HURLEMENTS 4 (1988)

Réalisé par le vétéran John Hough puis entièrement modifié par son producteur, ce quatrième opus ne vaut que pour son dernier quart d’heure…

THE HOWLING IV – THE ORIGINAL NIGHTMARE

 

1988 – USA

 

Réalisé par John Hough et Clive Turner

 

Avec Romy Windsor, Michael T. Weiss, Antony Hamilton, Susanne Severeid, Lamya Derval, Norman Anstey, Kate Edwards, Dennis Folbigge, Anthony James

 

THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA HURLEMENTS

Cette troisième suite du classique de Joe Dante a été enfantée dans la douleur. Initialement, c’est le scénariste et producteur Clive Turner qui envisage de réaliser le film, en cherchant à revenir aux sources du roman de Gary Brandner qui inspirait le premier Hurlements. Mais les investisseurs préfèrent solliciter un metteur en scène plus aguerri et optent pour John Hough (Les Sévices de Dracula, La Maison des damnés, Les Yeux de la forêt, Incubus). Dès lors, une tension palpable s’installe pendant la mise en chantier du film et ira crescendo. Hough commence son tournage sans scénario définitif. Turner tarde en effet à rendre sa copie, n’en finissant plus de changer le script alors que les prises de vues sont très avancées. Le réalisateur fait donc ce qu’il peut, entravé par un budget tellement ridicule qu’il n’a même pas de quoi se payer une prise de son en direct. Tous les dialogues seront donc post-synchronisés, ce qui explique pourquoi de nombreux plans montrent les personnages parler de dos ou hors-champ. Tant bien que mal, Hough termine son film mais n’est pas au bout des déconvenues. Turner décide en effet de tout changer, de tourner de nouvelles séquences et de revoir le montage de A à Z. Voilà qui explique pourquoi le film semble si décousu.

Il semblait certes impossible de tomber plus bas que Hurlement 2 et Hurlements 3, qui atteignaient bien souvent les plus hauts sommets du grotesque. John Hough redresse donc la barre, avec des acteurs plus convaincants, une mise en scène plus solide et un rendu plus « professionnel » que les improbables deux épisodes précédents. Romy Windsor incarne Mary, une romancière à succès en proie à d’effrayantes hallucinations qui provoquent chez elle des crises de panique. Son médecin préconise qu’elle se mette au calme quelques temps. Elle se réfugie donc avec son époux Richard (Michael T. Weiss) dans un cottage au beau milieu de la campagne. Là, ils découvrent la petite population de Drago, la minuscule bourgade du coin, notamment un shérif particulièrement bourru. Les hallucinations semblent s’être calmées, mais Mary est maintenant assaillie la nuit par des rêves étranges où elle entend hurler des loups et où elle se voit courir dans les bois, aux trousses d’une mystérieuse silhouette encapuchonnée. Est-elle en train de développer une paranoïa délirante, ou une véritable menace pèse-t-elle sur elle et son mari ? Un jour, elle reçoit la visite de Janice (Susanne Severeid), une femme à la recherche d’une religieuse qui fut sa consœur, et que Mary voit dans ses rêves éveillés. Toutes deux décident de mener l’enquête…

La métamorphose gluante

Pas foncièrement palpitante, l’histoire de Hurlements 4 tente maladroitement de créer un double triangle amoureux (Mary semble courtisée par son agent littéraire, Richard est attiré par une charmante vendeuse d’artisanat local) dans l’espoir un peu vain de réveiller les spectateurs de leur torpeur. Il faudra attendre près de 70 minutes pour que le premier loup-garou montre le bout de son museau. En charge des effets spéciaux de maquillage, le très doué Steve Johnson joue la carte de l’inédit. La séquence de transformation qui intervient à dix minutes de la fin du métrage prend donc une tournure hallucinante. La victime expulse d’abord des litres de liquide visqueux qui recouvrent tout son corps, puis arbore une grimace bestiale. Muée bientôt en squelette gluant à l’issu de ce phénomène de décomposition avancée, elle baigne dans son propre jus et s’agite frénétiquement, tandis que des chœurs sinistres scandent « Satan t’appelle ! ». Puis du magma émerge un lycanthrope pantelant à la mâchoire qui s’allonge. Hélas, l’impact de la scène est sérieusement amenuisé par la maladresse du montage. Incapable de se décider sur le look des loups-garous, le film part d’ailleurs dans toutes les directions : des chiens aux yeux luisants, des hommes velus aux dents acérées, des gargouilles hirsutes aux oreilles pointues, voire des trolls au visage boursouflé et à la bouche qui se déchire pour révéler des crocs lupins. Le dernier quart d’heure d’Hurlements 4 a au moins le mérite de nous distraire par ses excès et ses effets outranciers. Mais le reste du film ne suscite qu’un ennui profond.

 

© Gilles Penso

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