L’ALCHIMISTE (1983)

Maudit par un sorcier qui lui a jeté un sort, un homme condamné à la bestialité trouve la réincarnation de sa défunte femme…

THE ALCHEMIST

 

1983 – USA

 

Réalisé par Charles Band

 

Avec Robert Ginty, Lucinda Dooling, John Sanderford, Vida Kate Simpson, Robert Glaudini, Tony Abatemarco

 

THEMA MAGIE ET SORCELLERIE I SAGA CHARLES BAND

L’Alchimiste est le cinquième long-métrage réalisé par Charles Band, mais ce film ne lui était pas initialement destiné, et c’est à la dernière minute, pour sauver les meubles en quelque sorte, qu’il accepte d’en prendre les rennes. « Après environ trois jours de tournage, le producteur de L’Alchimiste m’a appelé pour me dire que le réalisateur qu’il avait engagé ne s’en sortait pas et qu’il fallait que je débarque pour l’aider à mener ce film à son terme », se souvient Band. « Le premier réalisateur avait tourné pendant environ deux ou trois jours, et je n’ai eu à ma disposition que six ou sept jours pour tout finir. » (1) Si le nom du metteur en scène initial de L’Alchimiste semble avoir sombré dans l’oubli, celui de Charles Band est déjà bien connu à l’époque dans le milieu du cinéma indépendant, puisqu’au-delà de ses réalisations il a déjà produit une quinzaine de films, principalement dans les domaines de l’horreur et de la science-fiction. Pas certain de pouvoir tirer grand-chose du scénario d’Alan J. Adler (Parasite, Quartier de femmes, Metalstorm), Band joue la prudence en adoptant le pseudonyme de James Amante. Le premier rôle masculin du film est confié à Robert Ginty, qui s’était fait remarquer quelques années plus tôt dans Le Droit de tuer de James Glickenhaus. La promotion de L’Alchimiste ne se privera pas de le rappeler. Sur les affiches françaises, on peut lire : « Il a joué Le Droit de tuer, il joue… L’Alchimiste ! » Voilà qui a le mérite d’être explicite.

De quoi parle-t-il, ce fameux Alchimiste ? Pour être honnête, ce n’est pas très clair. Tout commence en 1871. Ginty joue Aaron, un alchimiste désemparé qui découvre son épouse Anna (Lucinda Dooling) ensorcelée par un magicien sinistre nommé DelGatto (Robert Glaudini). En voulant tuer le sorcier, il occis accidentellement son épouse, ce qui est ballot. « Tu resteras à jamais un animal, c’est ma malédiction pour l’éternité ! » lui lance alors DelGatto avant de disparaître dans les flammes. Et hop, nous voilà propulsé au milieu des années 50. Aaron est effectivement devenu une bête sauvage qui n’a certes pas pris une ride mais court dans les bois pour chasser des animaux et les dévorer à belles dents avant de retrouver un comportement plus civilisé. Parallèlement, nous suivons le parcours d’une automobiliste, Lenora (jouée également par Lucinda Dooling), qui est soudain victime d’angoissantes hallucinations. Pour se réconforter, elle prend un auto-stoppeur (John Sanderford). Mais, poussée par on ne sait quelle force, elle quitte la route déserte et s’enfonce dans la forêt où sa voiture tombe en panne. Or la malédiction dont est victime Aaron semble directement liée à sa propre existence…

Plus d’ennui que d’effroi

Cette histoire nébuleuse d’alchimie, de sorcellerie, de malédiction ancestrale, de démonologie, de réincarnation et de quasi-lycanthropie nage en pleine confusion, comme si le scénariste avait voulu trop en mettre tout en sachant que les moyens à la disposition des producteurs ne permettraient qu’un film minuscule circonscrit dans un décor simple avec une petite poignée d’acteurs. On mesure donc le fossé gigantesque entre les intentions initiales et le résultat final : une petite série B mal fichue qui traîne en longueur et suscite beaucoup plus d’ennui que d’effroi. On peut sauver du naufrage la jolie musique de Richard Band (qui bénéficie alors d’une modeste formation orchestrale), le montage efficace de Ted Nicolaou (futur réalisateur stakhanoviste des productions Charles Band), les furtifs effets visuels de Jack Rabin (quelques volutes de fumée en dessin animé s’échappant d’une fiole, un seuil tourbillonnant qui s’ouvre vers une autre dimension), une scène surprenante au cours de laquelle nos héros sont attaqués en pleine nuit par des entités démoniaques inquiétantes et une poignée d’effets dégoulinants au cours du climax. Il faudra se contenter de ça. Pour le reste, L’Alchimiste constitue un efficace somnifère.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans « Starbust » en janvier 2018

 

© Gilles Penso


Partagez cet article