Ce film concocté par Marvel et Disney rend hommage aux Universal Monsters et offre à Michael Giacchino sa première réalisation…
WEREWOLF BY NIGHT
2022 – USA
Réalisé par Michael Giacchino
Avec Gael Garcia Bernal, Laura Donnelly, Harriet Sansom Harris, Kirk R. Thatcher, Eugenie Bondurant, Leonardo Nam, Daniel J. Watts, Al Hamacher
THEMA LOUPS-GAROUS I SAGA MARVEL CINEMATIC UNIVERSE
Au début des années 70, la très sévère censure du Comics Code se relâche et permet aux éditeurs d’élargir le champ des possibles. Avec à sa tête un nouveau rédacteur en chef, le jeune Roy Thomas adoubé par Stan Lee, Marvel en profite pour lancer de nouveaux titres ouvertement orientés vers l’horreur comme « The Tomb of Dracula », « Monster of Frankenstein » et « Werewolf By Night ». Ce dernier, écrit par Gerry Conway et dessiné par Mike Ploog, connaît un joli succès auprès du lectorat amateur de frissons. Un projet d’adaptation à l’écran des aventures de cet anti-héros lycanthrope s’esquisse en 2001, mais il faudra attendre la mise en place du Marvel Cinematic Universe pour rendre la chose possible. Il ne s’agira ni d’un long-métrage pour le cinéma, ni d’une série TV, mais d’un téléfilm spécial conçu pour alimenter les grilles de Disney + pendant la période d’Halloween. Le scénario est co-signé Heather Quinn (Hawkeye) et Peter Cameron (Wandavision, Moon Knight) tandis que la réalisation échoit à Michael Giacchino. Le talentueux compositeur (Alias, Les Indestructibles, Mission impossible III, Ratatouille, Speed Racer, Là-haut, Super 8, Jurassic World, Doctor Strange, Rogue One) ajoute ainsi une corde à son arc en occupant pour la première fois le poste de metteur en scène.
Dès les premières secondes, Werewolf By Night assume l’influence des films d’épouvante des années 30 – en particulier les Universal Monsters – auxquels il tient à rendre hommage à travers sa photographie en noir et blanc, ses maquillages volontiers blafards et ses décors expressionnistes. À l’avenant, la bande originale – composée aussi par Giacchino – joue la carte de la référence, dénaturant d’emblée la fameuse fanfare d’introduction de Marvel sous un jour gothique (un peu à la manière de Danny Elfman sur le logo de Walt Disney pour Frankenweenie). Un texte introductif nous apprend qu’après la mort d’Ulysse Bloodstone, cinq chasseurs de monstres expérimentés ont été convoqués par la veuve du défunt dans un sinistre manoir. Pour décider lequel d’entre eux sera le nouveau chef et pourra acquérir la puissante pierre de sang, tous sont invités à participer à une chasse dans un grand labyrinthe. Celui qui parviendra à éliminer le redoutable monstre qui s’y cache sera déclaré vainqueur. Mais certains des chasseurs cachent bien leur jeu…
Old school
Werewolf By Night remplit parfaitement son contrat sans jamais chercher à placer ses ambitions au-delà de celle d’un film concept récréatif qui se suffit à lui-même – indépendamment du reste de l’univers Marvel même s’il en fait officiellement partie – et en alternant équitablement le suspense, l’humour et l’horreur graphique. Certes, il ne s’agit pas de basculer dans le gore (nous sommes chez Disney tout de même) mais le sang coule généreusement tandis que le look du monstre vedette (un maquillage très réussi œuvre de l’atelier KNB) rend visiblement hommage à celui conçu en 1935 par Jack Pierce pour Le Monstre de Londres. Au fil des multiples rebondissements de cette intrigue de train fantôme volontairement excessive surgit une autre créature très iconique issue de l’écurie Marvel – que nous laisserons ici dans l’ombre pour ceux qui n’ont pas encore vu le film. Jouant habilement avec quelques touches de couleurs qui surgissaent au sein de sa photographie noir et blanc (principalement pour visualiser les pouvoirs magiques de la pierre de sang), Werewolf By Night existe aussi dans une version en couleurs qui troque l’influence d’Universal contre celle des films d’épouvante de la Hammer.
© Gilles Penso
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