Ne cherchez plus : voilà sans doute le pire de tous les opus engendrés par la franchise Hellraiser, écrit, tourné et joué n’importe comment…
HELLRAISER REVELATIONS
2011 – USA
Réalisé par Victor Garcia
Avec Steven Brand, Jay Gillespie, Tracey Fairaway, Sebastien Roberts, Stephan Smith Collins, Devon Sorvari, Sanny van Heteren, Jolene Andersen
THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA HELLRAISER
Ceux qui pensaient avoir touché le fond avec Hellraiser : Hellworld ne se doutaient pas que le pire restait à venir. Les frères Weinstein préparaient pourtant depuis longtemps la mise en chantier d’un remake ambitieux du premier film de la saga. Mais ce projet nécessitait des mois dont les producteurs ne disposaient pas. En effet, il leur était indispensable de lancer un nouvel opus en un temps record sous peine de perdre les droits de la franchise. Exit donc le remake, place à Hellraiser Révélations, une huitième séquelle expédiée en trois semaine seulement, tournage compris ! Le scénario, écrit à la va-vite par le spécialiste des maquillages spéciaux Gary J. Tunnicliffe, est aussitôt envoyé à l’acteur Doug Bradley dans l’espoir de le voir reprendre une nouvelle fois le rôle de Pinhead. « L’encre du scénario est à peine sèche et voilà qu’ils prévoient de démarrer le tournage dans deux semaines puis de distribuer le film un mois plus tard ! », raconte-t-il à l’époque. « Le calendrier de tournage est minuscule, le budget aussi. Franchement, il ne me semble pas qu’il s’agisse d’une tentative sérieuse de faire revivre la franchise Hellraiser » (1). Bradley passe donc son tour. Il sera remplacé par Stephan Smith Collins (pour le visage) et Fred Tatasciore (pour la voix). La mise en scène est confiée à Victor Garcia, signataire des peu mémorables Retour à la maison de l’horreur, Arctic Predator et Mirrors 2. Charge à lui d’emballer ce neuvième Hellraiser en onze jours de tournage.
Les premières minutes du film nous laissent imaginer que nous avons affaire à un « found footage » de la pire espèce : caméra hystérique qui bouge dans tous les sens, image floue et surexposée… Les choses se calment par la suite, l’aspect « reportage vidéo » devenant plus anecdotique, sans pour autant que la mise en forme d’Hellraiser Révélations n’en soit grandement améliorée. La caméra continue d’avoir régulièrement la bougeotte et à s’agiter d’un personnage à l’autre. À se demander si le film n’est pas sponsorisé par Doliprane ! Deux étudiants américains qui se nomment Nico Bradley et Steven Craven (hommage très subtil à Doug Bradley et Wes Craven, bien sûr) partent au Mexique pour faire la fête pendant plusieurs jours mais disparaissent sans laisser de trace. Les autorités mexicaines remettent à leurs parents les affaires qu’ils ont retrouvées, notamment un enregistrement vidéo qui documente leurs derniers instants et un étrange casse-tête en forme de cube. Un an plus tard, les familles des deux disparus se retrouvent pour un dîner…
« S’ils prétendent qu’il vient de l’esprit de Clive Barker, c’est un mensonge ! »
A partir de là, le film prend la tournure d’un huis-clos entre quatre murs, sorte de Vaudeville pseudo-horrifique dans lequel viennent s’intercaler des flashbacks narrant la rencontre des deux amis avec Pinhead. Sous les prothèses et les épingles du Cénobite, Stephan Smith Collins a bien du mal à nous faire oublier Doug Bradley, son visage rondouillard et ses grimaces excessives s’accordant bien mal avec le personnage iconique que nous connaissons. Mais c’est surtout l’ineptie du scénario, la lourdeur de ses péripéties et la transparence de ses personnages qui placent immédiatement Hellraiser Révélations en première place sur le podium de l’opus le plus calamiteux jamais engendré par cette franchise qui, pourtant, ne manque pas d’épisodes médiocres. Quelques éclaboussures gore (assurées par Gary J. Tunnicliffe et son équipe), un peu d’érotisme et un soupçon d’inceste s’efforcent en vain de dynamiser ce film pesant et laborieux sorti directement en DVD en octobre 2011 après une seule séance de cinéma – en réalité une projection pour l’équipe ouverte au public. En découvrant l’ampleur du massacre – et surtout son nom au générique et sur les jaquettes -, Clive Barker oubliera toute retenue en publiant un message mémorable sur Twitter en août 2011. « Je tiens à préciser que je n’ai rien à voir avec cette saloperie ! » écrit-il. « S’ils prétendent qu’il vient de l’esprit de Clive Barker, c’est un mensonge. Ça ne vient même pas de mon trou du cul ! » Car Clive Barker sait être poète, parfois.
(1) Extrait d’un entretien paru dans « Dread Central » en août 2010
© Gilles Penso
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