Un millionnaire psychopathe crée des poupées meurtrières pour se venger de ceux qui l’ont trahi…
BLOOD DOLLS
1999 – USA
Réalisé par Charles Band
Avec Kristopher Logan, Debra Mayer, William Paul Burns, Warren Draper, Nicholas Woeth, Jodie Fisher, Phil Fondacaro, Naomi McClure, Jack Forbes, Jason Pace
THEMA JOUETS I SAGA CHARLES BAND
Très occupé en cette fin de vingtième siècle, le producteur Charles Band prend tout de même le temps de réaliser lui-même Blood Dolls avec lequel il espère créer un petit événement. Son idée consiste en effet à se servir de ce film d’horreur délirant – tourné à la va vite pendant douze jours en Californie – pour lancer la carrière d’un groupe de rock féminin. Il réunit donc quatre chanteuses et musiciennes sous le nom des « Blood Dolls » (« Les poupées sanglantes ») : Cotton Baby, Black Baby, Razor Baby et Shirley. Derrière ces pseudonymes se cachent Venesa Talor, Persia White, Yvette Lera et J. Paradee. Autoproclamées « anti-Spice Girls », celles-ci se voient dotées d’un look trash sexy et ponctuent régulièrement le film de morceaux de rock, le reste de la bande originale étant pris en charge par Richard Band sous le pseudonyme de Ricardo Bizzeti. Mais Band veut aller plus loin : avec le concours de Miles Copeland, le manager de Police et de Sting, il prépare une tournée du groupe sur le continent américain. L’opération semble juteuse : les concerts des filles aideront à la promotion du film, qui servira lui-même de showcase pour faire découvrir leur répertoire. En théorie, c’est imparable. En pratique, rien ne va se passer comme prévu…
Le scénario de Blood Dolls est un joyeux fourre-tout qui réutilise plusieurs ingrédients déjà exploités par Band dans le passé. Caché sous un masque sinistre qui ferait passer Fantomas pour un joyeux drille, Travis Virgil (Kristopher Logan) est un millionnaire génétiquement modifié dont la tête n’est pas plus grosse qu’une balle de tennis. Féru d’excentricités, il a à ses services un majordome dont le maquillage de clown sinistre est le même que celui du Jack-Attack de Demonic Toys (William Paul Burns), un assistant nain acariâtre (Phil Fondacaro, le Dracula de The Creeps) et quatre filles turbulentes enfermées dans une cage qui sont contraintes de jouer des morceaux de rock à la demande sous peine de subir des décharges électriques. Ce sont elles, les fameuses « Blood Dolls ». Suite à une manigance financière lui ayant fait perdre des fortunes, Travis décide de se venger de ceux qui l’ont trahi à l’aide d’une de ses inventions : une machine capable de transformer les humains en poupées meurtrières qui lui obéissent au doigt et à l’œil. Le titre du film désigne ainsi à la fois les chanteuses en prison et les jouets assassins…
La poupée qui fait non
Le film part un peu dans tous les sens, accumulant les passages gore (un homme transpercé par une perceuse dans une gigantesque gerbe de sang, un autre qui est lentement découpé par des câbles en fer qui le saucissonnent étroitement), les scènes SM (entre une femme dominatrice et son époux fébrile), les gags insolites et les chansons qui scandent régulièrement le scénario. Pour le reste, Blood Dolls applique peu ou prou la même recette que la saga Puppet Master, lançant dans les pattes des futures victimes trois poupées grimaçantes adeptes des pièges mortels et des armes blanches miniatures. Charles Band espère visiblement faire de son film un objet de culte. En réalité, Blood Dolls passera relativement inaperçu. Quant à la tournée musicale prévue, elle n’aura jamais lieu, l’un des membres du groupe (Venesa Talor, ancienne strip-teaseuse et héroïne de Femalien) ayant officiellement refusé le maigre salaire prévu pour cette opération (avocat et action en justice à la clé). Le groupe des « Blood Dolls » ne survivra pas à cette tentative étouffée dans l’œuf. Dommage, l’idée n’était pas mauvaise. Mais comme souvent, Charles Band n’a pas les moyens de ses ambitions et sabote d’excellents concepts qui mériteraient qu’on mette un peu plus généreusement la main à la poche.
© Gilles Penso
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