ALITA : BATTLE ANGEL (2019)

Sur la Terre du futur, un médecin spécialisé dans les robots réactive un cyborg féminin trouvé dans une décharge publique…

ALITA BATTLE ANGEL

 

2019 – USA

 

Réalisé par Robert Rodriguez

 

Avec Rosa Salazar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly, Mahershala Ali, Ed Skrein, Jackie Earle Haley, Keean Johnson, Jorge Lendeborg Jr., Lana Condor, Idara Victor

 

THEMA FUTUR I ROBOTS

Lorsqu’il découvre un beau jour le manga « Gunm », écrit par Yukito Kishiro en 1990, James Cameron en tombe amoureux et décide d’en tirer un film. Nous sommes alors au début des années 2000 et le cinéaste doit d’abord s’acquitter de la mise en production de la série TV Dark Angel, qui doit déjà beaucoup à l’univers cyberpunk de « Gunm ». En 2005, Cameron dirige le documentaire Aliens of the Deep et envisage d’enchaîner avec une adaptation sur grand écran du manga de Kishiro. Mais un autre projet personnel lui trotte depuis longtemps dans la tête et finit par prendre le pas : Avatar. Ce qui n’empêche pas le père de Terminator et de Titanic de continuer à œuvrer sur un scénario de 200 pages et sur des centaines de feuilles remplies de notes formulant ce que pourrait être une version cinéma de « Gunm », sous le titre Alita : Battle Angel. Sollicité par le cinéaste pour l’aider à synthétiser son script et ses nombreuses annotations, Robert Rodriguez (Une nuit en enfer, Spy Kids, Planète Terreur) réorganise le tout avec minutie en y injectant sa propre personnalité. Très heureux du résultat, Cameron finit par lui proposer de réaliser Alita : Battle Angel, tandis que lui-même produira le film avec son partenaire John Landau tout en se concentrant sur les suites d’Avatar.

Le ton est donné dès le logo de la 20th Century Fox qui se métamorphose en « 26th Century Fox » tandis que le décor urbain en arrière-plan devient futuriste et post-apocalyptique. Nous sommes en l’an 2563, soit 300 ans après que la Terre ait été dévastée par une guerre dévastatrice. Dans la cité de Iron City, la plupart des hommes sont « augmentés » par des membres ou des organes cybernétiques, sortes d’émules futuristes de Steve Austin ou Super Jamie. Le docteur Dyson Ido (Christoph Waltz), spécialisé dans ce type d’opérations, se promène un jour dans une décharge publique digne de la planète poubelle de Wall-E, à la recherche de pièces détachées, et découvre les restes d’un cyborg humain féminin. Ido lui crée un nouveau corps et la nomme Alita en souvenir de sa fille décédée. Quand Alita se réveille, elle n’a aucun souvenir de son passé et découvre le monde dans lequel elle vient de revenir à la vie. De redoutables robots ceinturions surveillent les rues insalubres, le jeu qui fait fureur est une course de vitesse ultraviolente pratiquée par des cyborgs gladiateurs et les citoyens les plus fortunés vivent dans Zalem, une mystérieuse cité céleste qui semble hors d’atteinte…

Big Eyes

Œuvre composite brassant plusieurs styles et sources d’inspiration, Alita : Battle Angel décline dans un premier temps le motif de « Pinocchio ». Déjà pleinement assumé dans A.I. Intelligence Artificielle de Steven Spielberg, le lien entre la robotique et le conte de Collodi se décline ici sous une nouvelle forme, le Gepetto du 26ème siècle campé par Christoph Waltz cherchant dans cette Alita cybernétique un substitut à sa fillette décédée. Tandis que s’établit une complexe relation filiale entre l’homme et la machine partiellement humaine, le film décrit la rupture sociale forte séparant Iron City (la ville de fer où végètent les humains de basse extraction) et Zalem (la cité céleste inaccessible), reprenant à son compte une métaphore connue depuis Metropolis. Le décor récurrent de l’usine où les chasseurs de prime viennent collecter leurs gains évoque d’ailleurs très fortement le classique de Fritz Lang. Lorsqu’Alita révèle d’étonnantes capacités physiques et décide de les mettre à contribution dans les jeux du cirque modernes qui alimentent toutes les conversations, c’est l’influence de Rollerball qui affleure. « Le visage d’un ange et le corps d’un combattant » dira un commentateur sportif pour décrire cette nouvelle concurrente. Fort heureusement, Alita : Battle Angel dépasse allègrement le statut de film patchwork entremêlant les références pour exprimer sa propre personnalité, fruit de celles complémentaires de Cameron et Rodriguez. Bluffants, les effets visuels qui donnent vie à la jeune héroïne estompent totalement la frontière entre l’animation et les prises de vues réelles, dans une démarche proche de celle d’Avatar. Le design porté à l’écran assume non seulement son corps biomécanique mais aussi ses yeux immenses hérités du manga original. Truffé d’idées originales, de séquences d’action inédites et de morceaux d’anthologie, Alita : Battle Angel s’achève en laissant une porte grande ouverte vers une suite potentielle.

 

© Gilles Penso


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