HELLRAISER : JUDGMENT (2018)

Tandis que trois inspecteurs de police enquêtent sur les meurtres atroces d’un tueur en série, Pinhead se met en quête d’âmes damnées…

HELLRAISER : JUDGMENT

 

2018 – USA

 

Réalisé par Gary J. Tunnicliffe

 

Avec Damon Carney, Randy Wayne, Alexandra Harris, Heather Langenkamp, Paul T. Taylor, Gary J. Tunnicliffe, Jeff Fenter, Tony Payne, Rheagan Wallace

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA HELLRAISER

Voilà plusieurs années que l’expert en maquillages spéciaux Gary J. Tunnicliffe rêve de réaliser un Hellraiser. Pilier de la saga inspirée par Clive Barker depuis le troisième opus, il s’était offert un galop d’essai en 2004 en dirigeant le court-métrage No More Souls : One Last Slice of Sensation, un bonus caché du DVD de Hellraiser : Deader. Il projette ensuite de diriger Hellraiser : Révélations, mais un conflit de calendrier l’en empêche et c’est finalement Victor Garcia qui réalise cet épisode très anecdotique. Déçu, Tunnicliffe écrit un film d’horreur indépendant qui possède sa propre mythologie en espérant le faire financer, sans succès. Jusqu’au jour où Dimension Films se tourne vers lui : il leur faut produire un Hellraiser rapidement s’ils veulent conserver les droits de la franchise. Tunnicliffe réadapte alors son scénario. C’est ainsi que naît Hellraiser : Judgment, que Dimension produit en même temps que Children of the Corn : Runaway de John Gulager, les deux films étant tournés simultanément dans des décors voisins. Doug Bradley refusant toujours de reprendre le rôle de Pinhead, à cause de la piètre qualité des derniers épisodes de la saga, Tunnicliffe lui cherche un remplaçant plus convaincant que le Stephan Smith Collins de Hellraiser : Révélations et jette son dévolu sur Paul T. Taylor.

C’est dans un tout nouveau monde que nous entraîne le prologue de Hellraiser : Judgment. Certes, Pinhead est déjà là, mais les autres créatures qui le côtoient ne sont pas des Cénobites. Elles proviennent d’un autre univers macabre, « l’inquisition stygienne », preuve que la première version du scénario ne se rattachait pas directement à la saga. Le plus étonnant d’entre eux est « l’Auditeur », un homme à la figure couturée de cicatrices que Gary J. Tunnicliffe interprête lui-même. Sa mission : recueillir le témoignage des âmes damnées qui tombent entre ses griffes, puis soumettre ce rapport écrit à « l’Évaluateur » (joué par le réalisateur John Gulager) qui dévore littéralement les morceaux de papier avant de les régurgiter. La sentence finale est appliquée par « le Boucher » et « le Chirurgien ». Parallèlement à cette antichambre de l’enfer que nous fait découvrir l’entame du film, le scénario s’intéresse à l’enquête policière menée par trois détectives : les frères Sean et David Carter et l’inspectrice Christine Egerton (Damon Carney, Randy Wayne et Alexandra Harris). Leur cible : un serial killer dont les meurtres s’inspirent des Dix Commandements.

Sous l’influence de Seven

Hellraiser : Judgment n’a pas beaucoup d’envergure et trahit cruellement son manque de moyens (son budget est estimé à environ 350 000 dollars). Mais il a le mérite de s’efforcer d’enrichir la mythologie originale, de savoir bâtir une atmosphère glauque oppressante et d’offrir aux spectateurs un défilé de créatures perturbantes. Au-delà de Pinhead et de l’Auditeur, nous avons ainsi droit à un trio de femmes nues au visage écorché, un boucher massif qui porte un masque en forme de tête de bébé ou encore un tueur tout de cuir vêtu dont la tête est dissimulée par un masque à gaz. Tunnicliffe sait tirer parti du mieux qu’il peut des décors décrépits à sa disposition pour muer l’apparition de chacun de ces échappés de l’enfer en moments de cauchemar efficaces. Côté enquête policière, on ne peut s’empêcher de penser à Seven, qui demeure visiblement la référence principale du film. Les assassinats sophistiqués et atroces suivent en effet un schéma similaire, chaque victime étant frappée selon l’un des commandements de la bible qu’elle aurait bafoué, tandis que le meurtrier adresse aux policiers des messages sibyllins. Laissé sur une étagère à cause des allégations d’abus sexuels impliquant Harvey Weinstein, cofondateur de la société mère dont Dimensions Films est une filiale, Hellraiser : Judgment sera discrètement exploité en vidéo par Lionsgate en février 2018. Le film n’entrera certes pas dans les mémoires, mais quel saut qualitatif par rapport au pitoyable Hellraiser : Révélations !

 

© Gilles Penso


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