BRING HER TO ME (2023)

Perturbée par des cauchemars de plus en plus terrifiants, une jeune femme demande l’aide d’une experte des rêves…

BRING HER TO ME

 

2023 – USA

 

Réalisé par Brooks Davis

 

Avec Bec Doyle, Roslyn Gentle, Kalond Irlanda, Emerson Niemchick

 

THEMA RÊVES I DIABLE ET DÉMONS I SAGA CHARLES BAND

Réalisateur du joyeusement déjanté Gingerweed Man, Brooks Davis change de ton avec Bring Her to Me qui, s’il est lui aussi produit par la compagnie Full Moon, aborde le fantastique et l’épouvante sous un jour cette fois-ci très sérieux. Il semblerait que le cinéma de James Wan en général et la saga Insidious en particulier servent de source d’inspiration à ce court récit horrifique co-écrit par le réalisateur, son complice d’écriture Kent Roudebush (Zombies Vs. Strippers) et le producteur Charles Band. Le personnage principal de Bring Her to Me est Mara (Bec Doyle), une jeune femme troublée chaque nuit par des cauchemars récurrents au cours desquels elle plonge dans une sorte de trou noir où une entité démoniaque semble vouloir s’emparer d’elle. Complètement vidée chaque matin, comme si ses rêves se nourrissaient de son énergie, Mara se confie à son ami Raziel (Kalond Irlanda), employé du café au coin de sa rue qui lui suggère de faire appel à l’expertise d’une spécialiste des rêves, une certaine Abigail (Ros Gentle). Réticente au départ, Mara finit par accepter. Guidée par la voix d’Abigail, surveillée par Raziel, elle s’endort profondément et tente d’aller au bout du rêve pour découvrir ce qui s’y passe et ce qu’il cache…

Bring Her to Me est réalisé à l’économie, c’est une évidence : quatre acteurs en tout et pour tout, deux décors, une durée d’une heure à peine. Brooks Davis travaille donc sous contrainte et tourne à son avantage cette absence cruelle de moyens pour y puiser une indiscutable source d’inventivité. Certes, les contraintes budgétaires ne sont pas toujours faciles à cacher (la rue est déserte, le café n’a aucun client) mais le scénario du film compose avec elles et resserre volontairement ses enjeux pour se concentrer sur l’essentiel : les tourments de son personnage principal et ses plongeons récurrents dans le monde des rêves. Lorsque Brooks Davis décide d’élargir le scope de ses ambitions en nous transportant dans un univers onirique parallèle, on sent bien que les effets visuels ont du mal à suivre. Mais le film tient la route malgré tout, notamment grâce à l’efficacité de sa mise en scène et à la conviction de ses comédiens.

« Amène-la moi ! »

Le film mise beaucoup sur la photogénie de Bec Doyle et sur la sensualité qu’elle dégage, même si l’érotisme inhérent au récit reste très discret, loin des débordements racoleurs de certaines autres productions Full Moon. Tout se joue entre les lignes. L’un des aspects les plus intéressants du film est son jeu sur la dualité, chacun des quatre personnages de ce huis-clos (l’héroïne, la spécialiste des rêves, l’ami et le démon) existant sous deux formes distinctes et complémentaires, puisque l’histoire alterne sans cesse la réalité et le rêve, jusqu’à ce que la frontière entre les deux finisse par se brouiller. La solidité de la réalisation de Brooks Davis s’appuie sur une exploitation habile du décor de l’appartement, sur une photographie très soignée d’Howard Wexler (The Resonator) et sur une musique envoûtante de Jonathan Walter (Quadrant) qui n’hésite pas à se lancer dans quelques envolées lyriques du plus bel effet. Le scénario s’achemine lentement mais sûrement vers une chute délectable – quoiqu’un peu tirée par les cheveux – qui fait presque ressembler ce film court à un épisode des Contes de la crypte et donne un nouveau sens à la phrase qui se répète de manière obsessionnelle dans les rêves de Mara : « Ramène-la moi ! »

 

© Gilles Penso


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