Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus se réunissent pour une farce biblique qu’on aurait espéré plus drôle…
LES ROIS MAGES
2001 – FRANCE
Réalisé par Didier Bourdon et Bernard Campan
Avec Didier Bourdon, Bernard Campan, Pascal Légitimus, Virginie de la Clausade, Walid Afkir, Nathalie Roussel, Claude Brosset, Christophe Hémon, Colette Maire
Le succès des Trois frères au cinéma n’aura pas été sans revers. Jugeant que leur producteur historique Paul Lederman a perçu une part des bénéfices anormalement élevée par rapport à eux, Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus entrent en conflit avec lui. Résultat des courses : Lederman contre-attaque et décide d’empêcher le trio d’utiliser le nom des Inconnus pour tous leurs projets futurs. En désespoir de cause, leurs deux films suivants, Le Pari et L’Extra-terrestre, sont tournés sans la présence de Pascal Légitimus. Lederman conteste cependant ce détournement de l’identité du groupe comique dont il détient encore les droits et relance une procédure qu’il gagnera en 1999. Une fois les esprits relativement apaisés, Bourdon, Campan et Légitimus peuvent enfin se réunir sur grand écran dans la mesure où Lederman participe au projet en tant que co-producteur. Les Rois Mages marque ainsi les retrouvailles cinématographiques officielles des Inconnus depuis Les Trois frères. Claude Berri participe lui aussi au film et parvient à réunir un budget de près de 12 millions d’euros, de quoi donner largement aux trublions les moyens de leurs ambitions.
Écrit et réalisé par Bourdon et Campan, Les Rois Mages recycle une situation comique ultra-classique, déjà éprouvée sans beaucoup de succès dans L’Extra-terrestre : le « poisson hors de l’eau », autrement dit le personnage plongé dans un contexte dont il ignore tout et auquel il va devoir s’adapter malgré lui. Ainsi, en une tardive démarcation des Visiteurs, le film raconte l’histoire de Balthazar, Melchior et Gaspard, tombés dans une faille temporelle alors qu’ils étaient en quête de l’enfant de Bethléem en plein désert. En cherchant à rejoindre l’étable où est né Jésus, ils se retrouvent propulsés plus de 2000 ans dans le futur, au beau milieu de Paris. Séparés dès leur arrivée, ils ne cessent de s’émerveiller face aux surprises que leur réserve le monde moderne. Tandis que Melchior rencontre Jo, un jeune dealer, et que Balthazar croise la route de Macha, une apprentie comédienne, le trio finit par se retrouver (métaphore des retrouvailles réelles des trois acteurs ?) et peut enfin se remettre en quête de « l’enfant roi »…
Un spot de pub géant
C’était à craindre, le concept fixe ses limites assez rapidement et les possibilités offertes par le scénario s’épuisent en un quart d’heure à peine. Une fois que les rois mages se sont extasiés face à des escalators et des mini-bars, ont essayé d’éteindre une lampe en soufflant dessus, ont découvert le McDonald’s et ont erré dans un bar à prostituées, on a fait le tour du ressort comique et l’ennui s’installe peu à peu. Certes, deux ou trois gags surnagent, une poignée de dialogues font mouche et les mimiques du trio arrachent quelques sourires, mais c’est un peu court. D’autant que les comédiens qui leur donnent la réplique sont globalement très peu convaincants – engoncés dans des rôles extrêmement stéréotypés – et que le récit patine lamentablement sans parvenir à se développer. Au cours du troisième acte survient le personnage d’un producteur de télévision qui semble vouloir relancer l’intrigue, mais son intervention ne mène nulle part. Les trucages numériques ratés qui s’efforcent de faire varier les plaisirs et l’abondante profusion de placements produits (on se croirait dans un spot de pub géant) n’arrangent évidemment rien. Bref, Les Rois Mages prouve – comme d’autres films avant lui – que l’humour concis des sketches télévisés ne suffit pas à satisfaire les exigences d’un long-métrage digne de ce nom.
© Gilles Penso
Partagez cet article