La nuit de noces de Grace se transforme en cauchemar lorsqu’elle découvre les rituels ancestraux de sa belle-famille…
READY OR NOT
2019 – USA
Réalisé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
Avec Samara Weaving, Adam Brody, Mark O’Brien, Henry Czerny, Andie MacDowell, Melanie Scrofano, Kristan Bruun, Elyse Levesque, Nicky Guadagni
THEMA TUEURS I DIABLE ET DÉMONS
Fondé en 2011 par Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett, Justin Martinez et Chad Villella, le collectif « Radio Silence » est une entité destinée dès sa création à la production de programmes cinématographiques et télévisuels (avec un fort penchant pour le fantastique et l’horreur). Après avoir signé un segment pour l’anthologie V/H/S, le film d’épouvante The Baby et un sketch de 666 Road, l’équipe se réunit pour un nouveau long-métrage très prometteur baptisé Ready or Not (« Prêt ou non »), un titre ambigu que les distributeurs français décident de « traduire » par Wedding Nightmare (« Le cauchemar du mariage »). Le duo Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett assure la mise en scène (comme pour The Baby) tandis que Chad Villella officie en tant que producteur exécutif. Cette fois-ci, Justin Martinez n’est pas de l’aventure, même si le nom de « Radio Silence » est toujours crédité au générique. La production s’amorce fin 2017, pour un tournage organisé au Canada, principalement à Toronto et dans les alentours. Le scénario, qu’écrivent à quatre mains Guy Busick et R. Christopher Murphy, s’efforce d’équilibrer la comédie noire, le suspense et l’horreur, dans un contexte qui n’est pas sans évoquer certains romans d’Agatha Christie ou même le jeu Cluedo. Pour autant, il ne s’agit pas ici de deviner qui est l’assassin mais plutôt de savoir comment la victime présumée va s’en sortir.
Grace (Samara Weaving), ancienne enfant placée en famille d’accueil, est sur le point d’épouser Alex (Adam Brody), membre de la riche famille Le Domas qui a fait fortune grâce aux jeux de société Domas Family Games. La cérémonie se déroule dans la somptueuse propriété des parents d’Alex, où Grace fait la connaissance de sa belle-famille. Après le mariage, la jeune épouse aimerait bien profiter comme il se doit d’une nuit de noces digne de ce nom, mais il lui faut d’abord se plier à une tradition singulière. Elle apprend que l’ancêtre de la famille, Victor le Domas, a passé un marché avec un mystérieux homme nommé Le Bail lors d’un voyage en bateau. Ce pacte, qui a permis aux Le Domas de bâtir leur empire, impose une obligation : chaque nouvelle personne rejoignant la famille doit tirer une carte d’une boîte énigmatique laissée par Le Bail. Le jeu indiqué sur la carte doit alors être joué par tous les membres de la famille. À minuit, Grace tire une carte et découvre qu’elle doit participer à une partie de cache-cache. Mi perplexe mi amusée, elle n’imagine pas la tournure que s’apprête à prendre la nuit…
Tuer n’est pas jouer
Original, drôle, surprenant, satirique, ponctué de moments de suspense très réussis, Wedding Nightmare est une excellente surprise dont le scénario ne cesse de rebondir. De fait, même si le film convoque deux motifs classiques du cinéma de genre – le pacte diabolique et la chasse à l’homme – le résultat final ne ressemble à rien de connu. Et si l’ombre des Chasses du comte Zaroff plane inévitablement sur ce récit rocambolesque, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett parviennent à nous emmener là où on ne les attend pas, avec en prime quelques savoureux gags sanglants à répétition. En filigrane, le scénario pousse très loin la métaphore du poids des traditions familiales, auxquelles il semble impossible de se soustraire même lorsqu’elles se révèlent absurdes, aberrantes ou amorales. « J’ai réalisé qu’on était capable de faire n’importe quoi si c’était approuvé par la famille », dira à ce propos Alex. Au beau milieu de cette galerie de personnages tous plus détestables et grotesques les uns que les autres, le seul vecteur d’identification possible est la « nouvelle venue », autrement dit Grace. « Tu m’as dit que ta famille était dingue, mais tu ne m’as pas dit que c’étaient des tueurs psychopathes ! » s’exclamera-t-elle à mi-chemin de son éprouvant parcours du combattant au cours duquel le relookage de sa tenue de mariée nous rappellera celui de Leticia Dolera dans [Rec]3. Dommage que les réalisateurs se soient ensuite laissés embarquer dans deux épisodes de Scream conventionnels, avant de retrouver un peu de leur mordant avec Abigail.
© Gilles Penso
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