

Un chasseur de vampires affronte la redoutable Morella, capable de transformer les humains en créatures miniatures…
DECADENT EVIL
2005 – USA
Réalisé par Charles Band
Avec Debra Mayer, Jill Michelle, Phil Fondacaro, Raelyn Hennessee, Daniel Lennox, Roger Toussaint, April Gilbert, John F. Schaeffer, Harmony Rose, Jessie K. Walters
THEMA VAMPIRES I SAGA CHARLES BAND
Soucieux de renouveler son catalogue en perte de vitesse et de retrouver un peu de sa gloire d’antan, le producteur Charles Band décide en 2005 de réunir les ingrédients de plusieurs de ses films précédents. Les vampires et les poupées ayant généreusement alimenté deux de ses franchises les plus fructueuses – Subspecies et Puppet Master -, pourquoi ne pas les fusionner au sein d’un film qu’il réaliserait lui-même ? Reprenant l’idée d’un club de strip-tease abritant des suceuses de sang (déjà exploité dans Cryptz), sollicitant l’un de ses acteurs fétiches Phil Fondacaro (Ghoulies 2, Dollman vs. Demonic Toys, Meridian, The Creeps, Blood Dolls, Sideshow) et saupoudrant le tout d’une bonne dose d’érotisme déviant, Band pense avoir trouvé la formule idéale. Ainsi naît Decadent Evil, premier d’une série de petits films fantastiques présentés sous le label Wizard Video. Pas question pour autant de dépenser le moindre centime superflu. Band joue donc la carte de l’économie, bouclant son tournage en six jours dans un nombre limité de décors et recyclant des images issues de son propre fonds. Les dix premières minutes de Decadent Evil sont donc un remontage de Journal intime d’un vampire. Cette version accélérée du film de Ted Nicolaou, au cours de laquelle les vampires Ash et Zachary s’affrontent pour les beaux yeux d’une pianiste, fait ainsi office de prologue.


Cette méthode de « reconditionnement » permet à Decadent Evil de prendre les allures d’une sorte de spin-off bizarre de Journal intime d’un vampire. La voix off nous apprend qu’Ash a contaminé plusieurs personnes avant de trépasser. Or Morella (Debra Mayer), qu’il mua jadis en créature de la nuit, décide de devenir le vampire le plus puissant de tous les temps en buvant le sang de sa dix-millième victime. Ses pouvoirs déjà immenses lui permettent de transformer les humains en homuncules monstrueux, sortes de créatures primitives mi-hommes mi-reptiles. C’est dans cet état qu’elle conserve au fond d’une cage Marvin, l’un de ses anciens amants. Les deux jeunes femmes aux canines pointues qui vivent avec Morella dans son grand manoir, Spyce (Raelyn Hennessee) et Sugar (Jill Michelle), travaillent dans un club de strip-tease où elles rabattent de nombreuses victimes. Mais les choses se compliquent dans la mesure où Sugar est tombée amoureuse d’un mortel à qui elle n’ose dire son secret. C’est là qu’intervient Ivan (Phil Fondacaro), un chasseur de vampires bien décidé à mettre Morella hors d’état de nuire…
Cherchez la petite bête
Sorte de variante dégénérée des petits monstres de Ghoulies, enfant illégitime des jouets mortels de Puppet Master et des minions de Subspecies, Marvin aurait dû être l’attraction principale de ce film de vampires à l’intrigue par ailleurs très classique. Mais cette créature conçue par Christopher Bergschneider (qui lui prête aussi sa voix) ressemble à l’écran à ce qu’elle est, c’est-à-dire une marionnette en plastique animée de manière très sommaire, et n’a finalement pas grand-chose à faire sinon gémir derrière ses barreaux. Ce qui ne l’empêche pas d’intervenir dans les deux scènes les plus délirantes de Decadent Evil : celle où elle rampe sur le corps d’une femme à moitié nue, attachée dans un lit, et l’impensable plan final du film qui dépasse toutes les audaces (nous donnant presque un avant-goût de ce que Trey Parker osera dans Team America). « Visiblement, Charles Band a un penchant personnel pour les monstres minuscules », commente Bergschneider. « Mais qui suis-je pour refuser l’opportunité de voir mes designs se transformer en jouets et en produits dérivés ? » (1) Car Marvin, comme les Puppet Masters et les Demonic Toys, sera commercialisé sous forme de poupée collector après la distribution du film. Comme toujours chez Band, rien ne se perd, tout se recycle. Le film réutilise d’ailleurs plusieurs plans aériens « empruntés » à Shrunken Heads pour rallonger un peu la sauce, ce qui lui permet tout juste de dépasser la durée de 65 minutes.
(1) Propos extraits du livre « It Came From the Video Aisle ! » (2017)
© Gilles Penso
À découvrir dans le même genre…
Partagez cet article