HELLRAISER : BLOODLINE (1996)

Un quatrième épisode chaotique réalisé par le roi des effets spéciaux de maquillage Kevin Yagher

HELLRAISER BLOODLINE

1996 – USA

Réalisé par Alan Smithee (alias Kevin Yagher)

Avec Doug Bradley, Valentina Vargas, Bruce Ramsey, Charlotte Chatton, Kim Myers

THEMA DIABLE ET DEMONS I SAGA HELLRAISER

Succédant à Clive Barker, Tony Randel et Anthony Hickox, le talentueux maquilleur Kevin Yagher, à qui nous devons les prothèses grimaçantes de Freddy Krueger (à partir de La Revanche de Freddy), la créature extra-terrestre de Hidden ou encore l’hôte squelettique des Contes de la Crypte prend les rênes du quatrième épisode de la saga Hellraiser. Mais cet opus s’avère catastrophique, au point que Yagher effacera son nom du générique au profit d’un fameux pseudonyme de mauvais augure : Allan Smithee. Cette fois-ci, l’intrigue démarre dans le futur et dans l’espace. Nous sommes en 2127, sur la station Minos. Le concepteur de cette base spatiale vient d’être mis aux arrêts par son supérieur alors qu’il détournait les moyens techniques pour s’adonner à un jeu étrange à l’aide d’un cube métallique. « J’ai l’intention de capturer l’Enfer afin de l’immoler dans un brasier de lumière ! » affirme-t-il pour se dédouaner.

Un flash-back nous ramène subitement en plein 18ème siècle. Là, nous faisons connaissance avec l’aïeul du condamné, Jean le Marchand, un orfèvre français chargé de la fabrication d’un cube mécanique par un aristocrate versé dans la démonologie. Le soir même, la jeune Angélique est sacrifiée, ouvrant ainsi le cube qui libère des forces diaboliques et la ressuscite illico. Témoin du prodige, l’orfèvre se confie à un médecin, ce dernier rétorquant avec aplomb que l’Enfer et le Paradis n’ont plus cours en ce 18ème siècle versé dans la science : « La raison gouverne le monde, nous avons remis Dieu à sa place ». L’idée de vouloir replacer la saga dans un contexte historique et de conter la genèse du fameux cube n’était pas inintéressante. Hélas, le scénario part vite dans tous les sens au mépris de la rigueur la plus élémentaire. Ainsi Angélique, la miraculée, traverse-t-elle désormais les âges à la manière de Christophe Lambert dans Highlander. Nous la retrouvons en 1996, où elle finit par retrouver la boîte magique, prélude à l’inévitable apparition de Pinhead, à présent accompagné d’un molosse monstrueux.

Pinhead dans l'espace

Confus, le récit nous apprend que chaque descendant de Le Marchand s’appuie sur des plans dessinés par l’orfèvre pour chercher à concevoir un système capable de refermer les portes des ténèbres… Et nous voilà donc de retour dans les coursives de la station spatiale, où s’enchaînent de molles péripéties malgré quelques scènes gores inventives. Au cours de la plus surprenante d’entre elles, les visages de deux agents de sécurité fusionnent pour donner naissance à un Cénobite bicéphale particulièrement hideux. Assez curieusement, la présence de Pinhead dans l’espace semble annoncer certains motifs visuels de Star Trek Premier Contact, sorti sur les écrans l’année suivante. En effet, le look des Borgs évoque beaucoup celui des Cénobites, rappel renforcé par la présence d’un cube géant au milieu des étoiles. La saga créée par Clive Barker eut beaucoup de mal à se relever de l’échec cuisant d’Hellraiser Bloodline, et l’écrivain lui-même décida de ne plus s’impliquer dans les séquelles ultérieures, cédant tous ses droits à la compagnie Dimension Films, filiale de Miramax.

 

© Gilles Penso