THE KILLER EYE (1999)

Un scientifique crée un œil géant qui s’échappe de son laboratoire pour faire subir les derniers outrages aux jeunes femmes qu’il croise…

THE KILLER EYE

 

1999 – USA

 

Réalisé par David DeCoteau

 

Avec Jacqueline Lovell, Jonathan Norman, Nanette Bianchi, Costas Koromilas, Blake Adams, Ryan Van Steenis, Dave Oren Ward, Roland Martinez

 

THEMA MÉDECINE EN FOLIE I SAGA CHARLES BAND

À la fin des années 90, pour varier les plaisirs, la compagnie Full Moon Entertainment décide de lancer une série de films à tout petit budget inspirés de vieux classiques de la science-fiction des années 50. Le principe consiste à en reprendre vaguement leur concept scénaristique, à y ajouter de l’humour, de l’érotisme, et surtout à les tourner à la va vite pour pouvoir faire des économies et alimenter les bacs vidéo. C’est ainsi que naît The Killer Eye, relecture bizarre de Terreur à Trollenberg de Quentin Lawrence (1958). Le producteur Charles Band confie le scénario à Benjamin Carr et demande à son complice de longue date David DeCoteau de s’occuper de la mise en scène. Peu satisfait par le script, DeCoteau propose à Rolfe Kanefsky (Restless Souls) de le revoir et même de s’occuper de la réalisation à sa place. « J’ai lu le scénario original de Ben Carr et j’ai pensé que ce pouvait être un exercice amusant », raconte Kanefsky. « Mon idée était de retrouver l’esprit de Re-Animator ou de Tremors : un film d’horreur comique, fou et excessif. J’ai même envisagé d’en faire une comédie musicale ! J’ai rédigé trois versions succesives du scénario, mais comme David DeCoteau ne parvenait pas à convaincre Charles Band de me laisser réaliser, un autre scénariste, Matthew Jason Walsh, a été engagé pour rédiger une version beaucoup plus simple qui pourrait être tournée en quelques jours. » (1)

Dans sa version finale, The Killer Eye raconte les expériences du docteur Jordan Grady (Jonathan Norman), persuadé d’avoir conçu un collyre permettant de voir la huitième dimension à travers une espèce de télescope de son invention. Sollicité pour jouer les cobayes, un jeune vagabond (Ryan Van Steenis) teste le collyre, regarde dans l’œilleton et finit par s’écrouler, inconscient. Le bon médecin ne s’en rend pas compte tout de suite. Il est en effet pris à part par son épouse Rita (Jacqueline Lovell) qui lui reproche de la délaisser. Frustrée, elle tente alors de coucher avec tout l’immeuble, autrement dit ses deux voisins particulièrement décérébrés, l’assistant de son mari ou même le jeune cobaye. Mais celui-ci est dans un bien sale état. L’un de ses yeux vient en effet de sortir de son orbite pour se transformer en une créature géante et monstrueuse. Lâché dans la nature, cet œil géant et tentaculaire venu de la huitième dimension décide d’observer les ébats amoureux des humains et de s’accoupler avec toutes les femmes qu’il croisera…

Mauvais œil

Sur le papier, ce scénario n’a rien de foncièrement bouleversant mais promet au moins un spectacle drôle et déjanté. Hélas, DeCoteau n’a que quatre jours pour tourner son film et ça se voit. Les décors se limitent donc à deux ou trois pièces dans lesquels les acteurs font du remplissage en surjouant d’interminables dialogues insipides. Le reste du temps, le réalisateur comble les vides en filmant de très longues séquences érotiques à l’intérêt tout relatif, pesamment rythmées par une musique synthétique atroce de Carl Date. Le seul élément réjouissant de The Killer Eye est l’œil géant lui-même, une création digne des pulps de SF des fifties qui se promène nonchalamment d’une pièce à l’autre, hypnotise les femmes et laisse ramper sur leur corps ses tentacules en latex, un peu à la manière des hentai japonais. À part ça (et une jolie photographie de Howard Wexler qui colore l’espace comme il peut en reproduisant la lumière tourmentée d’une nuit orageuse), The Killer Eyes est un film globalement dénué d’intérêt. Distribué dans les bacs en janvier 1999, il aura pourtant droit à une suite en 2011 baptisée Killer Eyes : Halloween Haunt.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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