LE SURVIVANT (1971)

Une adaptation très libre du roman "Je suis une légende" dans laquelle Charlton Heston affronte une secte de vampires mutants

THE OMEGA MAN

1971 – USA

Réalisé par Boris Sagal 

Avec Charlton Heston, Anthony Zerbe, Rosalind Cash, Paul Koslo, Eric Laneuville, Lincoln Kilpatrick, Jill Giraldi, Anna Aries

THEMA FUTUR I VAMPIRES I MUTATIONS

Le roman de Richard Matheson « Je suis une légende » ayant déjà fait l’objet d’une fort honorable adaptation au milieu des années 60, avec Vincent Price en tête de casting, cette nouvelle version était quelque peu attendue au tournant. Pour éviter toute comparaison désavantageuse, Boris Sagal a jugé bon de changer de ton, préférant au drame noir et pesant un film d’action et d’aventure plus en accord avec le cinéma catastrophe très en vogue dans les années 70. Et pour bien marquer la différence, le rôle-titre a été attribué à Charlton Heston, dont le jeu musclé et cynique n’a pas grand-chose à voir avec l’interprétation lasse et désespérée de Vincent Price. C’est un peu comme si on essayait de comparer Arnold Schwarzenegger avec Anthony Hopkins…

Heston incarne donc le docteur Robert Neville, survivant d’une apocalyptique guerre bactériologique entre la Russie et la Chine qui s’est étendue à la planète tout entière. Son salut, il le doit à un antidote expérimental qu’il est parvenu à s’injecter après avoir échappé de peu à un crash d’hélicoptère. Désormais, dans un Los Angeles en ruines pavé de cadavres, il passe ses journées à rouler à toute allure dans les voitures les plus variées, à jouer aux échecs contre une statue qui constitue sa seule compagnie, à vider des bouteilles d’alcool et à regarder Woodstock au cinéma. Quant aux nuits, elles sont occupées à lutter contre des mutants albinos contaminés par les radiations. Armé jusqu’aux dents (de la part de Charlton Heston on n’en attendait pas moins !), Neville résiste quotidiennement à leurs assauts, tout en s’efforçant de préserver le petit confort qu’il a réussi à se constituer en plein centre-ville… 

Une confrérie religieuse retournée au moyen âge

Bien vite, Le Survivant nous fait oublier le récit de Richard Matheson et sa précédente adaptation cinématographique, non seulement par ses péripéties plus énergiques, mais aussi par les relations qui se tissent entre Neville et ses assaillants. En effet, si dans le film d’Ubaldo Ragona et Sidney Salkow (et surtout dans le roman initial) nous avions affaire à des vampires sans état d’âme au comportement proche du zombie et au dialogue limité à quelques gémissements, ici nous avons affaire à une véritable confrérie religieuse retournée au moyen âge, qui rejette toute forme de technologie et qui est menée avec fanatisme par leur chef prédicateur Matthias. Oubliant purement et simplement le matériau littéraire censé l’inspirer au cours de sa seconde moitié, le film de Sagal multiplie ainsi les rebondissements surprenants, annonçant même par moments le Zombie de George Romero et L’Invasion des Profanateurs de Philip Kaufman. La seule véritable ombre au tableau est la bande originale de Ron Grainer, auteur du célèbre thème de la série Le Prisonnier. Pour inventive qu’elle soit, sa musique pop-jazz s’avère parfaitement déplacée en pareil contexte, et dédramatise la plupart des séquences qu’elle accompagne, notamment les assauts répétés des mutants. Le final du Survivant, noir, dramatique et désenchanté comme savaient l’être bon nombre de films du début des années 70, laisse malgré tout la porte ouverte à une lueur d’espoir, à un avenir meilleur reconstruit sur les ruines du monde dévasté. 

 

© Gilles Penso

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