LE CERVEAU DE LA PLANÈTE AROUS (1957)

Une matière grise flottante venue de l’espace possède le corps d’un éminent scientifique dans le but de dominer la Terre…

THE BRAIN FROM PLANET AROUS

 

1957 – USA

 

Réalisé par Nathan Herz (alias Nathan Juran)

 

Avec John Agar, Joyce Meadows, Robert Fuller, Thomas B. Henry, Ken Terrell, Henry Travis, E. Leslie Thomas, Tim Graham, Bill Giorgio, Kenner G. Kemp

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

La carrière de réalisateur de Nathan Juran se divise en deux groupes de films : ceux qu’il a signés de son véritable nom – la grande majorité – et ceux pour lesquels il a utilisé le pseudonyme de Nathan Herz. Ce choix bicéphale reflète la qualité variable de ses longs-métrages. Car si Juran est par exemple fier de ses collaborations avec Ray Harryhausen (A des millions de kilomètres de la Terre, Le 7ème voyage de Sinbad, Les Premiers hommes dans la Lune), il n’assume pas vraiment la poignée de séries B de science-fiction fauchées qu’il commit dans les années 50, dont l’archétype est le fameux Attack of the 50 Foot Woman avec sa femme géante revancharde. C’est aussi dans cette catégorie qu’entre Le Cerveau de la planète Arous. Il faut dire que le réalisateur de La Chose surgit des ténèbres et Jack le tueur de géants ne peut pas faire des miracles avec les 58 000 dollars que met à sa disposition le producteur/directeur de la photographie Jacques R. Marquette. Si sa mise en scène reste dynamique, efficace et rythmée, et si ses comédiens tiennent la route (notamment John Agar, héros de Tarantula et La Revanche de la créature), rien ne va plus lorsqu’interviennent les effets spéciaux.

Au milieu du désert se dresse le Mont des Mystères, sur lequel personne n’a mis les pieds depuis bien longtemps. Or de grosses émissions de radiations sont soudain détectées dans les parages. Steve March (John Agar) et Dan Murphy (Robert Fuller), deux scientifiques spécialisés dans le nucléaire, décident d’aller explorer les lieux. Leur Jeep étant bloquée par un monticule rocheux, ils continuent à pied et découvrent une caverne fraîchement creusée dans laquelle brille une lueur étrange. Soudain surgit un énorme cerveau volant qui les fige sur place. Lorsque Steve retrouve sa fiancée Sally (Joyce Meadows) après une semaine d’absence, elle ne peut s’empêcher de le trouver changé. Sa libido semble s’être mué en élan bestial et son propre chien s’attaque à lui. Car notre homme est désormais possédé par le cerveau venu de l’espace ! « Je suis Gor, j’ai besoin de ton corps comme hôte pendant mon séjour sur ta Terre », lui dit la masse gélatineuse flottante. « Je te commanderai comme on dirige une machine. » Par conséquent, le scientifique n’est plus qu’un jouet aux mains du cerveau qui envisage rien moins que la domination de notre planète…

« Je suis Gor, j’ai besoin de ton corps ! »

John Agar se lance donc dans une sorte d’interprétation schizophrénique, incarnant tour à tour le savant en lutte contre cette entité maléfique et l’homme possédé mué en dictateur sans état d’âme. Lorsqu’il atteint le pic de ses crises de folie hégémonique, ses yeux prennent une teinte noire et luisante, par l’entremise de lentilles de contact très inconfortables pour le comédien (un effet qui sera presque repris à l’identique dans L’Horrible cas du docteur X). Il possède alors des pouvoirs surnaturels qui lui permettent d’irradier les gens à distance ou de faire exploser des avions en plein vol. Le Cerveau de la planète Arous ne manque pas d’idées visuelles intéressantes, comme le visage de Steve cadré à travers une fontaine d’eau, qui donne à sa tête des allures difformes et hydrocéphales. Mais comment ne pas s’esclaffer face au spectacle invraisemblable de ce cerveau géant affublé de deux gros yeux lumineux, qui flotte dans le décor via des surimpressions incroyablement maladroites ? Et comment ne pas se tenir les cotes lorsque la cervelle volante avoue développer des appétits sexuels grandissants pour la belle Sally, ou lorsqu’un autre cerveau venu de l’espace – gentil celui-là – entre dans le corps du chien du scientifique pour pouvoir lutter contre lui ? Ce scénario improbable et ces trucages hilarants sabotent de fait tous les efforts déployés par Nathan Juran… qui signera donc logiquement le film sous le nom de Nathan Herz.

 

© Gilles Penso

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