Un étudiant américain débarque dans une école privée pour garçons qui cache derrière ses murs des activités occultes…
TALISMAN
1998 – USA
Réalisé par David DeCoteau
Avec Billy Parish, Walter Jones, Jason Adelman, Ilinca Goia, Constantin Barbulescu, Oana Stefanescu, Claudiu Trandafir, Mircea Caraman, Iuliaba Ciugulea
THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA CHARLES BAND
Alors qu’il est en Roumanie en train de tourner le film d’épouvante familial Frankenstein Reborn !, commandité par le producteur Charles Band, David DeCoteau en profite pour boucler en huit jours les prises de vues d’un autre long-métrage, plus adulte celui-là : Talisman. Le système D et le recyclage étant les maîtres mots des productions Band, le film est tourné à l’économie, dans un nombre limité de décors, avec un casting majoritairement local et pour un budget bien sûr anémique. Aucune bande originale n’ayant été composée pour Talisman, DeCoteau réutilise la musique écrite à l’origine par Fuzzbee Morse pour Dark Angel : The Ascent. Pourquoi payer un compositeur quand on peut puiser dans le matériau maison ? Bien conscient qu’il ne va pas pouvoir livrer un chef d’œuvre, le metteur en scène le signe sous l’un de ses nombreux pseudonymes, en l’occurrence Victoria Sloan. Pour autant, notre homme essaie de bien faire, envisageant même ce Talisman comme une « version masculine de Suspiria ». Bien sûr, nous sommes à des centaines d’années lumières du chef d’œuvre de Dario Argento, même si nous comprenons ce que DeCoteau a en tête. Son film met en effet en scène un étudiant américain qui débarque dans un établissement scolaire européen très strict dont l’autoritaire directrice semble s’adonner en pleine nuit à d’étranges rites…
Pendant la scène d’introduction, une espèce de gourou chauve et maléfique qui a sans doute vu Indiana Jones et le temple maudit plonge sa main dans la poitrine d’un jeune homme et en extirpe son cœur qui bat encore puis s’enflamme. Déjà vu, certes, mais tout de même intrigant. C’est ensuite que se met en place la mécanique empruntée à Suspiria. Elias Storm (Billy Parish) débarque donc dans une école pour garçons dirigée d’une poigne de fer par Madame Greynitz (Oana Stefanescu), qui interdit fermement aux élèves de parler à sa fille, la timide Lilia (Ilinca Goia), lorsqu’elle traîne dans les couloirs. Sur place, Elias rencontre les brutes de l’école menées par le blondinet Burke (Jason Adelman) et sympathise avec son colocataire Jake (Walter Jones). Mais il est hanté par des cauchemars au cours desquels ses parents pratiquent un étrange rite dans un cimetière en manipulant un talisman. Bientôt, les morts sanglantes s’accumulent la nuit dans l’école. Or la directrice et sa fille semblent être les seules à savoir ce qui se trame entre les murs du vieux bâtiment…
L’école des flammes
Incapable de faire de miracles dans les temps impartis et avec le budget à sa disposition, DeCoteau doit se contenter d’un nombre limité de comédiens (sept étudiants, un seul professeur, la directrice, sa fille et le super-vilain frappé de calvitie) et d’un décor unique, dont il saisit comme il peut la photogénie en concoctant quelques beaux plans à la grue. Dans la forme, Talisman tient finalement la route, grâce à ses acteurs relativement convaincants, à sa photographie soignée et à la plastique intéressante du site roumain dans lequel se déroule le tournage. Mais le scénario rédigé en vitesse par Benjamin Carr (alias Neal Marshall Stevens) ne rime pas à grand-chose. Nous y apprenons qu’à l’approche de l’an 2000, un être maléfique nommé Thériel se réveille pour préparer la fin du monde et réclame sept sacrifices pour achever son rituel et ouvrir les portes de l’enfer, d’où les cadavres qui jonchent les couloirs de l’école et les cœurs arrachés qui s’enflamment. Mécontent du travail de montage effectué par Poppy Das (Le Cerveau de la famille, Kraa ! The Sea Monster), DeCoteau fit tout refaire par le monteur J.R. Bookwalter (Shrieker, Le Retour des Puppet Master), ce qui entraîna de légitimes tensions pendant la post-production de ce Talisman sympathique mais très facultatif. Aussitôt visionné, aussitôt oublié.
© Gilles Penso
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