50% homme, 50% loup, 100% flic : telle pourrait être la phrase d'accroche de cette variante lupine de l'inspecteur Harry
WOLFCOP
2014 – CANADA
Réalisé par Lowell Dean
Avec Leo Farard, Amy Martysio, Jonathan Cherry, Sarah Lind, Aidan Devine, Jesse Moss, Corrine Conley
THEMA LOUPS-GAROUS
Wolfcop n’est pas exactement la comédie potache que son titre laisse imaginer. Certes, le grain de folie y est constant et le sérieux n’y a pas vraiment droit de cité, mais le deuxième long-métrage du cinéaste canadien Lowell Dean nous prend par surprise en optant pour des choix inattendus et en redéfinissant à sa manière le mythe du lycanthrope. Leo Farard y incarne l’inspecteur Lou Garou (!), un policier alcoolique qui travaille à Woodheaven, une petite ville du fin fond du Canada. Cela dit, « travailler » est un bien grand mot, puisqu’il traîne bien plus souvent dans les bars que sur les scènes de crimes. Un soir où il daigne enfin délaisser le comptoir pour enquêter dans les bois sur une affaire de tapage nocturne, il trouve un homme pendu à un arbre par les pieds et une troupe de gens encapuchonnés qui lui tombent dessus. Lorsqu’il revient à lui dans son appartement, c’est pour découvrir un pentagramme gravé sur son torse. Désormais ses sens semblent surdéveloppés, ce qui permet au réalisateur toute une série de jeux habiles sur la bande sonore, les gros plans et les reports de point. La première métamorphose de Lou, qui survient dans les toilettes de son bar favori, est déjà un morceau d’anthologie. Son urine se transforme en sang et la première partie de son corps qui se transforme est son pénis – en gros plan s’il vous plaît ! Si le montage nerveux ne nous permet pas de saisir précisément chaque étape de la mutation, le changement d’homme en loup est un processus manifestement douloureux, suivant les préceptes enseignés par John Landis dans Le Loup-Garou de Londres. Sale, sanglante, la séquence se positionne à mi-chemin entre Hurlements et La Mouche.
Ce n’est qu’au moment de la seconde scène de transformation que le spectateur voit enfin vraiment ce qui se passe. Deux choses nous frappent alors : la qualité des effets spéciaux de maquillage 100% live, sans le moindre recours aux effets numériques, et le parti pris de s’éloigner de l’imagerie séminale créée par Rick Baker et Rob Bottin pour se rapprocher un peu du concept de La Compagnie des Loups. Ici, l’homme ne se change pas à proprement parler en loup. C’est sa peau qui se déchire pour révéler la bête à l’intérieur de ses entrailles. Le processus s’apparente presque à une série de mues successives. De fait, Wolfcop nous offre l’une des métamorphoses les plus impressionnantes qu’on ait vues depuis celles – mythiques – des années 80.
Les super-pouvoirs du flic-garou
Toujours accro à l’alcool et aux donuts, notre « flic-garou » arbore dès lors un faciès proche du Fauve des X-Men. D’ailleurs, une fois qu’il réendosse sa tenue de policier, il se mue quasiment en super-héros et agit comme tel, faisant régner la justice grâce à ses nouvelles capacités surhumaines et relookant même sa voiture pour lui donner une allure plus bestiale, avec un logo W rouge vif sur le capot. Le film n’hésite donc pas à aller au bout de son concept dément, s’autorisant plusieurs écarts gore (le couteau dans l’œil en gros plan, le visage arraché à main nue, la décapitation à coup de griffes) et même une scène d’amour à la limite de la zoophilie ! Tant d’excès ne pouvaient rester sans suite. La sortie de Wolfcop 2 nous est donc annoncée dès le générique de fin, et sera effectivement distribuée deux ans plus tard.
© Gilles Penso
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