LE DROIT DE TUER (1980)

Choqué par la violence qui règne dans les rues de New York, un vétéran de la guerre du Vietnam se transforme en ange exterminateur…

THE EXTERMINATOR

 

1980 – USA

 

Réalisé par James Glickenhaus

 

Avec Robert Ginty, Christopher George, Samantha Eggar, Steve James, Dick Boccelli, Tony DiBenedetto, Patrick Farrelly, Michele Harrell, David Lipman

 

THEMA TUEURS

Le Droit de tuer est sorti sur les écrans six ans après Un justicier dans la ville et deux ans avant Rambo. À mi-chemin entre ces deux œuvres séminales, le second long-métrage de James Glickenhaus se positionne presque comme un trait d’union, un film de liaison partageant avec ceux de Michael Winner et Ted Kotcheff deux thématiques clés (l’auto-justice et la difficile réinsertion des vétérans du Vietnam) pour les agencer sous une forme inattendue. Glickenhaus avait fait ses premiers pas derrière la caméra avec le film d’horreur The Astrologer, une œuvre de jeunesse pas totalement aboutie mais possédant déjà de solides séquences d’action et de suspense. C’est dans ce terreau que le réalisateur puise pour Le Droit de tuer, concoctant une œuvre choc aux confins du slasher, du film policier, du thriller urbain et du drame social. « L’objectif du film n’est pas de glorifier la violence ou le vigilantisme, mais de poser des questions », explique-t-il. « Que se passe-t-il dans une société lorsqu’elle perd la capacité de faire régner la loi et que les gens prennent la justice en main ? » (1) Pour instiller dans l’esprit de son personnage principal un traumatisme durable, Glickenhaus situe les sept premières minutes du film au cœur de la guerre du Vietnam. Tournée dans le parc national d’Indian Dunes en Californie, la séquence est tellement ambitieuse qu’elle englobe 20% du budget total du film. Le point culminant de ce prologue est une hallucinante décapitation en gros plan et au ralenti. C’est cette vision de cauchemar, conçue à l’aide d’un mannequin hyperréaliste signé Stan Winston, qui enclenche le point de non-retour.

Les vues aériennes de New York et la chanson paisible « Heal It », interprétée par Roger Bowling pendant le générique de début, contrastent brutalement avec ce qui précède. Revenus de l’enfer, John Eastland (Robert Ginty) et Michael Jefferson (Steve James) sont restés inséparables et gagnent modestement leur vie comme manutentionnaires. Un jour, alors qu’il intervient pour empêcher des voyous de voler dans l’une des réserves, Michael est agressé par le gang des « Ghouls » qui le laissent entre la vie et la mort. John bascule alors et décide de faire régner la justice lui-même, quitte à laisser ses penchants les plus violents prendre le dessus. « Je ne me suis pas demandé si c’était bien ou mal, je l’ai fait c’est tout », dit-il au chevet de son ami mourant. Dès lors, les gangsters, les mafieux, les violeurs et les pervers qui sévissent dans les rues de la ville entrent dans sa ligne de mire. Persuadé du bien-fondé de sa croisade sanglante, John se fait appeler « l’exterminateur » et écrit à la presse pour justifier ses actes. « Le règne de la peur n’a que trop duré pour les new yorkais », dit-il. « Les politiciens restent les bras croisés, alors que voyous et meurtriers envahissent nos rues, nos parcs, nos vies. Désormais, ce ne sera plus le cas. » Alors que l’inspecteur James Dalton (Christopher George) tente de l’identifier, la municipalité s’inquiète grandement des activités de ce « vigilante » qui risque de ternir l’image des gouvernants, alors que les prochaines élections approchent…

Pyromaniac !

Contrairement à ce que vend le poster très racoleur du film, notre tueur en série n’adopte jamais tout à fait le costume d’un croquemitaine iconique avec casque de motard et lance-flammes (qui aurait pu en faire l’émule du psychopathe de Pyromaniac) mais cette image résume malgré tout son mode opératoire et sa démarche : reprendre ses attributs de guerrier pour nettoyer les rues de la ville. Si Glickenhaus évacue les effets gore (à l’exception de la scène vietnamienne), les meurtres restent très sanglants, les victimes de l’exterminateur étant tour à tour criblées de balles, brûlées vives ou broyées dans un hachoir à viande. On sent d’ailleurs le réalisateur pris entre les feux de deux envies artistiques contraires : une certaine sophistication de la violence (avec quelques cascades automobiles explosives) et une approche brute de la réalité (ses images volées dans les rues de New York évoquent les premiers pas de William Lustig et Abel Ferrara). Or c’est peut-être ce grand écart qui donne au Droit de tuer cette singularité insaisissable qui provoquera au moment de sa sortie une réaction très négative de la part de la presse mais un accueil enthousiaste du côté du public. Christopher George y déborde de charisme, comme toujours, et Robert Ginty trouve là le rôle de sa vie.

 

(1) Interview publiée dans « The Flashback Files » en 2012

© Gilles Penso


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