NIMITZ, RETOUR VERS L’ENFER (1980)

Kirk Douglas incarne le commandant d’un porte-avion des années 80 qui se retrouve propulsé en 1941, juste avant l’attaque de Pearl Harbor…

THE FINAL COUNTDOWN

 

1980 – USA

 

Réalisé par Don Taylor

 

Avec Kirk Douglas, Martin Sheen, Katharine Ross, James Farentino, Ron O’Neal, Charles Durning, Victor Mohica

 

THEMA VOYAGES DANS LE TEMPS

C’est Peter Douglas, fils de Kirk et frère de Michael, qui est à l’origine de Nimitz, retour vers l’enfer. Après un prometteur début de carrière dans le domaine de la photographie de presse, Douglas décide de se lancer dans la production. En attendant de pouvoir concrétiser l’adaptation du roman de Ray Bradbury Something WIcked This Way Comes – qui deviendra La Foire des ténèbres en 1983 -, il se lance dans une histoire de voyage dans le temps dont il propose le rôle principal à son père et la réalisation à Don Taylor (un solide artisan ayant déjà emballé quelques films fantastiques efficaces comme Les Évadés de la planète des singes, L’Île du docteur Moreau ou Damien : La Malédiction 2). Pour les besoins de Nimitz, le jeune producteur obtient la pleine collaboration du ministère de la Défense américain. L’U.S. Navy met ainsi à sa disposition le porte-avion du titre, un grand nombre d’avions militaires et une cinquantaine de soldats assurant la figuration. Pour autant, le budget du film est raisonnable et la production reste indépendante. Pour donner la réplique à Kirk, Peter aimerait solliciter son frère Michael, mais ce dernier est alors très occupé par la post-production du Syndrome chinois – dont il est producteur – et doit donc décliner l’offre. C’est finalement Martin Sheen, tout droit sorti de d’Apocalypse Now, qui le remplace, aux côtés de Katharine Ross (Les Femmes de Stepford) et James Farentino (Réincarnations).

En début de métrage, le commandant du porte-avions Nimitz (Kirk Douglas) reçoit bien malgré lui la visite de Lasky (Martin Sheen), envoyé par le Ministère de la Défense pour vérifier les méthodes de fonctionnement à bord et proposer le cas échéant des améliorations. Alors que la météo annonçait une journée ensoleillée, le climat commence à faire des siennes, et bientôt un gigantesque cyclone fait son apparition dans le ciel avant d’engloutir purement et simplement le navire. Lorsque le calme revient, tout semble redevenu normal. Mais l’équipage capte bizarrement des émissions de radio des années 40. Quant aux photographies de reconnaissance d’un des avions, elles montrent la baie de Pearl Harbor telle qu’elle était en 1941. Bientôt, les hommes à bord du Nimitz voient toute la flotte japonaise approcher de Pearl Harbor. Ils comprennent alors l’invraisemblable vérité : ils ont remonté le temps jusqu’au 7 décembre 1941. Un terrible dilemme se présente à eux : doivent-ils les envoyer par le fond (ce que leur permet leur puissance de feu moderne) ou refuser d’intervenir pour ne pas bouleverser le cours de l’histoire ?

Le dilemme

Les conséquences d’une modification du continuum espace-temps et les paradoxes temporels qui pourraient en découler sont les aspects les plus fascinants du scénario. Même si le récit nous semble ne pas exploiter pleinement les complexités morales liées au choix que doivent faire nos protagonistes, chacun est amené à se positionner. « Une fois que l’événement a eu lieu, il ne faut pas qu’on le manipule » affirme ainsi le commandant Owens campé par James Farentino. Dommage que le fier capitaine qu’incarne Kirk Douglas semble prendre tout ça avec beaucoup de détachement, suscitant une distanciation pénalisante vis-à-vis de la gravité de la situation. Une écriture plus rigoureuse du personnage aurait permis de resserrer les enjeux et d’accroitre l’efficacité globale du film. Il n’en demeure pas moins que Nimitz est un exercice de style fascinant, ses séquences d’action anachroniques – comme celle des deux supersoniques prenant en chasse des Zéro japonais – n’étant pas sans évoquer celles des Guerriers de l’apocalypse sorti sur les écrans un an plus tôt et reposant sur un principe voisin. Pour économiser sur le budget tout en ménageant des moments spectaculaires, Nimitz emprunte plusieurs séquences de l’attaque de Pearl Harbor à Tora ! Tora ! Tora ! de Richard Fleischer et Kinji Fukasaku. Les effets visuels de la tempête magnétique, eux, sont l’œuvre de Maurice Binder, célèbre designer des génériques de nombreux James Bond. Le film de Don Taylor multiplie les moments de suspense et de surprise jusqu’à un habile retournement final de situation. Succès modéré au moment de sa sortie, Nimitz, retour vers l’enfer finira par générer un certain culte au fil des ans.

 

© Gilles Penso


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