CANDYMAN 2 (1995)

Le tueur au crochet et au corps empli d’abeilles est de retour, sévissant désormais en plein carnaval à la Nouvelle Orléans…

CANDYMAN : FAREWELL TO THE FLESH

 

1995 – USA

 

Réalisé par Bill Condon

 

Avec Kelly Rowan, Tony Todd, Veronica Cartwright, Bill Nunn, William O’Leary, Matt Clark, Randy Oglesby, Glen Gomez, Russell Buchanan, Timothy Carhart

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS SAGA CANDYMAN

Énorme succès au moment de sa sortie en salles, Candyman ne pouvait pas décemment rester sans suite. Alors que les producteurs couvent déjà d’un œil gourmand la franchise qui pourrait en découler, le réalisateur Bernard Rose imagine d’autres épisodes qui continueraient à explorer la nature des mythes d’horreur urbaine, sans référence au personnage incarné par Tony Todd. Évidemment, le studio ne veut rien entendre. Pas question de réitérer ce que John Carpenter avait tenté avec Halloween 3. Leur croquemitaine doit être la vedette de la saga. Rose révise alors sa copie, sans succès. « La suite que Bernard voulait faire était un prequel où l’on voyait le Candyman et Helen tomber amoureux », raconte l’actrice Virginia Madsen. « Le projet a été refusé parce que le studio ne voulait pas d’une histoire d’amour interraciale. » (1) Exit donc Bernard Rose, qui passe la main à Rand Ravich et Mark Kruger pour l’écriture du scénario. « Ils ont fait du Candyman un esclave, ce qui était terrible parce que ce personnage a été éduqué et élevé comme un homme libre », se plaint Madsen. « Bernard voulait en faire un Dracula afro-américain, ce qui, je pense, a beaucoup plu à la communauté afro-américaine. Candyman était poète et intelligent. Ce n’était pas vraiment un monstre. C’était une sorte de figure classique. » (2) Mais les scénaristes et les producteurs en décident autrement.

C’est Bill Condon qui prend le relais de Bernard Rose. Extrêmement éclectique, ce réalisateur a touché à tout : le drame horrifique (Sister Sister), le biopic (Gods and Monsters), la comédie musicale (Dreamgirls), le conte de fées (La Belle et la Bête), le film de vampires pour ados (Twilight 4 et Twilight 5). Alors pourquoi pas Candyman 2 ? Cette suite se déroule trois ans après les faits dramatiques survenus à Chicago et racontés dans le premier film. À la Nouvelle Orléans, le professeur Philip Purcell (Michael Culkin) donne une conférence sur le mythe de Candyman. Nous y apprenons que Daniel Robitaille, fils d’un esclave, fut lynché par la foule, mutilé et donné en pâture aux abeilles. Mais le pouvoir de celles-ci le ressuscita d’entre les morts. Pour prouver à l’assistance qu’il ne croit pas au mythe, le conférencier prononce cinq fois son nom devant son propre reflet et organise même un bref canular au cours duquel un de ses assistants l’attaque avec un crochet. On soupire, on rit, on se réconforte en se disant que toute cette histoire n’est que le fruit de racontars superstitieux. Évidemment, la suite va nous prouver que non…

Au pays de Candy

Si Tony Todd est toujours aussi impressionnant sous la défroque du croquemitaine, l’héroïne campée par Kelly Rowan (une enseignante qui mène l’enquête après que son frère ait été accusé de meurtre) manque singulièrement de charisme et d’expressivité. Le seul visage familier du casting, au-delà de Todd, est Veronica Cartwright (Les Oiseaux, Alien), qui campe la mère de la jeune femme (et que Bill Condon avait dirigé dans le téléfilm Dead in the Water). Certes, le film profite de l’ambiance du carnaval pour multiplier les images baroques et excessives, tout en jouant le jeu du faux semblant (le vrai monstre se cache parmi les faux), la musique de Philip Glass est toujours aussi envoûtante et l’équipe des décorateurs a fait du bon boulot dans l’ancienne maison de l’héroïne, désormais abandonnée et couverte de peintures sinistres. Mais cette suite ne raconte rien de très intéressant et s’encombre d’une mise en scène qui sacrifie à tous les lieux communs. On ne compte plus le nombre de « jump scares » qui ponctuent le film (un touriste déguisé qui se colle à une vitrine, le petit ami qui entre brutalement dans le champ, un corbeau qui coasse, un SDF qui surgit dans le cadre, une main posée sur une épaule). Nous ne sommes pas loin de la parodie involontaire. Bref, Candyman 2 passe le plus clair de son temps à démontrer son inutilité, exercice dans lequel Candyman 3 excellera tout autant.

 

(1) et (2) Extraits d’une interview publiée dans Horror News Network en décembre 2012

 

© Gilles Penso

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