu commun depuis Aliens, et surgit d’un corps humain à l’issue d’une métamorphose réussie mais un peu trop prolongée. L’assaut final des tiques autour de la cabane dans laquelle se sont réfugiés les héros évoque beaucoup La Nuit des Morts-Vivants, d’autant que dans certains plans, les pattes s’agitant derrière les lattes de bois ressemblent à des mains crispées. Le film s’achève sur un faux happy-end classique, aussitôt désamorcé par une chanson folk saupoudrant d’une touche finale légère et comique un film somme tout assez éprouvant.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998
(2) Propos recueillis par votre serviteur en février 1994
© Gilles Penso
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