31 (2016)

Rob Zombie recycle les recettes qui firent son succès en jetant une troupe de forains dans les griffes d’une horde de tueurs psychopathes…

31

 

2016 – USA

 

Réalisé par Rob Zombie

 

Avec Sheri Moon Zombie, Meg Foster, Lawrence Hilton-Jacobs, Jeff Daniel Philips, Malcolm McDowell, Torsten Voges, Richard Brake

 

THEMA TUEURS

Après l’accueil glacial réservé à The Lords of Salem, Rob Zombie prend une décision radicale : il arrête sa carrière de cinéaste. Cette annonce suscite beaucoup d’émoi auprès de ses fans qui ne l’entendent pas de cette oreille et le lui font savoir, notamment à travers les réseaux sociaux. Zombie se ravise alors – mais n’était-ce pas là une manœuvre calculée ? – et décide de lancer un financement participatif pour son prochain long-métrage. Ce sera 31, budgété à deux millions de dollars grâce à une efficace campagne de crowdfunding très médiatisée. Dans l’espoir de retrouver les faveurs de son public, le cinéaste décide de recycler les recettes de ses premiers succès. L’atmosphère et l’approche visuelle de 31 seront donc très proches de La Maison des 1000 morts et The Devil’s Rejects. Pour étayer son scénario, Zombie s’appuie sur une statistique selon laquelle le jour au cours duquel les États-Unis recensent le plus grand nombre de personnes disparues est celui d’Halloween. Son sixième long-métrage se déroulera donc pendant la nuit du 31 octobre. D’où son titre. Tourné en 20 jours à Los Angeles, 31 sollicite une fois de plus les talents du maquilleur spécial Wayne Toth (un habitué des effusions de sang chères à Zombie) et réunit une petite poignée de visages familiers comme Malcolm McDowell (qui fut le docteur Loomis de son Halloween) et Meg Foster (la Margaret Morgan de The Lords of Salem). De toute évidence, l’ami Rob aime travailler « en famille ».

C’est sur une citation de Franz Kafka que s’ouvre le film : « Un premier signe du début de la compréhension est le désir de mourir ». Cet aphorisme lugubre installe une ambiance glauque que ne dément pas le prologue en noir et blanc, au cours duquel un tueur incarné par Richard Brake se lance dans un long monologue avant d’assassiner un révérend à la hache. Nous sommes le 31 octobre 1976 et nos protagonistes sont une troupe de forains qui traversent l’Amérique profonde. Au milieu du désert, ils tombent dans un piège et se retrouvent enfermés dans une prison labyrinthique. Les voilà soudain livrés à un jeu de massacre que mènent de riches psychopathes emperruqués et poudrés comme des aristocrates du 18ème siècle. Les malheureux ont douze heures pour survivre à l’assaut d’une série de tueurs plus redoutables et excentriques les uns que les autres, du nain nazi aux clowns armés de tronçonneuse en passant par le colosse teuton travesti et l’assassin maquillé comme le Joker…

La course à la mort

Le concept n’est pas d’une folle originalité – depuis Les Chasses du comte Zaroff jusqu’à Running Man en passant par Les Traqués de l’an 2000 et Manhunt, les chasses à l’homme spectaculaires ne manquent pas à l’écran – mais Rob Zombie aurait pu le détourner pour y injecter sa propre personnalité. Or le cinéaste semble se contenter de nous donner exactement ce qu’on attend de lui : des tueurs dégénérés, des meurtres brutaux, de la torture, mais finalement rien de bien neuf ni de vraiment subversif malgré les apparences. Zombie continue inlassablement à puiser son inspiration dans Massacre à la tronçonneuse (l’action se situe comme par hasard au milieu des années 70 et s’intéresse à un groupe de jeunes gens qui se perdent dans la cambrousse) et semble tourner en pilote automatique. De fait, les personnages caricaturaux, les situations grotesques et la vulgarité omniprésente jouent sérieusement en défaveur de ce film qu’on aurait aimé plus audacieux et moins simpliste. Dommage d’avoir réuni un financement participatif et une cohorte de fans très motivés pour n’accoucher finalement que d’une sorte d’auto-parodie sans âme. Dans le registre voisin du gibier humain traqué par des tueurs exubérants, nous aurions tendance à largement préférer le méconnu Slashers.

 

© Gilles Penso


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