

Dans ce petit film d’horreur parfaitement improbable, un jeune couple est menacé dans son appartement par un frigo démoniaque !
THE REFRIGERATOR
1991 – USA
Réalisé par Nicholas Jacobs
Avec Julia McNeal, Dave Sidmonds, Phyllis Sanz, Angel Caban, Nena Segal, Jaime Rojo, Alex Trisano, Peter Justinus, Karen Wexler, Michael Beltran, Jack Mason
THEMA OBJETS VIVANTS
Après avoir travaillé pour la télévision et avoir assuré le poste de second assistant réalisateur sur la chronique newyorkaise Clins d’œil sur un adieu de Bill Sherwood (avec un tout jeune Steve Buscemi), Nicholas Jacobs décide d’écrire et mettre en scène son premier long-métrage, un film d’horreur insolite consacré à un réfrigérateur démoniaque ! Le projet n’est pas simple à monter financièrement, on s’en doute, et si la première version du script est écrite en 1987, le film ne se concrétise que quatre ans plus tard. Jacobs le tourne à New York avec un budget anémique de 500 000 dollars. La production ayant décidé de ne pas soumettre The Refrigerator à la commission de la MPAA (Motion Pictures Association of America) qui est chargée de classifier les œuvres cinématographiques aux États-Unis, le réalisateur n’est bridé par aucune censure et peut se permettre tous les excès gore sans contrainte. Mais en contrepartie, le film sort directement en vidéo (après quelques projections isolées en festival), n’a qu’une exploitation très limitée et disparait rapidement de la circulation. Jacobs lui-même ne réalisera plus tard qu’un autre long-métrage, la satire militaire Weapons of Mass Destruction, et quelques épisodes de séries TV.


Steve et Eileen Bateman (Dave Sidmonds et Julia McNeal), deux jeunes mariés originaires de Chagrin Falls, Ohio, emménagent à New York dans un petit appartement meublé, attirés par son loyer étonnamment bas. Au cœur de leur nouvelle cuisine trône un immense réfrigérateur par lequel le malheur ne va pas tarder à arriver. Tandis que Steve débute un nouveau travail et qu’Eileen rêve d’une carrière d’actrice, d’étranges événements commencent à troubler leur quotidien. Un soir, après une virée arrosée, un couple anonyme pénètre ainsi dans l’appartement et fait l’amour devant la cuisine. Soudain, la femme est aspirée par le réfrigérateur et disparaît sans laisser de trace. Peu à peu, le frigo démoniaque hante les nuits de Steve et Eileen sous forme de cauchemars bizarres, l’atmosphère devient de plus en plus pesante, la relation du couple se détériore et Steve sombre lentement dans la folie. C’est alors que surgit Juan (Angel Caban), un plombier excentrique qui avertit Eileen : selon lui, ce réfrigérateur est un portail vers l’enfer, contrôlé par le diable lui-même…
Cauchemar en cuisine
The Refrigerator ne sait manifestement pas sur quel pied danser. Partagé entre l’envie d’être une comédie et un film d’horreur, il ne fait ni vraiment rire ni particulièrement peur. Certes, la vision impensable de ce frigo géant qui se déplace dans l’appartement pour attaquer les gens et engloutir ses victimes a quelque chose de joyeusement divertissant. Mais les séquences de mises à mort – qu’on aurait espéré excessives et originales – ne sont finalement que rares et frustrantes. On se rabat alors sur une poignée de séquences insolites, notamment les cauchemars du couple qui imagine toutes sortes de choses bizarres à l’intérieur du réfrigérateur (des gens minuscules au milieu des aliments, un bébé qui flotte dans du liquide amniotique). On se croirait presque chez David Lynch ! Dommage que ces écarts restent isolés, tout comme ce plongeon bref dans l’absurde au moment où le plombier bolivien incarné par Angel Caban (échappé de Troma’s War) se lance dans un flamenco endiablé. Le climax ne fait pas dans la demi-mesure, une fête organisée dans l’appartement virant au cauchemar lorsque le frigo se réveille et donne vie à tous les autres appareils de la cuisine (poubelle, ventilateur, mixeur) pour un joyeux carnage final. Bref, The Refrigerator n’exploite que très partiellement son potentiel mais ravira les amateurs de petites curiosités improbables.
© Gilles Penso
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