BIGGLES (1986)

Un homme d’affaires des années 80 se retrouve inexplicablement propulsé en pleine première guerre mondiale pour secourir un pilote anglais…

BIGGLES

 

1986 – GB / USA

 

Réalisé par John Hough

 

Avec Neil Dickson, Peter Cushing, Alex Hyde-White, Fiona Hutchison, Marcus Gilbert, William Hootkins, Alan Polonsky, Francesca Gonshaw, Michael Siberry

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS

Le film de guerre Le Crépuscule des aigles de John Guillermin avait rameuté les foules et renfloué les caisses de la 20th Century Fox en 1966. Le studio concurrent Universal décide alors de s’engouffrer dans la brèche en proposant son propre film militaire aérien en s’inspirant de la série de romans à succès que l’écrivain W.E. Johns a consacré à l’aviateur de la première guerre mondiale James Bigglesworth, alias Biggles. Le scénario est écrit par Chris Bryant, les repérages s’effectuent en Algérie, plusieurs répliques d’avions d’époque sont construites, James Fox (The Servant, La Poursuite impitoyable) est pressenti pour le rôle principal, bref les choses semblent bien parties. Mais le budget grimpe et le projet est annulé malgré les dépenses déjà engagées. Dès lors, Biggles va jouer l’Arlésienne. En 1979, Dudley Moore est devenu bankable grâce à Elle de Blake Edwards et se verrait bien dans la peau de Biggles. Un film le mettant en vedette est donc sérieusement envisagé, mais il ne se concrétise pas.  Trois ans plus tard, c’est Jeremy Irons qui est annoncé dans l’uniforme du pilote. Il faut finalement attendre 1984 pour que Biggles démarre vraiment, avec un réalisateur expérimenté derrière la caméra, John Hough (La Maison des damnés, Les Yeux de la forêt), et une étoile montante dans l’uniforme de Biggles, Neil Dickson (repéré dans la série biblique A.D.).

Au départ, Biggles est censé être un film d’aventures sur fond de première guerre mondiale surfant sur le triomphe des Aventuriers de l’arche perdue et d’Indiana Jones et le temple maudit. Mais entretemps, un nouveau phénomène débarque sur les écrans : Retour vers le futur. L’aventure rétro ne suffit pas, il faut désormais y ajouter de la science-fiction et si possible des voyages dans le temps. Tant pis pour les puristes des romans originaux. Le scénario est donc entièrement remanié par John Groves et Kent Walwin pour s’efforcer de cocher toutes les cases. Le film commence au milieu des années 80. Jim Ferguson (Alex Hyde-White), un businessman vivant à New York, est inexplicablement transporté en 1917, où il sauve la vie du fringant pilote du Royal Flying Corps James « Biggles » Bigglesworth (Neil Dickson) qui vient de se faire abattre lors d’une mission de reconnaissance photographique. Avant qu’il ne puisse comprendre ce qui s’est passé, Jim est renvoyé en 1986. Il reçoit alors la visite de l’ancien commandant de Biggles, William Raymond (Peter Cushing), qui vit désormais dans le Tower Bridge à Londres. Raymond lui expose sa théorie selon laquelle Ferguson et Biggles sont des « jumeaux temporels », transportés spontanément dans le temps lorsque l’autre est en danger de mort…

Les jumeaux temporels

Sa conception ayant été un peu chaotique, Biggles est un film hybride qui semble hésiter entre plusieurs genres sans vraiment parvenir à se décider. L’influence de Retour vers le futur est très visible, tout comme celle de Philadelphia Experiment avec lequel il présente plusieurs points communs. Mais contrairement aux films de Robert Zemeckis et Stewart Raffill, il ne s’embarrasse ni de rigueur, ni de logique, ni même d’explication claire. Seule nous est livrée la vaseuse théorie énoncée par un Peter Cushing qu’on a toujours plaisir à revoir, même si son rôle reste ici relativement anecdotique et s’il nous paraît très maigre et affaibli. Ce sera du reste sa dernière apparition à l’écran. Le reste du casting est sans éclat, malgré le capital sympathie de Neil Dickson. Biggles capitalise beaucoup sur ses séquences d’acrobaties aériennes qui, pour spectaculaires qu’elles soient, évoquent plus volontiers des numéros de cascadeurs forains que de véritables batailles dans les cieux de 14-18. Supervisées par le réalisateur de seconde équipe Terry Coles, qui avait effectué un travail similaire sur La Bataille d’Angleterre de Guy Hamilton, elles ne manquent certes pas d’audace. La séquence de l’hélicoptère qui atterrit et redécolle sur le wagon d’un train qui roule à près de 70 kilomètres/heure, par exemple, est une grande première. Pas foncièrement mémorable, Biggles rachète les facilités de son scénario par un traitement humoristique pleinement assumé et un second degré omniprésent, comme en témoigne son excentrique épilogue.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article