LE NOUVEL AMOUR DE COCCINELLE (1974)

Six ans après Un amour de Coccinelle, la Volkswagen capricieuse vient contrarier les plans d’un vil promoteur immobilier…

HERBIE RIDES AGAIN

 

1974 – USA

 

Réalisé par Robert Stevenson

 

Avec Helen Hayes, Ken Berry, Stefanie Powers, John McIntire, Keenan Wynn, Huntz Hall, Ivor Barry, Dan Toblin, Vito Scotti, Raymond Bailey, Liam Dunn

 

THEMA OBJETS VIVANTS I SAGA LA COCCINELLE

Pour donner une suite à Un amour de Coccinelle, le studio Disney sollicite logiquement le même réalisateur, Robert Stevenson, habitué à tourner des longs-métrages en prises de vues réelles pour la maison de Mickey depuis le début des années 60. En revanche, le casting est totalement modifié. Exit le pilote de course Jim Douglas (Dean Jones), sa petite amie Carol (Michele Lee), son ami mécanicien Tenessee (Buddy Hackett) ou le vil businessman Thorndyke (David Tomlinson). Le scénario tient tout de même à tisser quelques liens discrets avec le film précédent. Tenessee est en effet mentionné, puisque le personnage central de ce second épisode est sa tante Mme Steinmetz (Helen Hayes), une vieille dame qui a récupéré la Coccinelle Choupette / Herbie et s’en sert de véhicule, de confidente et même de garde du corps. Jim Douglas est également évoqué, les dialogues nous apprenant qu’il est parti participer à des courses automobiles en Europe. Le grand méchant, lui, a changé de visage puisqu’il s’agit désormais du redoutable promoteur Alonzo Hawk, incarné avec fougue par Keenan Wynn. Étrangement, ce personnage peu recommandable était également l’antagoniste du héros de Monte là-d’ssus (1961) et de sa suite Après lui le déluge (1962). Ce diptyque de science-fiction (qui fera l’objet d’un remake en 1997 sous le titre Flubber) et la saga de La Coccinelle se situent donc visiblement dans le même univers.

Le générique d’ouverture nous montre une série de démolitions d’immeubles de plus en plus spectaculaires, sous le regard joyeux de Hawk. Le magnat de l’immobilier s’apprête à construire en plein San Francisco deux tours de 130 étages, le Hawk Plaza, qui abriteront une infinité de bureaux. Selon lui, il s’agira du « plus haut bâtiment du monde », qualificatif qu’employait déjà La Tour infernale pour évoquer son gratte-ciel de verre, et qui revient en réalité à l’époque aux toutes récentes tours jumelles du World Trade Center de New York. Mais un obstacle se dresse sur la route de Hawk : une vénérable caserne de pompier qu’habite Madame Steinmetz en compagnie de sa jeune voisine, l’hôtesse de l’air Nicole (Stefanie Powers). Son armada d’avocats austères ayant échoué à convaincre la vieille dame de vendre sa maison, Hawk fait appel à son neveu Willoughby Whitfield (Ken Berry), un jeune juriste simple et timide qui croit au bien-fondé de sa mission. Mais notre homme va se prendre d’affection pour Madame Steinmetz, tomber sous le charme volcanique de Nicole et découvrir le caractère bien trempé de Choupette…

Choupette la forme !

Force est de reconnaître que Keenan Wynn est parfait dans le rôle du magnat ignoble, nerveux, colérique et lâche (dans un monde parallèle, nous aurions adoré voir Louis de Funès nous offrir sa propre version d’un tel personnage !). Si le scénario de cette seconde Coccinelle reste très anecdotique, les nombreuses cascades inventives qui ponctuent le film, épaulées par de nombreux effets spéciaux de plateau, permettent d’offrir aux spectateurs moult séquences délirantes, la voiture sautant une infinité d’obstacles, roulant sur les murs, se faufilant entre les tables des grands restaurants ou voguant sur les eaux du Pacifique. Certes, les trucages optiques ont un peu plus de mal à suivre (le passage au cours duquel Choupette joue les funambules sur le Golden Gate Bridge a pris un sacré coup de vieux) mais l’ambition visuelle du film reste impressionnante. Étrangement, la Coccinelle vedette n’est pas ici le seul objet vivant. Madame Steinmetz possède en effet un vieil omnibus qui s’anime dans son jardin et un orgue mécanique qui se déclenche quand bon lui semble. Les allusions à un voyage au Tibet et à la philosophie orientale semblent vouloir prôner la théorie animiste : tous les objets seraient susceptibles d’avoir une âme. Ce qui permet à Choupette de rallier à sa cause des dizaines d’autres Coccinelles au moment d’un climax très mouvementé. Parmi les moments forts de ce Nouvel amour de Coccinelle, on se souviendra aussi de cette étonnante séquence de cauchemar dans laquelle Hawk est poursuivi par des Choupettes aux mâchoires garnies de dents acérées, encerclé par des Coccinelles coiffées comme des indiens, et même transformé en émule de King Kong harcelé par des voitures volantes au sommet de l’Empire State Building !

 

© Gilles Penso


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