KILLJOY (2000)

Invoqué par un lycéen que martyrisent des petites frappes, un clown démoniaque surgit et sème la terreur en ricanant…

KILLJOY

 

2000 – USA

 

Réalisé par Craig Ross Jr.

 

Avec Angel Vargas, Vera Yell, Lee Marks, Dee Dee Austin, Kareem J. Grimes, Corey Hampton, Rani Goulant, Napiera Groves, Arthur Burghardt

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA KILLJOY I CHARLES BAND

Pour s’inscrire dans la continuité des deux premiers films d’horreur « urbains » qu’ils avaient produits avec un casting exclusivement afro-américain, Ragdoll et The Horrible Doctor Bones, Charles Band et Mel Johnson Jr. envisagent l’histoire d’un clown maléfique sans idée précise de scénario. C’est là qu’intervient Carl Washington, un tout jeune auteur. « J’avais 21 ans et c’était mon premier grand film, donc c’était vraiment, vraiment excitant », se souvient-il. « Pour moi, c’était l’occasion de créer mon propre Freddy Krueger, ou Jason, ou Michael Myers. Je suis très heureux d’être le scénariste qui a lancé la franchise Killjoy, surtout à un si jeune âge. Je leur serai toujours reconnaissant d’avoir eu cette opportunité ! » (1) C’est spontanément que Washington entre en contact avec Mel Johnson Jr., après avoir vu Ragdoll, et lui propose ses services. Le traitement qu’il propose pour cette histoire de clown est suffisamment convaincant pour qu’il soit aussitôt engagé en tant que scénariste. La réalisation est confiée à Craig Ross Jr., qui n’a jusqu’alors signé qu’un seul film, le thriller Capuccino. La bride sur le cou, ce dernier peut choisir ses acteurs et son équipe technique pour mener le tournage comme bon lui semble, dans la mesure où il respecte les drastiques restrictions budgétaires qu’on lui impose.

Killjoy raconte l’histoire de Michael (Kareem J. Grimes), un lycéen gentil et naïf qui en pince pour la jolie Jada (Vera Yell), sa camarade de classe, à qui il propose de l’accompagner pour le bal de fin d’année. Mais Jada est la petite-amie de Lorenzo (William Johnson, vu dans Ragdoll), un gangster qui n’aime pas beaucoup qu’on empiète sur ses plates-bandes. Il roue donc de coups le pauvre Michael, avec ses deux sbires T-Bone (Corey Hampton) et Baby Boy (Rani Goulant). Le soir même, ivre de vengeance, le lycéen s’enferme chez lui, s’entoure de bougies, brandit une poupée de clown et se lance dans une séance de magie noire au cours de laquelle il invoque une entité nommée Killjoy. Or rien ne se produit. Dans la foulée, Lorenzo et ses gorilles le kidnappent et l’emmènent dans les bois pour lui faire peur. Mais un coup de feu intempestif part trop vite et Michael passe aussitôt de vie à trépas. Un an plus tard, Jada a changé de petit ami et Lorenzo poursuit ses activités illicites. C’est le moment que choisit Killjoy, le clown démoniaque et vengeur, pour faire son apparition…

Serial blagueur

Extrêmement mal fichu, d’une stupidité sans pareille, trahissant sans cesse son budget ridicule, Killjoy se révèle pourtant plus distrayant que Ragdoll ou The Horrible Doctor Bones, sans doute parce qu’il ne se prend jamais trop au sérieux, ne perd pas de temps en trop longs préliminaires, évite de nous asséner une chanson rap ou RnB toutes les dix minutes et s’offre les services d’un croquemitaine boute-en-train. Incarné par Ángel Vargas sous un maquillage de David Lange, Killjoy est bien sûr l’intérêt principal du film. Blagueur, insensible aux balles, capable de se téléporter, visiblement doté du don d’ubiquité, ce mixage improbable entre le Pennywise de Ça et le Stanley Ipkiss de The Mask se promène dans un camion de glaces et transporte ses captifs dans un monde parallèle – une espèce d’entrepôt abandonné – où il s’amuse un peu avec eux avant de les tuer. De très vilains effets numériques sont sollicités pour montrer les morts des victimes du clown, qu’on aurait aimé plus originales et mieux mises en scènes. Les trépassés réapparaissent ensuite sous forme de fantômes/zombies amochés, au fil d’une intrigue sans queue ni tête. Visiblement à cours d’idées, le scénariste et le réalisateur nous offrent une scène de douche parfaitement gratuite qui s’attarde sur l’anatomie de la peu pudique Dee Dee Austin, puis font intervenir aux deux tiers du métrage un SDF mystérieux qui nous raconte tout ce que nous venons déjà de voir, au cours de l’une des scènes les plus inutiles de l’histoire du cinéma. Sympathique mais très dispensable, Killjoy donnera naissance à une petite franchise permettant au clown psychopathe de refaire régulièrement des siennes.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


Partagez cet article