SILENT BITE (2024)

Un groupe de gangsters déguisés en Pères Noëls se réfugient avec leur butin dans un hôtel où les guette une menace inattendue…

TITRE ORIGINAL

 

2024 – CANADA

 

Réalisé par Taylor Martin

 

Avec Luke Avoledo, Nick Biskupek, Camille Blott, Louisa Capulet, Sayla de Goede, Dan Molson, Simon Philips, Chad Ridgely, Kelly Schwartz, Sienna Star

 

THEMA VAMPIRES

Toujours prompt à souiller Noël avec des gerbes de sang, le scénariste Simon Philips s’était déjà rendu coupable des scripts de Once Upon a Time at Christmas en 2017 et de The Nights Before Christmas en 2019. Silent Bite s’inscrit dans la même mouvance, mêlant horreur, comédie et fêtes de fin d’année. Les deux films précédents n’ayant pas particulièrement marqué les mémoires, pas plus que le dernier travail d’écriture en date de Philips (Mickey’s Mouse Trap), nous ne savions trop quoi espérer de ce nouvel opus, confié au réalisateur Taylor Martin qui signe là son premier long-métrage. Le jeu de mot du titre, qui s’amuse à remplacer « nuit » par « morsure » dans l’expression « Silent Night », passe forcément beaucoup moins bien en français (les esprits grivois auront même du mal à réfréner quelques rires gras, comment leur en vouloir ?). Silent Bite commence sur des chapeaux de roue. Un générique constitué de cartons dessinés façon comic book (qui semblent avoir été bricolés avec une I.A.) s’égrène avec dynamisme tandis que retentit une reprise rock de « Jingle Bells ». Conditionnés, nous nous calons dans notre fauteuil près du sapin et des guirlandes en attendant tranquillement la suite. Après tout, nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise.

La veille de Noël, une bande de braqueurs déguisés en Pères Noël dévalise une banque. Après leurs méfaits, Prancer (Luke Avoledo), Grinch (Nick Biskupek), Father Christmas (Simon Phillips) et Snowman (Michael Swatton) trouvent refuge au Jolly Roger Inn and Resort, un motel isolé en plein désert. Pendant ce temps, leur complice Rudolph (Dan Molson) détourne l’attention de la police en les éloignant le plus possible de ses partenaires et du butin. Le propriétaire du motel (Paul Whitney), attiré par une part du gâteau, accepte de les héberger en toute discrétion. Mais la tranquillité espérée tourne court lorsque quatre femmes séduisantes, également clientes de l’hôtel, se mettent à éveiller la méfiance des braqueurs. Leur instinct ne les trompe pas : ces créatures mystérieuses sont en réalité des vampires, bien décidées à se mettre les gangsters sous la dent pour leur dîner de Noël. La situation se complique encore lorsque l’un des braqueurs découvre dans une des chambres du motel qu’une captive du quatuor infernal est en train de se transformer en vampire…

Ça sent le sapin

Même s’il ne peut s’empêcher de payer son tribut à Quentin Tarantino (en reprenant la structure narrative d’Une nuit en enfer et en puisant dans Reservoir Dogs l’idée de la dispute à propos des noms de code), Silent Bite part plein d’entrain, grâce à son rythme nerveux, ses dialogues qui fusent et sa tonalité légère. Mais l’originalité espérée n’est pas vraiment au rendez-vous. Les situations nous sont déjà familières (on pense à une infinité d’autres films de vampires, y compris Abigail qui confrontait aussi en huis-clos une suceuse de sang avec des malfaiteurs), les personnages très stéréotypés et les péripéties finalement assez limitées. Et si les interprètes des gangsters exhalent un certain charisme (l’acteur/scénariste Simon Phillips en tête), les actrices qui incarnent les vampires manquent cruellement de crédibilité et de conviction, comme si elles n’y croyaient pas eux-mêmes. C’est notamment le cas de Sayla de Goede, la « mère » des créatures de la nuit qui multiplie les mimiques caricaturales et les gestuelles théâtrales. Une poignée d’idées amusantes saupoudrent certes le film (comme le réceptionniste qui donne le sentiment de parler tout seul puisque la caméra de surveillance n’enregistre pas les vampires) mais son potentiel prometteur s’évapore bien vite. Pas spécialement drôle, pas du tout effrayant, plombé par une poignée d’effets numériques approximatifs, chiche en sang et en gore, Silent Bite a du mal à se positionner et nous fait finalement l’effet d’un pétard mouillé.

 

© Gilles Penso


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