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Après un accident qui l’a rendu aveugle, un homme est équipé d’une vision électronique qui lui permet de traquer un tueur en série…
BLIND DATE
1984 – USA
Réalisé par Nico Mastorakis
Avec Joseph Bottoms, Kirstie Alley, Lana Clarkson, Keir Dullea, James Daughton, Charles Nicklin, Marina Sirtis, Michael Howe, Gerard Kelly, Gerry Sundquist
THEMA MÉDECINE EN FOLIE I TUEURS
Ce techno-thriller mâtiné de slasher présente la particularité d’être réalisé par Nico Mastorakis, ancien journaliste et animateur TV grec spécialisé dans les coups médiatiques et les histoires à scandale avant de se reconvertir dans la mise en scène d’épisodes de séries TV. Ses longs-métrages flirtent volontiers avec l’horreur et la science-fiction (Death Has Blue Eyes, L’Île des morts, The Time Traveller). Inscrit dans la même mouvance, Onde de choc aura tendance par la suite à être souvent confondu par le public américain avec Boires et déboires de Blake Edwards. Les deux films n’ont pourtant aucun rapport, mais leur titre original est le même : Blind Date. Cette homonymie a parfois joué en défaveur d’Onde de choc, une curiosité très marquée par les effets de style des années 80 dont le casting féminin mêle plusieurs visages familiers des amateurs de science-fiction et d’heroic-fantasy. Kirstie Alley vient en effet de jouer une Vulcaine mémorable dans Star Trek II : la colère de Khan, tandis que Marina Sirtis s’apprête à devenir la conseillère Deanna Troi dans la série Star Trek : la nouvelle génération. Quant à Lana Clarkson, elle campa une impressionnante guerrière dans Deathstalker – et plus tard dans Barbarian Queen. Visiblement choisies avant tout par Mastorakis pour leur photogénie et leur absence de pudeur, toutes les trois s’effeuillent à tour de rôle en cours de métrage.
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Publicitaire américain installé à Athènes, Jonathon Ratcliff (Joseph Bottoms) voit sa vie basculer lorsqu’un accident le rend soudainement aveugle. Incapable d’expliquer médicalement cette cécité, le docteur Steiger (Keir Dullea) lui propose une solution révolutionnaire : un dispositif expérimental qui relie son nerf optique à un radar électronique que John devra toujours porter sur lui. Cet appareil, semblable à un Walkman, traduit les sons en images et lui permet de percevoir le monde sous une forme abstraite, faite de lignes et de reliefs, à la manière d’un jeu vidéo. Alors qu’il apprend à naviguer dans cette nouvelle réalité, Jonathon devient le témoin d’un meurtre. Car un tueur en série sème la terreur dans la ville et vient de frapper à nouveau. Grâce au dispositif dont il est équipé, Jonathon est persuadé d’avoir enregistré des sons qui pourraient révéler l’identité du criminel. Mais lorsque celui-ci réalise qu’il a été repéré, la chasse prend une tournure personnelle : la femme dont Jonathon est épris est désormais sa prochaine cible…
Sous l’influence de Daredevil ?
Mêlant curieusement les codes du thriller, du film d’horreur et de SF, Onde de choc possède un potentiel fascinant qui n’est hélas qu’à peine exploité par un scénario s’autorisant beaucoup de raccourcis. L’accident initial qui provoque la cécité du héros, par exemple, est incompréhensible. Comment peut-on perdre la vue en chutant mollement sur la pente d’une colline ? Il nous faut pourtant accepter ce point de départ pour entrer de plain-pied dans l’intrigue. Certaines séquences, comme celle au cours de laquelle le héros tente d’identifier le véhicule du tueur grâce au son qu’il a enregistré, ne sont pas sans évoquer Blow Out. Mais Nico Mastorakis n’est pas Brian de Palma, et lorsqu’il stylise sa mise en scène, c’est surtout pour céder aux tics des clips musicaux de l’époque. En revanche, la vision électronique dont est doté Ratcliff est une réussite graphique, la sobriété l’emportant judicieusement sur une esthétisation high-tech qui eut semblé peu plausible. Il n’est d’ailleurs pas impossible que le Daredevil de chez Marvel ait inspiré le personnage de Ratcliff. L’intrigue policière elle-même ne transcende pas celle des slashers ordinaires, malgré un parallèle intéressant entre le héros et le tueur, hélas dissipé trop tôt. Onde de choc gâche donc beaucoup de belles opportunités, ce qui ne lui ôte ni son charme, ni sa singularité. Le générique de fin annonce une suite, à la manière des James Bond. Mais le Run, Stumble and Fall qui nous est promis ne verra jamais le jour, et cet Onde de choc restera sans suite.
© Gilles Penso
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