Arnold Schwarzenegger retourne vers le futur pour lutter contre un double maléfique sous forte influence de Philip K. Dick
Après avoir cumulé échec sur échec, Arnold Schwarzenegger s’est mis en tête de retrouver les bonnes vieilles recettes qui, jadis, firent son succès. Le voilà donc embarqué dans un thriller futuriste agrémenté de doubles, de complots et de faux-semblants, avec de forts relents de Philip K. Dick en général et de Total Recall en particulier. Certes, Roger Spottiswoode n’est pas Paul Verhoeven (même si son talent est indéniable lorsqu’il s’attelle à des films musclés tels qu’Under Fire ou Demain ne meurt jamais), et A l’Aube du Sixième Jour ne marquera guère les annales de la SF. Mais il faut reconnaître que le scénario de Cormac et Marianne Wibberley, habile, sait ménager les moments palpitants sans s’encombrer de temps morts, glissant de temps en temps quelques clins d’œil à celui de Blade Runner (le test psychologique lié à la tortue dans le désert, l’allusion au serpent cloné).
Schwarzie y incarne Adam Gibson, un pilote d’hélicoptère du futur, qui survit in extremis à un accident pour découvrir qu’il a été remplacé par un clone auprès de sa famille. Or le clonage humain est illégal. Sur le point de s’opposer à son double, Gibson est pris en chasse par des tueurs à la solde de celui qui l’a cloné. Le voilà bientôt plongé dans le maelström d’une conspiration politique dont les tenants et les aboutissants lui échappent quelque peu… Le futur décrit ici n’est pas révolutionnaire mais regorge d’idées amusantes : animaux clonés, poupées robots, petites amies virtuelles, ordinateurs omniprésents… Hélas, les considérations morales et métaphysiques liées au thème du clonage sont abordées de manière relativement superficielle, comme si l’on craignait que le spectateur n’en ait pas pour son argent.
Variantes ludiques sur le sujet de l'eugénisme
De fait, A l’Aube du Sixième Jour se concentre surtout sur ses poursuites de voitures et d’hélicoptères, ses fusillades et ses explosions à foison. Même les longues séquences de dialogues, comme celle de Gibson avec son collègue de travail, sont filmées comme des scènes d’action. Il faut donc se contenter de variantes ludiques sur le sujet de l’eugénisme, qui voient notamment les chasseurs de prime mourir et ressusciter toutes les cinq minutes, pour peu qu’on les clone à nouveau et qu’on leur injecte la mémoire de leur moi précédent. Une idée scénaristique jubilatoire, certes, mais qui se contente de réutiliser superficiellement l’un des motifs développés dans le roman « Le Canal Ophite » écrit en 1977 par John Varley. Les questionnements éthiques se résument à quelques répliques sans audace, comme lorsque ce bon vieil Arnold déclare solennellement qu’une seule personne a le droit de décider ou non si les clones devraient exister : Dieu. Avec un peu plus d’ambition, ce Sixième Jour aurait presque atteint les sommets vertigineux de son admirable modèle Total Recall. Ses prétentions n’allant pas si loin, il se contente du statut de film d’action et de SF bien troussé, distrayant d’un bout à l’autre et solidement construit, mais condamné à l’oubli quelques heures à peine après son visionnage. Qu’importe : deux heures de divertissement sans faille, ce n’est déjà pas si mal.
© Gilles Penso
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