SKELETON CREW (2024)

Quatre enfants s’égarent dans l’espace après avoir découvert l’épave d’un vaisseau spatial et affrontent mille dangers…

SKELETON CREW

 

2024 – USA

 

Créée par Christopher Ford et Jon Watts

 

Avec Jude Law, Ravi Cabot-Conyers, Ryan Kiera Armstrong, Kyriana Kratter, Robert Timothy Smith, Tunde Adebimpe, Dominic Burgess, Nick Frost, Kerry Condon

 

THEMA SPACE OPERA I SAGA STAR WARS

Située dans le sillage des événements racontés dans Le Retour du Jedi, neuf ans après la chute de l’Empire galactique, donc pendant la même période que The Mandalorian et Ahsoka, cette série Star Wars calibrée pour le jeune public est née dans l’esprit de Jon Watts, à qui nous devons les Spider-Man produits par le studio Marvel. Fort du succès des aventures de l’homme-araignée qu’il a mises en scène entre 2017 et 2021, et grâce à un pitch qui séduit immédiatement Kathleen Kennedy et Jon Favreau, Watts se lance dans Skeleton Crew dont il tient les rênes avec Christopher Ford (scénariste justement de Spider-Man Homecoming). Les choix des deux hommes sont prometteurs, notamment l’envie de mixer des effets visuels 100% numériques avec des techniques à l’ancienne (maquettes, animation en volume, marionnettes, maquillages spéciaux) et de solliciter des réalisateurs aux fortes personnalités, comme David Lowery (A Ghost Story), Bryce Dallas Howard (The Mandalorian), Jake Schreier (Robot & Frank) ou Daniel Kwan et Daniel Scheinert (Everything Everywhere All at Once).

Quand la série commence, il n’est pas bien difficile de comprendre où ses créateurs sont allés chercher leur inspiration. Les gamins qui slaloment à vélo entre les coquettes maisons de banlieue, les problèmes quotidiens des écoliers, la découverte d’un vieux navire pirate, un trésor caché, la menace d’une horde de gangsters plus ou moins difformes, une aventure à laquelle ne sont pas conviés les parents… De toute évidence, Skeleton Crew paie son tribut aux productions Spielberg des années 80 et tout particulièrement aux Goonies. L’Explorers de Joe Dante n’est pas loin non plus. Certes, les bâtiments sont futuristes, les bicyclettes en apesanteur, les enseignants des droïdes, les pirates des aliens et le navire un vaisseau spatial. Il n’en demeure pas moins que l’intégration – un peu au forceps – des composantes du cinéma d’Amblin dans l’univers de Star Wars nous laisse perplexes et semble s’inscrire dans la vogue nostalgique des années 80 qui alimentait déjà Super 8, Ça ou Stranger Things.

Amblin dans le mille

Fort heureusement, ce sentiment finit par s’évaporer au fil des épisodes qui continuent certes à se nourrir dans le terreau des Goonies et d’E.T. (en l’assumant parfaitement) mais finissent par construire une dramaturgie personnelle au sein de laquelle s’inscrit l’imagerie Star Wars sous un angle nouveau – ce qui n’est pas chose simple dans la mesure où le monde inventé par George Lucas a déjà été décliné tous azimuts. Riche en rebondissements dignes des serials des années 30, généreux en coups de théâtre et en séquences de suspense habiles, truffé de nouveaux personnages inattendus (dont l’un est incarné par notre Matthieu Kassovitz national) et de créatures bizarres (notamment un crabe-poubelle gigantesque animé en stop-motion par l’équipe du Tippett Studio), Skeleton Crew se bonifie d’épisode en épisode en laissant ses jeunes héros ainsi que les téléspectateurs perplexes quant aux motivations réelles du personnage ambigu que campe Jude Law avec un enthousiasme communicatif. De fait, même s’il est moins intense qu’Andor et moins atmosphérique que The Mandalorian, ce show ultra-divertissant se situe sur le dessus du panier des spin-off télévisés de la saga Star Wars, loin devant les dispensables Le Livre de Boba Fett, Obi-Wan Kenobi et The Acolyte.

 

© Gilles Penso


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