Les protagonistes de From Beyond et de Re-Animator entremêlent leurs destins dans cette relecture modernisée des écrits de Lovecraft…
BEYOND THE RESONATOR
2022 – USA
Réalisé par William Butler
Avec Josh Cole, Dane Oliver, Christina Hélène Braa, Amanda Jones, Chase Howard, Victoria Monai Richards, Nate Blair, Mabel Thomas, Michael Paré
THEMA MONDES PARALLÈLES I DIABLE ET DÉMONS I MÉDECINE EN FOLIE I ZOMBIES I SAGA RE-ANIMATOR I CHARLES BAND
Beyond the Resonator est la suite directe de The Resonator – Miskatonic U et en reprend le même principe. Comme son prédécesseur, ce film est donc le fruit du remontage de deux épisodes de la web série The Resonator, en l’occurrence le deuxième (« The Rise of Katthogra ») et le troisième (« Herbert West Returns »). Si le film précédent était une sorte de remake rajeuni et modernisé de From Beyond, celui-ci consacre une grande partie de son intrigue à revisiter le scénario de Re-Animator. Les deux étudiants apprenti-sorciers Crawford Tillinghast et Herbert West fréquentent ici la même université et pratiquent leurs expériences douteuses simultanément à deux endroits différents du campus. Ce part pris permet d’entremêler leurs histoires, de rendre un double hommage à Stuart Gordon (qui fut le metteur en scène des deux longs-métrages servant ici d’inspiration majeure au script) et de créer une sorte de « Miskatonic Cinematic Universe » (pour reprendre les termes du critique Mitch Lovell). On sait Charles Band grand amateur des comics Marvel et de leur propension à faire s’entrecroiser leurs personnages d’un épisode à l’autre. Si Spider-Man et Iron Man peuvent partager des aventures en commun, pourquoi pas Tillinghast et West ?
Suite aux expérimentations réalisées dans le film précédent avec le « resonator », les étudiants exposés à la machine sont en proie à des visions très inquiétantes. Le plus perturbé d’entre eux est Brandon (incarné ici par Nate Blair, alors que le rôle était précédemment tenu par Austin Woods) qui, un soir de grande panique, se donne la mort. Tillinghast lui-même voit apparaître son défunt père qui lui fait une annonce bien peu rassurante : non content d’avoir ouvert la porte vers des univers parallèles, le « resonator » menace de laisser débarquer Katthogra, un démon femelle ancestral et redoutable. Pendant ce temps, Herbert West emménage dans un logement universitaire, au grand dam de son colocataire qui regarde d’un mauvais œil cet étudiant austère, antipathique et rigide. West installe son laboratoire dans la cave de l’appartement et commence à mener des expériences contre-nature qui consistent à ramener les morts à la vie. Après quelques tests non concluants avec une araignée et un marsupial, il décide de passer à la vitesse supérieure en utilisant des cadavres humains fraîchement recueillis à la morgue…
Lovecraft en folie
Moins soigné visuellement que The Resonator – Miskatonic U, Beyond the Resonator accuse un peu plus cruellement son manque de moyens. William Butler s’efforce malgré tout de faire fi des restrictions budgétaires pour multiplier les idées folles et les séquences extrêmes, notamment l’apparition d’un homme dont le visage n’est plus qu’un trou béant, le surgissement d’une sorte d’araignée géante pourpre et grimaçante ou encore – cerise sur le gâteau – l’attaque d’un koala zombie qui finit par exploser ! Les maladresses de la mise en scène et les limitations techniques gâchent un peu la fête, mais on apprécie l’ambition de ce film composite et son grain de folie. Les créatures et les nombreux effets gore liés aux expériences de West (notamment quelques morceaux de cadavres particulièrement gluants) sont l’œuvre de Greg Lightner (Corona Zombies, Baby Oopsie, Doktor Death). La vraie bonne surprise du film provient de la prestation de Josh Cole. Le jeune acteur campe un Herbert West d’autant plus réussi que la prestation de Jeffrey Combs, encore dans toutes les mémoires, reste insurpassable. Cole ne cherche pas à combattre dans la même catégorie que son prédécesseur mais nous offre une réinterprétation très honorable du savant fou et tire son épingle du jeu. Il domine d’ailleurs allègrement le reste du casting, beaucoup plus fade que lui. Le final est un cliffhanger préparant l’ultime opus de cette saga délirante : Curse of the Re-Animator.
© Gilles Penso
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