MEGA SCORPIONS (2003)

À cause de déchets toxiques entreposés sur un terrain en construction, des scorpions mutent jusqu’à se transformer en monstres géants…

DEADLY STINGERS / MEGA SCORPIONS

 

2003 – USA

 

Réalisé par J.R. Bookwalter

 

Avec Nicolas Read, Marcella Laasch, Sewell Whitney, Sarah Megan White, John Henry Richardson, Stephen O’Mahoney, Trent Haaga, Lilith Stabs, Brinke Stevens

 

THEMA INSECTES ET INVERTÉBRÉS I SAGA CHARLES BAND

Au début des années 2000, le studio 20th Century Fox est à la recherche de petits films de genre pour alimenter son réseau de distribution vidéo et pense à Charles Band, grand spécialiste en ce domaine via sa compagnie Full Moon. Band, qui avait conclu un accord similaire avec Paramount, saute à pieds joints sur l’occasion et demande au scénariste C. Courtney Joyner de se mettre au travail. Ainsi naît le projet Stingers, rebaptisé Deadly Stingers, avec l’idée manifeste de remettre au goût du jour les films de monstres géants des années 50 tels que Des monstres attaquent la ville, Tarantula ou Le Scorpion noir. La Fox donne son feu vert et le scénario est retravaillé par J.R. Bookwalter, qui hérite de la mise en scène. Bookwalter est habitué aux productions Full Moon (il a dirigé Witchouse 2 et 3 et produit de nombreux films pour la compagnie), mais les conditions dans lesquelles se tourne Deadly Stingers (avec un budget d’environ 150 000 dollars) l’épuisent physiquement et nerveusement. « Je me suis retrouvé avec un scénario qui était beaucoup trop ambitieux par rapport au budget », raconte-t-il. « Il n’y avait pas assez d’argent, et je savais que les marionnettes de scorpions ne fonctionneraient jamais. Nous avons redoublé d’efforts sur le plateau pour essayer de les éclairer et de les cadrer en espérant qu’elles fonctionnent, mais c’était du temps perdu. Les graphistes ont donc fini par créer des plans qui n’existaient pas, et maintenant il y a peut-être dix plans de la marionnette et le reste est en images de synthèse ! » (1)

Le prologue du film nous montre des hommes en tenue antiradiations qui balancent des barils de déchets toxiques sur le site immobilier d’une petite bourgade américaine. À cause de ces dépôts illicites effectués depuis des années avec la bénédiction du maire corrompu de la ville (Jay Richardson), les scorpions commencent à muter jusqu’à atteindre des proportions alarmantes. La jeune Joey (Sarah Megan White) est ainsi témoin de la mort d’un camarade, réduit en charpie par l’un de ces arthropodes géants. Mais sa sœur aînée Alice (Marcella Laasch), qui dirige un centre de réinsertion pour jeunes en liberté conditionnelle, trouve son témoignage incohérent. Le shérif local n’y accorde pas beaucoup plus de crédit. Alors que les massacres se multiplient dans la ville, les résidents du centre de réinsertion vont devoir se serrer les coudes pour affronter les monstres de plus en plus nombreux et de plus en plus virulents…

Venin de jardin

Sans être honteux, le film accuse hélas sans cesse la faiblesse de ses moyens et semble avoir été tourné dans les maisons et le jardin de l’équipe. Les scorpions apparaissent furtivement, même si les images de synthèse fonctionnent plutôt bien (avec un petit côté saccadé qui leur donne presque les allures d’une animation en stop-motion, comme ceux d’Oblivion qui apparaissent ici dans un extrait vu à la télé). Le reste du temps, nous n’avons droit qu’à de brefs inserts d’une queue qui s’agite, de pinces ou de mandibules. Bookwalter se rattrape avec des effets gore bien saignants pour décrire les méfaits de ses créatures dont la vue subjective, sous forme de sept facettes hexagonales, s’inspire de toute évidence de La Mouche noire. Cela dit, même avec la meilleure volonté du monde, on imagine mal comment de telles bêtes sont capables d’entrer dans les maisons ou les coffres de voiture sans se faire remarquer. Ce n’est pas la moindre faiblesse d’un scénario qui assure le service minimum, cherchant pourtant à fouiller un peu ses personnages (l’ancien détective accusé du meurtre de sa femme, le junkie paranoïaque hanté par des « démons ») sans vraiment y parvenir. Le manque de conviction des acteurs ne facilite pas les choses. Face au résultat, le studio Fox déchante et décide de ne pas exploiter le film, qui reste donc dans un tiroir. Deadly Stingers atterrira finalement sur la plateforme de streaming de Full Moon sous un titre jugé plus accrocheur : Mega Scorpions. J.R. Bookwalter, lui, décidera d’arrêter là sa collaboration avec Charles Band.


(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)

 

© Gilles Penso

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