POPEYE’S REVENGE (2025)

Le sympathique marin fumeur de pipe et mangeur d’épinards se transforme en croquemitaine assoiffé de sang dans ce slasher improbable…

POPEYE’S REVENGE

 

2025 – GB

 

Réalisé par William Stead

 

Avec Emily Mogilner, Connor Powles, Danielle Ronald, Steven Murphy, Kelly Rian Sanson, Max Arlott, Bruno Cryan, Kathi DeCouto, Kyle Jordan, Oliver Mason

 

THEMA TUEURS

En 2025, Popeye tombe dans le domaine public. Aussitôt, tout devient possible, y compris les projets les plus improbables. Coup sur coup, deux films d’horreur détournant l’imagerie du marin imaginé par E.C. Segar sont ainsi mis en chantier. Le premier, Popeye the Slayer Man, est réalisé par Robert Michael Ryan. Le second, Popeye’s Revenge, est initié par la petite compagnie de production ITN qui n’en est pas à son coup d’essai en ce domaine. Ils produisirent en effet Winnie the Pooh : Blood and Honey en 2023, dont le petit succès motiva la réalisation d’une suite mais aussi d’autres slashers se réappropriant des personnages pour enfants, comme Cinderella’s Curse, Mouse of Horrors, Bambi : The Reckoning ou Le Cauchemar de Peter Pan. Écrit par Harry Boxley (Piglet’s Return) et réalisé par William Stead (Children of the Night), Popeye’s Revenge réinvente complètement l’histoire du matelot féru d’épinards. Le dessin animé aux traits naïfs qui introduit le film nous apprend qu’il est né sous le prénom de Johnny. A cause de son physique étrange (notamment des avant-bras disproportionnés), l’enfant suscite les moqueries de ses camarades et finit par en tuer un dans un accès de colère incontrôlable. La population locale encercle alors sa maison et y met le feu, tandis que le tout jeune Johnny/Popeye se noie dans le lac voisin.

Quinze ans plus tard, alors que cette histoire est considérée par beaucoup comme une légende urbaine, trois réalisateurs de vidéos pour les réseaux sociaux débarquent dans la région pour relancer leur nombre en baisse de followers. Le nouvel épisode de « The Haunted Houses of Evils » sera donc consacré à Popeye. Or ce dernier, devenu un tueur désaxé au visage à moitié brûlé, surgit bientôt pour massacrer le trio. Après cette entrée en matière saignante, le film nous présente Tara (Emily Mogilner), dont la mère vient d’hériter de la maison de Popeye. La jeune fille sollicite six amis pour partir retaper les lieux dans l’espoir d’en faire une attraction pour touristes. Le groupe s’installe donc sur place, la plupart ne pensant qu’à boire, fricoter et passer du bon temps, évidemment. On sent bien que Popeye’s Revenge cherche à marcher sur les traces de Vendredi 13, dont il reprend l’idée de l’enfant difforme noyé dans un lac qui revient à l’âge adulte pour massacrer un groupe de jeunes venus séjourner dans les bois voisins. L’idée du brouillard surnaturel qui charrie avec lui une ancienne malédiction semble quant à elle empruntée à Fog, tandis que la backstory qui entoure le passé du personnage évoque celle de Freddy Krueger.

Sang d’ancre

Bref, nous voilà en terrain connu, et de ce point de vue Popeye’s Revenge ne cherche pas à réinventer la roue. Les protagonistes sont donc bardés de stéréotypes (les bimbos écervelés, la fille plus futée que les autres, le playboy, l’idiot maladroit) et s’isolent à tour de rôle dans des coins sinistres pour se muer en chair à saucisse sous les coups répétés du croquemitaine psychopathe. Étonnamment, malgré l’absurdité de son concept (un slasher avec Popeye quand même !), le film se prend très au sérieux, les acteurs essaient de jouer avec conviction, le scénario s’efforce même de s’intéresser à leurs problèmes personnels et à leurs états d’âme. Les mises à mort restent inventives, avec une mention spéciale pour le garçon qui se retrouve avec une ancre plantée dans le sexe, puis la colonne vertébrale extirpée à mains nues et enfin la tête arrachée ! Il nous semble même déceler au détour d’un autre meurtre un hommage à L’Enfer des zombies. Recyclant de manière ludique l’imagerie classique du personnage tel qu’il fut popularisé dans les dessins animés des frères Fleischer (les gros bras, la pipe, les boites d’épinard), le film bénéficie d’une mise en forme très soignée, notamment une belle photo qui capitalise sur les effets de brume prise dans les faisceaux lumineux. Pas de quoi crier au génie, bien sûr, mais nous sommes un cran au-dessus du peu palpitant Winnie the Pooh : Blood and Honey.

 

© Gilles Penso

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