SHERLOCK HOLMES CONTRE JACK L’ÉVENTREUR (1965)

Le détective et l’assassin les plus célèbres de tous les temps s’affrontent dans cette savoureuse production britannique…

A STUDY IN TERROR

 

1965 – GB

 

Réalisé par James Hill

 

Avec John Neville, Donald Houston, John Fraser, Anthony Quayle, Barbara Windsor, Adrienne Corri, Frank Finlay, Judi Dench

 

THEMA TUEURS

Si Arthur Conan Doyle n’a jamais consacré un seul de ses romans à une enquête de Sherlock Holmes liée aux agissements sanglants de Jack l’éventreur, la tentation de faire se rencontrer les deux personnages était trop forte pour qu’un jour où l’autre le cinéma ne tente pas l’aventure. Écrit par Donald et Derek Ford (Le Spectre maudit), le scénario de Sherlock Holmes contre Jack l’éventreur tente ainsi le grand écart entre la réalité et la fiction. Le titre original du film se réfère à celui d’un roman spécifique (A Study un Scarlet de 1887) et le dialogue que le célèbre détective entame avec son frère Mycroft à propos de « l’affaire du manoir » est fidèlement repris à la nouvelle The Greek Interpreter que Doyle écrivit en 1893. Parallèlement, le film met en scène cinq victimes de l’éventreur (Annie Chapman, Mary Ann Nichols, Elizabeth Stride, Catherine Eddowes et Mary Jane Kelly) qui ont réellement existé et sur lesquelles Scotland Yard a mené ses investigations. La mise en scène est assurée par James Hill, qui allait se spécialiser dans la réalisation d’épisodes de séries TV britanniques très recommandables telles que Chapeau Melon et bottes de cuir, Le Saint ou Amicalement vôtre, et à qui nous devons également Le Capitaine Nemo et la ville sous-marine.

En 1888, le quartier de Whitechapel devient le théâtre de plusieurs meurtres nocturnes visant des prostituées. Sherlock Holmes (John Neville), d’abord informé de ces crimes par les récits de son ami, le docteur John Watson (Donald Houston), se retrouve impliqué de manière inattendue lorsqu’il reçoit par la poste une trousse de chirurgien incomplète, à laquelle manque un couteau de dissection. Grâce à son œil acéré, Holmes découvre des armoiries dissimulées dans le coffret, celles de la noble famille Osborne. Cette piste les mène, Watson et lui, jusqu’à la propriété du duc de Shires (Barry Jones). Sur place, ils apprennent que la trousse appartenait autrefois à Michael Osborne (John Cairney), le fils aîné de la famille, aujourd’hui disparu et en disgrâce auprès de son père. Ils font également la connaissance de Lord Edward Carfax (John Fraser), le frère cadet de Michael. Poursuivant l’enquête, Holmes découvre qu’un prêteur sur gage a récemment reçu le coffret des mains d’une certaine Angela Osborne (Adrienne Corri). Il charge alors Watson de retrouver cette femme à l’asile pour déshérités du docteur Murray (Anthony Quayle). Pendant ce temps, les effroyables meurtres de Jack l’Éventreur continuent de semer la terreur dans Londres…

Un slasher victorien

Futur Baron de Munchausen pour Terry Gilliam, John Neville est un excellent Sherlock Holmes, son mélange subtil d’élégance, de cynisme et de flegme froid rappelant la prestation de Peter Cushing dans Le Chien des Baskerville. Neville reprendra et enrichira d’ailleurs ce rôle quelques années plus tard sur les planches de Broadway. Le casting, orné de toute une galerie de solides comédiens britanniques, laisse aussi la part belle à Donald Houston, très convaincant en Watson, et laisse apparaître Judi Dench, future interprète de M pour la saga James Bond. Sacrifiant à un certain classicisme, la mise en scène de James Hill laisse toutefois la part belle à quelques idées visuelles très intéressantes, comme ce plan séquence en caméra subjective décrivant – du point de vue du tueur – l’agression d’une des prostituées, un procédé qui sera repris à son compte par John Carpenter pour Halloween, puis deviendra le passage obligatoire de nombreux slashers. La révélation finale est certes un peu décevante, sans toutefois gâcher le plaisir éprouvé par ce long-métrage composite – à mi-chemin entre le film d’épouvante victorien et l’enquête policière en costumes – qui bénéficie en outre d’une très belle partition de John Scott mêlant l’orchestre à d’étranges mélodies solistes à la mandoline.

 

© Gilles Penso


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