Freddie Francis prend le relais de Terence Fisher et fait monter d'un cran l'érotisme inhérent au mythe vampirique
DRACULA HAS RISEN FROM THE GRAVE
1968 – GB
Réalisé par Freddie Francis
Avec Christopher Lee, Veronica Carlson, Michael Ripper, Rupert Davies, Barbara Ewing, Barry Andrews, Ewan Hooper
THEMA DRACULA I VAMPIRES I SAGA DRACULA DE LA HAMMER
Succéder à Terence Fisher, après les deux coups d’éclat que furent Le Cauchemar de Dracula et Dracula, Prince des Ténèbres, n’était pas une mission facile. Freddie Francis, ancien chef opérateur reconverti à la mise en scène via des œuvres telles que L’Empreinte de Frankenstein, s’est pourtant acquitté de la tâche avec beaucoup de talent, et sans le moindre complexe. En fait, Fisher était logiquement prévu pour signer ce troisième épisode de la saga Dracula/Christopher Lee, mais un accident de voiture l’en rendit incapable. Cinéaste de substitution, Francis marque cette troisième aventure d’une réalisation nerveuse, comme le prouve cette scène d’introduction étonnante où le cadavre ensanglanté d’une jeune femme est découvert pendu dans la cloche d’une église. L’action nous transporte ensuite un an après les événements de Dracula, Prince des Ténèbres. Monseigneur Müller (Rupert Davies), un évêque qui n’a pas froid aux yeux, décide de revenir sur les lieux où sévit jadis le vampire pour vérifier que tout est en ordre. Malgré les avertissements des villageois, il gravit le chemin escarpé qui mène au château de Dracula, en compagnie du curé du village, et scelle la porte avec une grande croix métallique. Mais le curé prend peur, trébuche sur les rochers acérés, se blesse au front, et son sang vient couler sur la glace… à l’endroit précis où Dracula fut retenu prisonnier à la fin du film précédent, comme quoi le hasard fait tout de même bien les choses !
Le Comte aux dents longues fait du curé son esclave, et jure de se venger de l’évêque en le rejoignant dans la petite ville de Keinenberg. Nous retrouvons dès lors le schéma traditionnel mis en place par le roman de Bram Stoker, chaque personnage étant ici un reflet de ceux imaginés par l’écrivain. Ainsi, tandis que le curé possédé et l’évêque en croisade se substituent habilement à Renfield et Van Helsing (on note que ce dernier, pour la seconde fois consécutive après Dracula, Prince des Ténèbres, est remplacé par un homme d’église), le bel étudiant Paul (Barry Andrews) assume le rôle du héros Jonathan Harker, et « les femmes » du titre, autrement dit la vulgaire mais gironde Zena (Barbara Ewing) et la splendide Maria (Veronica Carlson, héroïne du Retour de Frankenstein), remplacent Lucy et Mina.
Plus bestial et inquiétant que jamais
Pour autant, Dracula et les Femmes n’est pas un remake du Cauchemar de Dracula, le scénario d’Anthony Hinds ménageant son lot de surprises et se parant d’un Christopher Lee plus bestial et inquiétant que jamais. L’érotisme vampirique avance d’ailleurs d’un cran, avec cette séquence mémorable où Maria se laisse séduire puis mordre par l’altier Dracula venu la visiter nuitamment dans sa chambre. En bon esthète, Freddie Francis se paie de très beaux décors de studio magnifiquement éclairés, en particulier les toits de la ville où déambule la belle pour retrouver nuitamment son bien-aimé et la sinistre cave de l’hôtel où repose la tombe de Dracula. Ce dernier finira cette aventure empalé sur une croix, celle-là même que l’évêque employa pour le contrecarrer au début du film, le tout aux accents d’une musique très emphatique de James Bernard dont les cuivres n’hésitent pas à en faire des tonnes pour inquiéter le spectateur.
© Gilles Penso
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