SHANDRA, LA FILLE DE LA JUNGLE (1999)

Selon une vieille légende, une femme sauvage vivrait depuis des siècles dans une forêt reculée d’Amérique du Sud…

SHANDRA THE JUNGLE GIRL

 

1999 – USA

 

Réalisé par Sybil Richards

 

Avec Lisa Throw, Mia Zottoli, Drake Tatum, Tori Sinclair, Burke Morgan, David Christensen, John Lopez, Steve Ginzburg, Nicholas Yee, Kristina Renee

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE I SAGA CHARLES BAND

En parfait émule de son aîné Roger Corman, Charles Band n’est jamais à court d’idées lorsqu’il faut surfer sur les modes du moment. Ainsi, lorsqu’il entend parler de la diffusion imminente de la série TV Sheena, reine de la jungle, avec Gena Lee Nolin dans le rôle principal, le patron de la compagnie Full Moon Entertainment décide de lancer sur les écrans sa propre sauvageonne en peaux de bêtes. Il n’en faut pas plus pour initier Shandra, la fille de la jungle, qui vient grossir les rangs des autres héroïnes sexy du catalogue Surrender Cinema dirigé par Pat Siciliano, aux côtés d’Andromina la planète du plaisir, Les Vierges de la forêt de Sherwood ou encore Zorrita la vengeresse de la passion. Dans un premier temps, le titre envisagé est Shandra, reine de la jungle, comme le laissent entendre les paroles de la chanson du générique (qui n’est pas sans évoquer celle de Virtual Encounters 2) dans laquelle une crooneuse à la Shirley Bassey décrit les exploits de « Shandra, Queen of the Jungle ». Sans doute Band et Siciliano décidèrent-ils de remplacer « La reine de la jungle » par « La fille de la jungle » pour éviter de risquer un procès avec les ayants droits du personnage de « Sheena ». Le rôle-titre est confié à Nenna Quiroz, une actrice de 26 ans créditée au générique sous le pseudonyme de Lisa Throw.

Selon une légende tenace qui se perpétue de génération en génération, Shandra est donc une femme sauvage, à la fois séduisante et redoutable, qui vit au fin fond de la jungle d’Amérique du Sud et semble posséder le secret de la jeunesse éternelle. Parti à sa recherche, le professeur Armstrong (Steve Ginzburg) fait son rapport au milieu de la nuit, seul dans son campement : « Aucune trace de la créature dont nous ont parlé les indigènes » dit-il d’un air désabusé. « J’ai bien peur que Shandra rejoigne Bigfoot et Nessie dans le dossier des affaires bidon. » Soudain, il est attaqué et on ne retrouve plus que son cadavre, vidé de son énergie vitale. Malgré les réticences des collègues du défunt (Mia Zotoli et Drake Tatum), une nouvelle expédition est confiée à Karen Sharp (Tori Sinclair), experte de la chasse en terrain hostile. L’instigateur de cette mission est Travis Fox (David Christensen), qui entend bien capturer la créature et la monnayer au prix fort. Pour bien nous faire comprendre que ce film n’est pas à prendre trop au sérieux, la chasseuse se prépare dans son bain moussant en regardant des extraits de Cave Girl Island, avant que l’avion ne transporte le petit groupe en Amérique du Sud (avec une animation du trajet sur une carte façon Indiana Jones). Sur place, ils finissent par tomber nez à nez avec Shandra…

Pas très vierge cette forêt…

Traitée ouvertement sous un angle surnaturel, la belle sauvageonne possède le pouvoir de vider les hommes de leur essence vitale après les avoir soumis à ses torrides étreintes, ce qui explique sa longévité (et ce qui permet au film d’enchaîner les séquences érotico-exotiques). « C’est une créature sexuelle » commente très sérieusement l’une des scientifiques pour les spectateurs distraits qui n’auraient pas compris. Les deux scènes les plus (involontairement ?) drôles la montrent en train d’empoigner le couple de chercheurs qui l’a prise sous son aile. La première fois, ils entrent en transe et voient soudain des animaux préhistoriques en stop-motion qui battent la campagne (des extraits de La Planète des dinosaures qui tombent comme un cheveu dans la soupe et que Charles Band avait déjà utilisés dans Cave Girl Island). La seconde fois, ils s’imaginent tous nus en train de gambader dans la forêt en riant et en se faisant des mamours, sous le regard torve d’une panthère et d’un perroquet empruntés sans doute à un autre film. La jungle elle-même – filmée en réalité en Californie – n’a rien de particulièrement sauvage, mais le vrai point faible de Shandra est le manque d’expressivité de Lisa Throw dans le rôle principal. Sa présence physique peu impressionnante et ses déplacements apathiques dans la forêt peinent à nous faire croire à la légende vivante qu’elle est censée incarner. Force est de constater que n’importe laquelle des autres actrices du film aurait sans doute été plus convaincante qu’elle. Cela dit, voilà sans doute l’un des opus les plus distrayants et les plus originaux du catalogue Surrender Cinéma.

 

© Gilles Penso


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