HANNIBAL (2001)

Anthony Hopkins revient jouer les cannibales mais Jodie Foster laisse son badge du FBI à Julianne Moore

HANNIBAL

2001 – USA / GB

Réalisé par Ridley Scott

Avec Anthony Hopkins, Julianne Moore, Giancarlo Giannini, Gary Oldman, Ray Liotta, Frankie Faison, Francesca Neri

THEMA TUEURS I CANNIBALES I SAGA HANNIBAL LECTER

Après trois remarquables escapades dans le monde de l’imaginaire (Alien, Blade Runner et Legend), Ridley Scott décidait d’adapter ses dons d’esthète à des univers plus réalistes et plus contemporains : le thriller (Traquée, Black Rain), le road movie (Thelma et Louise), l’aventure initiatique (Lame de fond), le film de guerre (A armes égales) et le film d’époque (1492 : Christophe Colomb, Gladiator). Après cet enchaînement de défis colossaux, Ridley Scott se prépare à un autre challenge de taille : prendre la succession de Michael Mann et Jonathan Demme pour réaliser Hannibal, séquelle de deux thrillers horrifiques remarquables, Le Sixième sens et Le Silence des agneaux. Il aborde ainsi sous un angle nouveau deux genres qui lui sont déjà familiers, le film policier et le film d’horreur. S’essayant pour la première fois de sa carrière à l’exercice de la séquelle, Ridley Scott réinterprète donc à sa manière le mythe d’Hannibal Lecter créé par le romancier Thomas Harris. Lâché dans la nature à la fin du Silence des agneaux, l’incorrigible psychiatre anthropophage s’est réfugié à Florence, où il a pris l’identité d’un professeur d’arts plastiques. Repéré par la police, il laisse quelques victimes ensanglantées sur son sillage et retourne en Amérique. Là, il est menacé par Mason Verger, une de ses anciennes victimes dont le visage est horriblement défiguré. Condamné à une assistance respiratoire et ivre de vengeance, Verger entend bien faire sortir Lecter de son repaire en utilisant comme appât l’agent du FBI Clarice Starling. Cette dernière vient de mener une désastreuse opération visant à démanteler un trafic de drogue. Désormais prise entre les feux de médias envahissants et d’un collègue qui tente de la disgracier aux yeux de ses autorités, elle va donc croiser à nouveau le chemin du tueur cannibale qui semble éprouver pour elle des sentiments complexes et contradictoires.

 

Jodie Foster n’appréciant guère le scénario d’Hannibal, tiré d’un roman controversé de Thomas Harris, c’est la non moins talentueuse Julianne Moore qui lui succède sans complexes dans le rôle de Clarice Starling. Ce changement de visage n’est pas particulièrement problématique, dans la mesure où la vedette ici est Anthony Hopkins, comme le titre l’indique assez explicitement. Et celui-ci, après avoir un temps envisagé lui aussi de ne pas participer à cette séquelle, reprend visiblement avec une certaine bonne humeur le rôle du célèbre cannibale, cabotinant même comme pour mieux hisser son personnage au rang d’icône du cinéma de genre, là où nous étions en droit d’espérer une prestation plus subtile.

Beaucoup de bruit et de sang pour pas grand-chose

Certes, le scénario de ce troisième opus peine parfois à assembler de manière cohérente trois intrigues et trois protagonistes distincts. Ainsi, les méfaits vengeurs d’Hannibal Lecter, les enquêtes de Clarice Starling et les machinations diaboliques de Mason Verger (Gary Oldman défiguré par un maquillage incroyable qui provoque un sentiment de malaise à chacune de ses apparitions) s’entremêlent confusément. Mais la virtuosité imparable de Ridley Scott, les effets spéciaux cosmétiques impressionnants de Greg Cannom et de nombreuses séquences d’épouvante extrêmes ne cessent d’éprouver les nerfs des spectateurs, lesquels ressortent du film K.O. après tant de bruit, de sang, de cris et d’horreur. Mais une certaine vacuité se dégage in fine de cette accumulation de morceaux de bravoure. On sera donc tenté de préférer largement l’angoisse sourde et latente des films de Michael Mann et Jonathan Demme aux chocs immédiats élaborés par Ridley Scott.

 

© Gilles Penso

Partagez cet article