Cowboys, mutants et extra-terrestres se confrontent dans cette suite du western spatial bizarroïde de Sam Irvin…
BACKLASH : OBLIVION 2
1996 – USA
Réalisé par Sam Irvin
Avec Richard Joseph Paul, Jackie Swanson, Andrew Divoff, Meg Foster, Isaac Hayes, Julie Newmar, Carel Struycken, George Takei, Musetta Vander, Maxwell Caulfield
THEMA SPACE OPERA I EXTRA-TERRESTRES I SAGA CHARLES BAND
Oblivion et Oblivion 2 ont été tournés en même temps dans des extérieurs naturels et des plateaux roumains, avec l’idée d’en tirer d’autres épisodes dans la foulée. Sam Irvin boucle donc les prises de vues de ce diptyque surréaliste (qui inspirera de toute évidence le blockbuster Cowboys et envahisseurs de Jon Favreau en 2011) avec les mêmes décors, le même casting et la même équipe technique. À la fin du premier Oblivion, Zack Stone (Richard Joseph Paul) prenait ses fonctions de shérif, avec l’assistance de l’androïde Stell Barr (Meg Foster) et de l’Indien Buteo (Jimmie F. Skaggs), après s’être débarrassé du maléfique alien reptilien Redeye (Andrew Divoff). Oblivion 2 retrouve nos personnages où nous les avons laissés, c’est-à-dire dans une petite ville de western située sur une planète lointaine. Isaac Hayes et George Takei jouent toujours les guests invités (de manière plus épisodique cependant, ce qui n’est pas plus mal étant donnée leur propension à cabotiner outre-mesure), tandis que d’autres seconds rôles prennent plus d’importance, notamment l’impressionnant Carel Stuycken en croque-mort géant, Julie Newmar en tenancière de saloon Miss Kitty et surtout Musetta Vander qui vole la vedette de tous ses partenaires dans le cuir provocateur de Lash, la super-vilaine sous influence de Betty Page qu’elle incarne.
C’est d’ailleurs Lash qui va centraliser toutes les sous-intrigues du film. Après avoir découvert la localisation d’une mine de Derconium (le minerai le plus précieux de l’univers) au cours d’une partie de cartes dont son adversaire ne sort pas indemne, la vile dominatrice adepte du fouet électrique, du revolver laser et du couteau, pense avoir touché le pactole. Mais Sweeney (Maxwell Caulfield), un chasseur de prime à la réputation redoutable, débarque en ville pour l’arrêter, avec l’aide du shérif. La belle finit derrière les barreaux et semble donc hors d’état de nuire. C’est le moment que choisit l’extra-terrestre écailleux Jaggar (Andrew Divoff), frère de Redeye, pour atterrir à son tour dans la bourgade, mettre la main sur elle et s’emparer de la mine qu’elle a découverte. Alors que la situation menace de virer à l’imbroglio et au pugilat tous azimuts, Miss Kitty nous laisse entendre qu’elle cache elle-même bien son jeu. Bref, c’est bien vite la foire dans la ville d’Oblivion.
Il était une foire dans l’Ouest
Oblivion 2 ne s’est pas conçu sans mal. Si le tournage est une expérience plutôt joyeuse, la post-production s’effectue dans l’urgence suite aux déconvenues de la compagnie Full Moon qui vient alors de se séparer de son distributeur vidéo Paramount. Le financement manque au point qu’il n’est plus possible de demander à Pino Donaggio, compositeur d’Oblivion, d’écrire la bande originale de la suite. Charles Band et Sam Irvin prennent alors la décision de réutiliser la même musique que celle du premier film. Ce second opus s’inscrit ainsi dans la parfaite continuité de son prédécesseur, à la fois distrayant mais très anecdotique, souffrant surtout d’une mise en scène très télévisuelle dont le statisme s’accorde mal avec l’univers délirant dans lequel s’inscrit le récit. Parmi les nouveaux venus du casting, on apprécie la prestation de Maxwell Caulfield. Là où le script nous laisse imaginer un mercenaire brutal sans foi ni loi, l’acteur nous offre la prestation d’une sorte de dandy désinvolte au fort accent anglais, en puisant son inspiration chez le Patrick McNee de Chapeau melon et bottes de cuir, et en adoptant un look proche de celui de Gene Wilder dans Charlie et la chocolaterie. Si les créatures en stop-motion du premier Oblivion brillent ici par leur absence, le climax nous offre l’apparition furtive mais très réjouissante d’une tortue godzillesque annonçant ce que le créateur d’effets spéciaux Michael Deak allait faire dans la foulée avec Zarkorr ! The Invader et Kraa ! The Sea Monster. Oblivion 2 ne sera disponible dans les bacs vidéo qu’en 1996, soit trois ans après son tournage, et les suites envisagées ne verront jamais le jour.
© Gilles Penso
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