Charlize Theron dirige un commando qui présente une petite particularité : chacun de ses membres est immortel !
THE OLD GUARD
2020 – USA
Réalisé par Gina Prince-Bythewood
Avec Charlize Theron, Kiki Layne, Matthias Schoenaerts, Marwan Kenzari, Luca Marinelli, Chiwetel Ejiofor, Harry Melling
THEMA POUVOIRS PARANORMAUX
C’est en mars 2017 que la société Skydance Media fait l’acquisition des droits de « The Old Guard », une série de comics créée par Greg Rucka et Leandro Fernandez dont la baseline se résume en quelques mots : « quand on est immortel, on a tout le temps d’apprendre qu’il existe pire que la mort ». Dans cette BD éditée originellement par Image Comics (et par Glénat en nos contrées), l’éternité et l’indestructibilité se vivent en effet moins comme un don que comme une malédiction. Pour mettre toutes les chances de son côté, la production demande à l’auteur du comics d’en signer lui-même l’adaptation, engage la réalisatrice Gina Prince-Bythewood (Love & Basketball, le pilote de la série Cloak & Dagger) et confie à Netflix la distribution internationale du film. Il ne reste plus qu’à trouver une tête d’affiche : ce sera Charlize Theron, l’inoubliable Furiosa de Mad Max Fury Road, entrant comme un gant dans la peau de la vénérable Andromaque de Scythie, « Andy » pour les intimes. À la tête d’un trio de guerriers immortels, elle s’efforce de donner du sens à son existence sans fin en s’opposant chaque fois que possible aux forces du mal. Mais le secret de leur vie éternelle finit par fuiter et attire la convoitise d’un géant de l’industrie pharmaceutique qui cherche à percer le secret de leur pouvoir miraculeux de guérison. C’est alors qu’une nouvelle immortelle fait son apparition : une jeune soldate américaine qui meurt au cours d’une opération en Afghanistan et ressuscite aussitôt…
Autant dire que The Old Guard part avec de nombreux atouts en main, le moindre n’étant pas un casting de choix dominé (dans tous les sens du terme) par la haute stature et le charisme intact de Charlize Theron. Autre mérite que l’on doit sans conteste à son scénariste Greg Rucka : sa volonté d’aborder le thème de l’immortalité sous toutes ses facettes et d’en assumer pleinement les implications physiques et morales. Certes, The Old Guard n’est pas un essai philosophique pas plus qu’il n’ambitionne d’aborder le sujet sous un angle métaphysique. Pour autant, le fardeau d’une vie éternelle et les chagrins qui en sont corollaires sont déclinés tout au long du métrage et transpirent à travers le regard embué, blasé ou meurtri de ces « Indestructibles » bien plus faillibles qu’ils n’y paraissent. Ces existences millénaires nous valent une poignée de flash-backs historiques mouvementés et les conséquences immédiates de l’immortalité se visualisent par des guérisons parfois spectaculaires (comme lorsque nos guerriers disloqués se « reconstruisent » à la manière de la Christine de John Carpenter). Le film de Gina Prince-Bythewood était donc la promesse d’un thriller d’action mémorable et surprenant, quelque part à mi-chemin entre Highlander et The Raid. Mais cette promesse n’aura été tenue qu’à moitié…
La reine des Amazones
On n’en finirait pas de lister les incohérences et les illogismes comportementaux qui ponctuent le récit. Pourtant, notre suspension d’incrédulité est prête à fournir de beaux efforts pour passer outre ces raccourcis scénaristiques. Il est cependant plus difficile de s’impliquer émotionnellement dans un film dont les choix de mise en scène sont primaires voire inexistants. Traînant inutilement en longueurs (plus de deux heures de métrage), le film est régulièrement ponctué de scènes d’action maladroites où chaque geste de cascadeur est visible, où les chorégraphies manquent de crédibilité, où les impacts de balle se multiplient sans véhiculer le moindre enjeu. Entre deux bagarres, la réalisatrice juge bon d’emplir sa bande son de chansons pop dont les paroles édictent à voix haute les pensées des personnages. La finesse n’est donc guère de mise, ce que confirme un dénouement ouvert qui donne officiellement à The Old Guard les allures d’un pilote de série TV (tourné d’ailleurs comme un téléfilm, malgré l’emploi du format cinémascope). Cerise sur le gâteau, une saynète post-générique sous l’influence visiblement incontournable des productions Marvel tente d’attiser gauchement la curiosité. Le bilan est donc très mitigé, même s’il convient de saluer l’implication de la grande Charlize, parfaite incarnation de la guerrière Amazone telle que la décrit la mythologie antique.
© Gilles Penso
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