MANDROID (1993)

Vaguement inspirée d’un concept de Jack Kirby, cette histoire de robot commandé à distance et de savant fou défiguré fleure bon les serials d’antan…

MANDROID

 

1993 – USA

 

Réalisé par Jack Esgard

 

Avec Brian Cousins, Jane Caldwell, Michael Della Femina, Robert Symonds, Curt Lowens, Patrick Ersgård, Ion Haiduc, Mircea Albulescu, Jake McKinnon

 

THEMA ROBOTS I SAGA CHARLES BAND

À l’époque où sa compagnie Empire Pictures tenait encore debout, Charles Band développa plusieurs projets inspirés de concepts imaginés par l’immense dessinateur Jack Kirby (co-créateur de Captain America, Les Quatre Fantastiques, Les X-Men, Hulk et tant d’autres). Après la chute d’Empire et le lancement de Full Moon Entertainment, Band fit ce qu’il savait faire le mieux : du recyclage. Le projet « Mortalis » devint Docteur Mordrid et, dans la foulée, le concept « Mindmaster » se transforma en Mandroid. Le réalisateur Ted Nicolaou étant occupé ailleurs, c’est au Suédois Jack Ersgard qu’est confié le film, sur la foi de son premier long-métrage d’horreur The Visitors. « Charles Band m’a dit qu’il voulait que je réalise deux films en même temps et que je les tourne en Roumanie », raconte Ersgard. « Le premier était Mandroid et le second Invisible. Il n’y avait aucun script, juste des flyers avec les posters des films. Il a ajouté : “Ne t’inquiète pas pour les scénarios, ils seront prêts quand tu arriveras à l’aéroport.” J’avais neuf semaines pour tourner les deux films, c’était complètement fou ! » (1). Esgard accepte malgré tout en regardant d’un œil perplexe le poster de Mandroid, directement inspiré d’un dessin de Kirby et montrant un homme sur un fauteuil roulant connecté à un robot. Quant au scénario, il arrive par fax en Roumanie au fur et à mesure, écrit par Jackson Barr puis peaufiné par Courtney Joyner sous le pseudonyme d’Earl Kenton, en hommage au réalisateur de La Maison de Frankenstein.

Digne d’un serial des années 20/30 ou d’une série B des années 40/50, ce scénario rocambolesque fait feu de tout bois en compilant des influences disparates. Un scientifique américain (Wade Franklin, sympathiquement inexpressif et adepte du chewing-gum en toutes circonstances) débarque dans un pays d’Europe de l’Est indéterminé pour évaluer à la demande du gouvernement les expériences robotiques menées par Karl Zimmer (Robert Symonds) et Ivan Drago (Curt Lowens). Le premier est un vénérable professeur qui ne veut que le bien de l’humanité. Le second est un vil traitre qui rêve de dominer le monde. Le fait que son nom soit exactement le même que celui de Dolph Lundgren dans Rocky IV (clin d’œil ? coïncidence ?) nous met d’emblée la puce à l’oreille sur ses néfastes intentions. Les deux savants ont mis au point un système capable de commander à distance un puissant robot, Mandroid, avec l’aide de deux assistants : Zanna (Jane Caldwell), la fille de Zimmer qui tombera bientôt dans les bras du bel américain, et Benjamin (Michael Della Femina), qui sera accidentellement exposé à des radiations et commencera à devenir invisible. Désireux de récupérer le robot pour ses propres projets, Drago casse tout, se retrouve défiguré par les rayons de cristaux qu’il voulait voler puis part se réfugier dans le sous-sol d’une maison isolée, comme s’il se prenait pour le Fantôme de l’Opéra.

Cyborg m’était conté

Mandroid s’efforce donc de mêler un argument de science-fiction post-Robocop (même si son androïde ressemble plus à un « metal hero » japonais des années 80 qu’à un émule du cyborg de Paul Verhoeven) avec les codes du cinéma d’épouvante à l’ancienne. D’où les éclairages gothiques, voire expressionnistes, qui accompagnent les méfaits de Drago, lequel finit par s’assurer les services d’un assistant muet et contrefait qui n’aurait pas dépareillé dans un Frankenstein d’Universal. Rien n’est à prendre au sérieux dans ce film qui joue pourtant la carte du premier degré imperturbable, sis dans une Europe de l’Est caricaturale digne du Top Secret des ZAZ où la population est majoritairement constituée de militaires habillés comme dans les années 40 et de vagabonds simples d’esprit. Engoncé dans la combinaison en plastique de Mandroid conçue par Michael Deak et l’équipe d’Alchemy FX, Jake McKinnon fait ce qu’il peut pour sembler crédible, au beau milieu d’un climax extrêmement riche en fusillades et en impacts de balles. Pas très dynamique ni vraiment palpitant, Mandroid rattrape ses faiblesses par son grain de folie et s’achève sur un cliffhanger annonçant une suite tournée dans la foulée : Invisible, les aventures de Benjamin Knight.

 

(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso


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