Après le kidnapping de ses parents agents secrets, un jeune homme découvre qu’il possède de très étranges pouvoirs…
SHAPESHIFTER / SHIFTER
1999 – USA
Réalisé par Philippe Browning
Avec Paul Nolan, Bill MacDonald, Catherine Blythe, Emmanuelle Vaugier, Theodor Danetti, Serban Celea, George Illie, Andrei Finti, Marioara Sterian
THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I MAGIE ET SORCELLERIE I NAINS ET GÉANTS I SAGA CHARLES BAND
Au départ, le concept de Shapeshifter est déjà assez curieux, sorte de mixage improbable entre la série Manimal et la saga Spy Kids, puisqu’il s’agit de l’histoire d’un étudiant, fils de deux agents secrets, qui se découvre la capacité de se transformer en animal. Mais visiblement, ce postulat ne suffit pas au scénariste Louis DeLoach (inconnu au bataillon, s’agirait-il d’un pseudonyme ?) qui décide d’injecter un nombre incalculable de bizarreries dans son récit, faisant fi du budget ridicule que la production met à la disposition du film. Shapeshifter fait en effet partie de la collection des « direct-to-video » pour jeune public produits par Charles Band, le roi de l’oursin dans le portefeuille. Pour faire des économies, le film est tourné en Roumanie – plus précisément sur les plateaux de Castel Film où Band a ses habitudes – et confié à Philippe Browning. Ce dernier fut réalisateur de deuxième équipe sur Sanglante paranoïa et écrira plus tard plusieurs épisodes de séries TV, mais Shapeshifter est son seul long-métrage. Le prologue se situe quelques siècles dans le passé, dans une forêt où un groupe de tziganes festoie autour d’un feu de camp. Soudain, une météorite traverse les cieux et tombe dans les bois. Un jeune garçon la récupère aussitôt…
Le temps d’une ellipse, nous voilà à la fin des années 90, dans un avion en plein vol. Contraint de changer régulièrement de pays et d’identité, à cause de parents agents secrets qui sont sans cesse affectés à de nouvelles missions par la CIA, Alex Brown s’installe cette fois-ci à Glenville et apprend qu’il s’agit de leur dernier déménagement. Ses parents se sont en effet retirés du business. Or avant de démissionner, Monsieur et Madame Brown enquêtaient sur un trafic de plutonium et d’uranium fomenté par le redoutable général Petrov. Et voilà qu’ils sont kidnappés en pleine nuit et emprisonnés à Bucarest. Bien décidé à retrouver leur trace, Alex se rend sur place. À partir de là, il se met à improviser… et le scénariste semble en faire autant. En effet, notre jeune héros assiste à un concert de rock, puis erre dans les rues en pleine nuit, et se retrouve sans raison particulière dans la maison d’un alchimiste en haillons vieux de 363 ans qui doit sa longévité à la « pierre de vie » qui est tombée du ciel. Car le petit garçon du prologue, c’était lui.
Sans queue ni tête
Dès lors, il ne faut plus chercher à se raccrocher à la moindre logique. Le vieil homme joue en effet avec un instrument de musique étrange – l’harmonica de verre – et annonce à Alex qu’il peut changer de forme s’il le souhaite. Et hop ! Le temps d’un morphing, notre jeune homme devient un chien, part espionner le repaire de Petrov, reprend forme humaine et prend la fuite en scooter grâce à une jeune femme qui passait par là. Rien n’a donc de sens dans cette histoire sans queue ni tête. Plus tard, Alex se transformera en oiseau ou carrément en griffon (une créature en images de synthèse absolument hideuses), discutera avec un avatar digital venu du futur, s’associera à un résistant tzigane nain, découvrira qu’il peut changer les gens en cafard et se métamorphosera en flux digital pour entrer dans un ordinateur… Bref du grand n’importe quoi ! Le vil général Petrov, lui, utilise un pistolet laser qui réduit ses victimes en poussière et se fait aider par une sorcière aux allures de Cruella qui joue aux jeux vidéo dans des catacombes, peut se téléporter ou miniaturiser les êtres humains ! Certes, Shapeshifter semble un peu moins fauché que les productions pour enfants habituelles de Charles Band. Les décors sont relativement nombreux, tout comme la figuration et les scènes d’action, et l’approche esthétique n’est pas très éloignée de celle de la saga Subspecies. Mais comment s’intéresser à ce scénario absurde qui semble avoir été rédigé sous l’influence de puissants psychotropes ? La fin laisse la porte ouverte sur une suite qui – on ne s’en étonnera guère – ne se concrétisa jamais.
© Gilles Penso
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