Une petite fille traverse le miroir de son arrière-grand-mère et se retrouve propulsée dans un monde parallèle habité par de vilains canards !
MAGIC IN THE MIRROR
1996 – USA
Réalisé par Ted Nicolaou
Avec Jamie Renée Smith, Kevin Wixted, Saxon Trainor, David Brooks, Godfrey James, Eileen T’Kaye, Eugen Christian Motriuc, Ion Haiduc, Ileana Sandulescu
THEMA CONTES I SAGA CHARLES BAND
Au milieu des années 80, le scénariste Ed Naha (Troll, Les Poupées, Chérie j’ai rétréci les gosses) développe l’idée d’un conte de fées familial, Mirrorworlds, destiné à la compagnie de production Empire Pictures que dirige Charles Band. Mais Empire ferme ses portes et le projet est abandonné. Lorsque Band met sur pied Full Moon Entertainments puis Moonbeam, une branche spécialement consacrée aux films pour enfants (Prehysteria, Le Château du petit dragon), l’idée de Mirrorworlds est ressortie des tiroirs. Kenneth Carter s’attelle au nouveau scénario et la réalisatrice Linda Hassani, qui vient de réaliser Dark Angel : The Ascent, est chargée de réaliser le film. « Nous avons passé beaucoup de temps sur les préparatifs, en créant notamment un book complet qui présentait tous les personnages, en nous inspirant des fleurs et des plantes pour leur design », se souvient-elle. « Malheureusement, ce projet s’est heurté à des obstacles financiers et nous n’avons jamais lancé la production. C’est dommage, parce que ce film, qui s’appelait alors Mary Margaret’s Mirror, aurait été magnifique. » (1) Il est évidemment regrettable qu’Hasani n’ait pas pu apporter sa vision de cinéaste sur ce Miroir aux merveilles, qui sera finalement récupéré par « l’homme à tout faire » de Charles Band, le réalisateur tout-terrain Ted Nicolaou.
Habitué aux tournages roumains depuis qu’il a lancé la franchise Subspecies, Nicolaou se débrouille comme toujours avec un budget très modeste pour réaliser non pas un seul film mais deux en même temps. Le Miroir aux merveilles et Le Miroir aux merveilles 2 sont en effet tournés dans la foulée, en prévision de leur double sortie dans les bacs vidéo. Le script final, rédigé par Ken Carter et Frank Diez, reprend la même mécanique qu’« Alice au pays des merveilles » (dont il emprunte de très nombreux éléments) et les mélange avec… Howard the Duck ! Comment définir autrement cette histoire délirante dans laquelle une fillette prénommée Mary Margaret (Jamie Renée Smith), hérite d’un miroir ancestral légué par son arrière-grand-mère et découvre qu’un monde parallèle se cache de l’autre côté du reflet, peuplé par des lutins aux oreilles tombantes, des hommes-arbres, des petites fées lumineuses qui ne sont autre que les amies imaginaires de la jeune héroïne, une reine autoritaire et surtout toute une armée de canards anthropomorphes belliqueux qui adorent boire du thé en obéissant aux ordres de leur souveraine capricieuse ?
Prises de bec
L’une des premières qualités du film est la direction de ses acteurs, malgré son concept joyeusement absurde. La petite Jamie Renée Smith, révélée trois ans plus tôt et future habituée des séries TV, y est délicieusement pétillante. La séquence à priori anodine du repas familial dans laquelle sa mère physicienne (Saxon Trainor) est fière de célébrer une découverte scientifique de premier ordre auprès de son collègue, tellement obnubilée par ses travaux que personne ne peut en placer une, est une petite merveille de timing, l’incommunicabilité et la gêne finissant par s’installer durablement. De l’autre côté du miroir, Nicolaou tire parti comme il peut des décors mis à sa disposition, nous montrant notamment un jardin hérissé de portes qui donnent chacune accès à la chambre à coucher d’un foyer humain. Le parallèle avec Monstres et compagnie nous vient naturellement à l’esprit, d’autant qu’ici aussi, l’arrivée d’une petite fille dans cet univers peuplé d’étranges créatures risque de provoquer le chaos. Mais irions-nous jusqu’à dire que l’équipe de Pixar s’est inspirée du Miroir aux merveilles ? Charles Band serait bien sûr le premier à répondre par l’affirmative. Toujours est-il que la vision de tous ces canards surexcités qui font bouillir des humains dans une théière géante pour boire leur breuvage préféré puis volent en formation dans les cieux en criant « coin coin » à l’unisson a quelque chose de follement surréaliste. Le gentil happy end final laisse bien sûr une porte ouverte vers le second épisode.
(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)
© Gilles Penso
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