TERREUR (2009)

Des étudiants en cinéma décident de tourner un documentaire dans lequel les participants décrivent leurs peurs les plus intimes…

DREAD

 

2009 – USA

 

Réalisé par Anthony di Blasi

 

Avec Jackson Rathbone, Shaun Evans, Hanne Steen, Laura Donnelly, Jonathan Readwin, Vivian Grau

 

THEMA TUEURS I CINÉMA ET TÉLÉVISION

« Terreur » est l’une des nombreuses nouvelles horrifiques écrites par Clive Barker dans le cadre de son recueil en plusieurs tomes baptisé « Livres de Sang », mais elle y tient une place à part. D’abord parce qu’elle est la seule à ne contenir aucun élément surnaturel, ensuite parce que l’auteur la considère comme l’un de ses travaux les plus personnels. Ses fréquentations universitaires et la surdité passagère dont il souffrit pendant l’enfance semèrent les graines de ce récit torturé. Le projet d’adaptation de cette nouvelle, écrite en 1984, commence à se développer au sein de la 20th Century Fox, mais en réalité aucun grand studio ne peut assumer une telle histoire sans en édulcorer le propos. Car le récit est sombre, dur, très violent psychologiquement. C’était à prévoir, la Fox finit par jeter l’éponge. Le film aurait pu ne jamais voir le jour si les compagnies Matador Pictures et Seraphim Films n’en avaient pas récupéré les droits. Terreur se concrétise donc en 2009 avec Anthony di Blasi qui effectue là ses premiers pas de réalisateur. Cela dit, notre homme est déjà familier avec l’univers de Clive Barker puisqu’il a produit Le Fléau de Hal Masonberg, The Midnight Meat Train de Ryhuei Kitamura et Livre de sang de John Harrison.

Stephen Grace (Jackson Rathbone, le Jasper de la saga Twilight) est un étudiant en cinéma marginal encore profondément marqué par la perte de son frère dans un accident de voiture. Sur le campus, il se lie d’amitié avec Quaid (Shaun Evans, vu dans Cashback) qui lui-même fait des cauchemars épouvantables depuis la mort de ses parents survenue quand il avait six ans. Tous deux décident d’effectuer des recherches sur les peurs et les phobies de chacun. Stephen y voit la possibilité de développer une thèse originale pour l’université et invite son amie Cheryl (Hanne Steen) à travailler avec eux.  Petit à petit, ce projet de documentaire commence à prendre forme. L’une des collègues de Stephen, Abby (Laura Donnelly), qui travaille avec lui à la bibliothèque, accepte ainsi de témoigner sur ses terreurs intimes et sur un complexe lié à son apparence (la moitié de son corps est recouverte par une immense tache de naissance). Mais bientôt, les choses commencent à échapper à tout contrôle. Confrontés aux choses qu’ils redoutent le plus, les participants vont basculer dans le cauchemar et l’expérience va se terminer dans un bain de sang…

« Si on ne cherche pas la bête, tôt ou tard elle nous trouvera »

Terreur est un film qui instille un malaise profond et durable sans recourir aux effets traditionnels du cinéma d’horreur. Clive Barker et Anthony di Blasi nous démontrent ainsi qu’il n’est pas nécessaire de recourir à des hectolitres de sang – comme dans la saga Saw qui en est alors à son sixième opus – pour décrire la souffrance humaine. Les excellents acteurs, l’ambiance oppressante, la mise en scène millimétrée, la photographie, la bande son, tout finit par remuer les tripes des spectateurs qui sentent bien que les choses ne vont aller qu’en empirant. Certaines séquences clés poussent le curseur très loin, comme le flash-back éprouvant au cours duquel la famille de Quaid est massacrée par un tueur armé d’une hache, ou ce climax d’autant plus terrifiant qu’aucun effet spécial, aucune torture physique, aucune goutte d’hémoglobine ne s’y déploie. Tout se passe dans le hors-champ et le non-dit. « Si on ne cherche pas la bête, tôt ou tard, la bête nous trouvera » finira par dire Quaid pour décrire le monstre qui sommeille en chacun de nous. Terreur n’est certes pas la plus célèbre des adaptations de Barker, mais elle mérite sans conteste de figurer parmi les plus marquantes.

 

© Gilles Penso


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