Un concepteur d’androïdes reçoit la visite d’une de ses premières créations : une jeune femme artificielle prise de pulsions homicides…
MAID DROID ORIGINS
2024 – USA
Réalisé par Rich Mallery
Avec Katie Kay, Bryan Brewer, Cassie Ghersi, Fawn Winters, Chris Spinelli, Bryan Mittelstadt, Emiko Ishii, Tyler Delaney
THEMA ROBOTS
Voilà bien une suite qu’on n’attendait pas. Sans être honteux, Maid Droid n’était pas non plus un film follement mémorable, s’efforçant d’aborder la thématique de nos relations aux robots avec un budget minuscule, une direction artistique réduite à sa plus simple expression, des acteurs visiblement débutants et une pincée d’érotisme pour faire bonne mesure. Il faut croire que ce long-métrage indépendant fut rentable, puisque Rich Mallery se lance l’année suivante dans une suite, ou plutôt une prequel, d’où le titre Maid Droid Origins. Cela dit, au-delà du concept d’androïdes féminins en tenue de femme de ménage sexy qui finissent par se dérégler, les liens entre les deux films restent assez ténus. Maid Droid et Maid Droid Origins n’ont d’ailleurs aucun personnage en commun, même si quelques indices laissent effectivement entendre que les événements racontés dans celui-ci se déroulent avant ceux du film précédent. Nous avons par exemple ici affaire aux robots du modèle X1, alors que le premier Maid Droid mettait en scène une unité X5. Pour le reste, les deux volets de ce modeste diptyque peuvent s’apprécier indépendamment.
Eve (Katie Kay) est une androïde conçue par la compagnie Syndell pour satisfaire ses clients. Même si elle porte une jolie tenue d’employée de maison, ses missions sont rarement liées au ménage et au repassage. Alors qu’elle fait l’amour avec un homme qui a loué ses services, une pulsion soudaine et inexplicable la pousse à resserrer ses mains autour de son cou et à l’étrangler jusqu’à ce qu’il rende son dernier souffle. Choquée par ce qu’elle vient de faire, ne sachant pas où aller, l’androïde décide de se réfugier chez le roboticien Timothy (Bryan Brewer) qui fut son concepteur. Peut-être saura-t-il lui expliquer pourquoi elle s’est muée en meurtrière. Engagé dans une relation compliquée avec sa femme Belle (Cassie Ghersi), une working girl froide et distante, Timothy se sent très proche d’Eve, qui fut son premier modèle. Il accepte donc de la diagnostiquer pour comprendre ses accès de violence. Mais il opère secrètement en la cachant dans son garage pour éviter d’éveiller les soupçons de Belle. Et bientôt, des sentiments inattendus commencent à se développer entre l’homme et la machine…
Ménage à trois
Rich Mallery est décidément un réalisateur aux intentions insaisissables. De prime abord, Maid Droid Origins est un petit film érotique au vague prétexte science-fictionnel, comme l’annonce son poster aguicheur qui se calque fidèlement sur celui du premier film (à part le remplacement d’actrice, on ne voit guère de différence). Le scénario essaie pourtant de traiter très sérieusement les mêmes thèmes que ceux de Blade Runner, plaçant la capacité des androïdes à rêver, ressentir des émotions, aimer et se faire aimer au cœur de ses enjeux. De fait, ce petit huis-clos joué par une minuscule poignée d’acteurs semble presque vouloir se positionner comme un drame psychologique aux répercussions métaphysique. Le grand écart entre les ambitions du script et la patine du résultat final est vertigineux. Car entre deux échanges de dialogues philosophiques (« Pourquoi est-ce que j’existe ? », « Pour pouvoir profiter des expériences qu’offre le monde »), Mallery dénude gentiment ses deux actrices principales et multiplie les séquences fétichistes, son héros roboticien étant adepte des relations SM. Force est tout de même de reconnaître que l’histoire se tient mieux que celle du premier film et qu’un twist de dernière minute permet de faire rebondir l’intrigue de manière intéressante. Pas de quoi s’extasier, certes, mais l’effort – pour maladroit et erratique qu’il soit – mérite d’être salué.
© Gilles Penso
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