DEATHBED (2002)

Un jeune couple emménage dans un appartement en plein Los Angeles et découvre dans une pièce condamnée un étrange lit abandonné…

DEATHBED

 

2002 – USA

 

Réalisé par Danny Draven

 

Avec Tanya Dempsey, Brave Matthews, Joe Estevez, Meagan Mangum, Michael Sonye, Lunden De Leon, Constance Estevez, Rick Irvin, Mona Lee Fultz

 

THEMA FANTÔMES I SAGA CHARLES BAND

Hyperactif depuis ses débuts de producteur dans les années 70, Charles Band est un pourvoyeur intarissable de séries B d’horreur et de science-fiction. Ses plus gros succès datent du milieu des années 80. Il s’agit de Re-Animator et From Beyond, tous deux réalisés par Stuart Gordon. Ami proche de Band, Gordon a dirigé d’autres films pour lui (Dolls, Robot Jox, Le Puits et le pendule ou Castle Freak) mais coûte désormais trop cher pour ses budgets devenus anémiques. En revanche, rien ne l’empêche d’officier comme producteur exécutif et de prêter son nom pour aider à promouvoir des films. Deathbed est donc le premier opus d’une collection estampillée « Stuart Gordon présente ». Très proche de celui d’un film homonyme écrit et réalisé par George Barry en 1977, le scénario est l’œuvre de John Strysik, qui allait retrouver Gordon à l’occasion de Stuck. La mise en scène échoit à Danny Draven, « protégé » de Band qui lui confia Horrorvision, Hell Asylum et Cryptz. Un homme capable de mettre en scène, tenir la caméra et monter pour un budget minuscule, ça se fidélise ! À l’occasion de Deathbed, Draven dirige deux autres habitués des productions Band : Tanya Dempsey (Shriek, Witchouse 3, Hell Asylum) et Joe (l’oncle d’Emilio) Estevez (Les Créatures de l’au-delà, Blonde Heaven, Hell Asylum).

Après un prologue en noir et blanc sinistre et sulfureux, au cours duquel un homme au regard diabolique assassine une femme attachée à un lit tandis qu’un phonographe diffuse une musique jazzy des années 20/30, nous faisons connaissance avec nos deux protagonistes : Karen (Tanya Dempsey), illustratrice de livres pour enfants, et Jerry (Brave Matthews), photographe. Le jeune couple emménage dans un loft au cœur de Los Angeles, avec une baie vitrée donnant sur le Hollywood Sign. Art (Joe Estevez), le concierge et homme à tout faire de l’immeuble, les aide à s’installer mais n’a pas les clefs d’une pièce située à l’étage. Sans doute un vieil atelier abandonné depuis longtemps. Or le soir venu, Karen croit voir de la fumée s’échapper de cette pièce condamnée. Le lendemain, elle entend des ressorts de lit et le hurlement d’une femme qui appelle à l’aide. Quand elle demande à Art de forcer la porte de la pièce mystérieuse, c’est pour découvrir un vieux lit avec des montants en fer forgé (celui du prologue). Séduite par le meuble séculaire, elle décide de le retaper et de l’installer dans l’appartement. Mais ce lit provoque chez elle des visions angoissantes et réveille sa libido de bien étrange manière…

Sur le lit de mort

Karen est longtemps le seul personnage qui soit hanté par les fantômes des crimes passés, face à l’incrédulité de son époux qui commence sérieusement à s’inquiéter pour sa santé mentale. Un sentiment lancinant de paranoïa s’installe donc chez la jeune femme, tandis que le scénario nous emmène sur un terrain inattendu, abordant même des sujets sensibles comme l’abus d’enfants. Sous l’influence manifeste de Shining, Deathbed nous offre quelques moments d’épouvante réussis, notamment les jolis dessins pour enfants de Karen qui se transforment en croquis horrifiques dignes des EC Comics ou le surgissement inattendu d’un cadavre décomposé dans le lit. Danny Draven joue même la carte du gore lors du dernier acte, avec l’aide de son maquilleur spécial attitré Mark Bautista (un long intestin qui sort d’un ventre, un visage déchiqueté à mains nues, une tête éclatée à coups de marteau). Pétri de choses intéressantes malgré ses moyens extrêmement réduits, Deathbed est probablement le meilleur film de Draven. Les acteurs sont justes, la mise en scène efficace, l’économie de lieux et de personnage permet au récit d’aller à l’essentiel sans fioritures inutiles. Tanya Dempsey elle-même est plus convaincante que dans les micro-productions de Charles Band qui la sollicitaient auparavant. Mais le film passera inaperçu et n’aura pas le succès escompté, étouffant dans l’œuf l’idée d’un label « Stuart Gordon présente » qui ne donnera finalement suite à aucun autre opus.

 

© Gilles Penso

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