LA LAMPE (1987)

Un génie malfaisant s’échappe d’une lampe magique pour massacrer un groupe d’amis venus festoyer dans un musée d’histoires naturelles…

THE OUTING / THE LAMP

1987 – USA

Réalisé par Tom Daley

Avec Deborah Winters, James Huston, Andra St. Ivanyi, Scott Bankston, Red Mitchell, André Chimène, Damon Merrill

THEMA MILLE ET UNE NUITS I DIABLE ET DÉMONS

La Lampe est né d’un souvenir d’enfance du producteur Warren Chaney. « Je me rappelle d’un vieux livre de la collection McGuffey Reader que me lisait ma mère quand j’avais quatre ou cinq ans », raconte-t-il. « On y trouvait l’histoire d’Aladin et de sa lampe. Le dessin qui représentait le génie n’avait rien à voir avec l’image habituellement amicale avec laquelle nous sommes familiers. C’était une créature effrayante mi-humaine mi-animale. Tout est parti de là. » (1) Au milieu des années 80, Chaney tire de ce souvenir un scénario de long-métrage qu’il décide de produire. Son épouse Deborah Winters, non contente d’être productrice associée, jouera trois rôles dans le film : l’héroïne principale, une jeune femme arabe dans le prologue et une vieille femme recouverte de prothèses. Voilà qui démontre une belle implication. Il faut dire que La Lampe est produit de manière indépendante avec des moyens modestes. Tom Daley, réalisateur de clips et de spots publicitaires dont ce sera le premier et unique long-métrage, doit en effet se débrouiller avec un planning de moins de six semaines de tournage et un budget dépassant à peine les deux millions de dollars. Les prises de vues sont principalement réalisées au Texas, en particulier dans le musée des sciences naturelles de Houston mis à disposition de l’équipe ainsi qu’en studio pour certaines séquences.

En 1893, une jeune fille et sa mère embarquent clandestinement sur un navire en provenance du Moyen-Orient et à destination de Gavelston, Texas. Mais à bord, un mal ancestral sommeille. La mère, porteuse d’un mystérieux bracelet, se retrouve impuissante lorsqu’un djinn malveillant se déchaîne, massacrant l’équipage à tour de bras. Dans le chaos, sa fille parvient à s’enfuir, emportant avec elle le bracelet et une lampe en cuivre. Des décennies plus tard, un manoir isolé devient la cible de trois criminels. Leur victime, une femme âgée, tente de leur résister, mais elle est assassinée par l’un des intrus armé d’une hachette. Dans un coffre, ce dernier découvre une lampe ancienne, ignorant qu’en la touchant, il vient de libérer une force tapie depuis des siècles. Le djinn s’empare alors du cadavre de la vieille femme et élimine un à un les trois cambrioleurs. Lorsque la police découvre la scène du crime, les objets retrouvés – la lampe et le bracelet – sont envoyés au Musée des sciences naturelles de Houston pour être étudiés. Or un soir, la fille de l’archéologue du musée pénètre clandestinement dans les lieux avec ses amis, profitant de l’obscurité pour explorer les galeries désertes et y passer du bon temps. Entre squelettes de dinosaures et artefacts millénaires, l’excitation est à son comble. Mais leur insouciance va leur coûter cher : sans le savoir, ils viennent de réveiller le djinn…

Le génie du mal

Passé relativement inaperçu, à cause de sa production modeste et de son réseau de distribution limité, La Lampe est une surprise plutôt agréable. S’il n’évite pas quelques clichés visuels (fumigènes, caméras subjectives, yeux lumineux) et un certain nombre de maladresses, le film de Tom Daley est solidement mis en scène et parvient à jouer la carte de l’originalité. La première idée savoureuse est celle du génie malfaisant dans la lampe hérité des contes des mille et une nuits, qui nous surprend non seulement par son caractère monstrueux (en décalage avec l’imagerie traditionnelle) mais aussi par son intégration dans un contexte moderne. La seconde trouvaille est le lieu du drame dans lequel se déchaîneront les forces maléfiques : le fameux muséum d’histoire naturelle. Non seulement il constitue un décor pittoresque, mais en outre il permet une série de meurtres particulièrement surprenants. On retiendra en particulier les deux cobras qui sortent de leur bocal de formol pour attaquer une fille dans son bain ou encore le corps momifié qui se met à dévorer une malheureuse victime qui a le malheur de croiser son chemin. Le clou du spectacle est bien sûr le génie lui-même, monstre démoniaque très convaincant servi, comme le reste, par de remarquables effets spéciaux supervisés par Gabe Bartalos (Frère de Sang) et Jim Gill (Jason le mort-vivant). Sorti d’abord en salles en Grande-Bretagne sous le titre The Lamp, puis quelques mois plus tard sur le territoire américain avec une autre appellation (The Outing), le film existe dans deux versions légèrement différentes, celle distribuée aux États-Unis étant raccourcie de deux minutes.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans Fangoria (n°67)

 

© Gilles Penso

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